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Poésie

Posts Tagged ‘dédain’

Il se peut qu’un rêve étrange (Max Jacob)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2018



Illustration
    
Il se peut qu’un rêve étrange
Vous ait occupée ce soir,
Vous avez cru voir un ange
Et c’était votre miroir.

Dans sa fuite Eleonore
A défait ses longs cheveux
Pour dérober à l’aurore
Le doux objet de mes voeux.

A quelque mari fidèle
Il ne faudra plus penser.
Je suis amant, j’ai des ailes
Je vous apprends à voler.

Que la muse du mensonge
Apporte au bout de vos doigts
Ce dédain qui n’est qu’un songe
Du berger plus fier qu’un roi.

(Max Jacob)

 

Recueil: Le laboratoire central
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le Désir (Rémy Belleau)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2018



 

Arthur Braginsky   abab014xl

Le Désir

Celuy n’est pas heureux qui n’a ce qu’il desire,
Mais bien-heureux celuy qui ne desire pas
Ce qu’il n’a point : l’un sert de gracieux appas
Pour le contentement et l’autre est un martyre.

Desirer est tourment qui bruslant nous altere
Et met en passion ; donc ne desirer rien
Hors de nostre pouvoir, vivre content du sien
Ores qu’il fust petit, c’est fortune prospere.

Le Desir d’en avoir pousse la nef en proye
Du corsaire, des flots, des roches et des vents
Le Desir importun aux petits d’estre grands,
Hors du commun sentier bien souvent les dévoye.

L’un poussé de l’honneur par flateuse industrie
Desire ambitieux sa fortune avancer;
L’autre se voyant pauvre à fin d’en amasser
Trahist son Dieu, son Roy, son sang et sa patrie.

L’un pippé du Desir, seulement pour l’envie
Qu’il a de se gorger de quelque faux plaisir,
Enfin ne gaigne rien qu’un fascheux desplaisir,
Perdant son heur, son temps, et bien souvent la vie.

L’un pour se faire grand et redorer l’image
A sa triste fortune, espoind de ceste ardeur,
Souspire apres un vent qui le plonge en erreur,
Car le Desir n’est rien qu’un perilleux orage.

L’autre esclave d’Amour, desirant l’avantage
Qu’on espere en tirer, n’embrassant que le vent,
Loyer de ses travaux, est payé bien souvent
D’un refus, d’un dédain et d’un mauvais visage.

L’un plein d’ambition, desireux de parestre
Favori de son Roy, recherchant son bon-heur,
Avançant sa fortune, avance son malheur,
Pour avoir trop sondé le secret de son maistre.

Desirer est un mal, qui vain nous ensorcelle;
C’est heur que de jouir, et non pas d’esperer :
Embrasser l’incertain, et tousjours desirer
Est une passion qui nous met en cervelle.

Bref le Desir n’est rien qu’ombre et que pur mensonge,
Qui travaille nos sens d’un charme ambitieux,
Nous déguisant le faux pour le vray, qui nos yeux
Va trompant tout ainsi que l’image d’un songe.

(Rémy Belleau)

Illustration: Arthur Braginsky

 

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LA PLACE (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2018



Illustration: Paula Modersohn-Becker
    
LA PLACE

On entend sur la place les cris d’une femme
au soir de l’existence
seule avec sa chevelure
son dédain âpre et pur.
Des pâtres, des vachers
l’ont dans sa jeunesse embrassée.
Demeurent des plafonds noirs
des balcons historiés
faisant le tour de la place
et l’heureux conducteur
d’une voiture vide.

(Jean Follain)

 

Recueil: Des Heures
Traduction:
Editions: Gallimard

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Art poétique (Odilon-Jean Périer)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2018



Illustration
    
Art poétique

Je fis ce masque pour mes frères
Avec l’or que j’avais volé
(Dieu des chanteurs, ami sévère)
A ma vieille sincérité.

Que leurs dédains m’ont réjoui !

– Toute ma vie agenouillée.
Un dieu s’y est épanoui
Comme une rivière emportée.

On peut revivre ! On peut se taire…

Ô éternité sans recours
Selon ta flamme solitaire
Ma lyre a dit ce mot d’amour.

(Odilon-Jean Périer)

 

 

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Retouche à la gloire (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2017




    
retouche à la gloire

ivres des jeux du cirque
les heures assises sur les gradins du temps
dans le dédain des obléisques
guettent le heurt des chars l’éclat l’effondrement
le jour lèche un sable écarlate
la foule hurle un nom qui date

(Daniel Boulanger)

 

Recueil: Vestiaire des anges
Editions: Grasset

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L’art (Herman Melville)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2017



Illustration: Eugène Delacroix
    
L’art

En des moments sereins, heureux, nous rêvons
A nombre de beaux projets inincarnés.
Mais pour donner forme, créer de la vie qui palpite,
Que de choses dissemblables doivent se rencontrer et s’unir
Flamme pour fondre — vent pour geler ;
Patience affligée — énergies joyeuses ;
Humilité — mais orgueil et dédain ;
Intuition et savoir — amour et haine ;
Insolence — respect. Tout cela doit s’unir
Et se fondre avec le coeur mystique de Jacob,
Pour lutter contre l’ange — l’art.

(Herman Melville)

 

Recueil: L’Oeil du Poète Herman Melville
Traduction: Christophe Marchand-Kiss et Charles Cestre
Editions: Textuel

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Les feux du bivouac (Guillaume Apollinaire)

Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2016



 

Bivouac

Les feux du bivouac

Les feux mouvants du bivouac
Éclairent des formes de rêve
Et le songe dans l’entrelacs
Des branches lentement s’élève

Voici les dédains du regret
Tout écorché comme une fraise
Le souvenir et le secret
Dont il ne reste que la braise

(Guillaume Apollinaire)

Illustration

 

 

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Clotilde (Guillaume Apollinaire)

Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2016



 

Aristide Maillol    [1280x768]

Clotilde

L’anémone et l’ancolie
Ont poussé dans le jardin
Oh dort la mélancolie
Entre l’amour et le dédain

Il y vient aussi nos ombres
Que fa nuit dissipera
Le soleil qui les rend sombres
Avec elles disparaîtra

Les déités des eaux vives
Laissent couler leurs cheveux
Passe il faut que tu poursuives
Cette belle ombre que tu veux

Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s’écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine

(Guillaume Apollinaire)

Illustration: Aristide Maillol

 

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O ma jeunesse abandonnée (Guillaume Apollinaire)

Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2016



 

vieille guirlande

O ma jeunesse abandonnée

Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s’en vient la saison
Et des dédains et du soupçon

Le paysage est fait de toiles
Il coule un faux fleuve de sang
Et sous l’arbre fleuri d’étoiles
Un clown est l’unique passant

Un froid rayon poudroie et joue
Sur les décors et sur ta joue
Un coup de revolver un cri
Dans l’ombre un portrait a souri

La vitre du cadre est brisée
Un air qu’on ne peut définir
Hésite entre son et pensée
Entre avenir et souvenir

Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s’en vient la saison
Des regrets et de la raison

(Guillaume Apollinaire)

Illustration

 

 

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LA MENACE (Henri de Régnier)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2016



LA MENACE

Vous aimerez un jour peut-être ce visage
Qui vous plaît aujourd’hui
Par le trouble, le mal, l’angoisse et le ravage
Que vous faites en lui.
Car vous aurez alors pour l’œuvre de vos charmes
Un douloureux regret
Et ce temps vous verra maudire avec des larmes
Ce que vous aurez fait.
À ces yeux détournés, à cette bouche lasse,
Vous chercherez en vain
Que l’amer souvenir disparaisse et s’efface
De votre long dédain.
A moins que par orgueil, luttant contre vous-même
Vous vous disiez tout bas :
Que m’importe qu’il souffre et qu’il pleure et qu’il m’aime
Puisque je n’aime pas ?
Et, pour de cette image importune et morose
Éloigner votre esprit
Vous cueillerez l’odeur de la plus rouge rose
Que Juin gonfle et mûrit.
Vous penserez à vous et à votre jeunesse
Et à votre beauté.
À la langueur, à la couleur, à la tendresse
De ce beau ciel d’été.
À des pays lointains, à des villes lointaines
Au-delà de la mer.
À des palais, à des jardins, à des fontaines
Qui s’élèvent dans l’air.
Vous fermerez en vain sur ces beaux paysages
Vos yeux, et malgré vous
Vos yeux se rouvriront pour revoir ce visage
Qui vous sera plus doux,
Plus doux que le printemps et plus doux que l’automne,
Que la terre et le ciel,
Plus doux que cette lune ardente, courbe et jaune,
Couleur d’ambre et de miel

***

THE THREAT

Perhaps one day you will like this face
That pleases you today
For the trouble, the harm, the anguish and the havoc
You make in it.
For then you would have as the work of your charms
Painful regret
And this time will see you tearfully curse
What you have done.
From these eyes turned aside, from this tired mouth,
You will in vain try to make
The bitter memory disappear and fade away
Of your long disdain.
Unless through pride, struggling against yourself
You say under your breath:
What if he suffers and if he weeps and if he loves me
Since I do not love him?
And, from this importunate and gloomy image
To distance your mind,
You will gather the fragrance of the reddest rose
That June swells and matures.
You will think of yourself and your youth
And of your beauty.
Of the languor, of the colour, of the tenderness
Of this beautiful summer sky.
Of distant countries, of distant cities
Beyond the sea,
Of palaces, of gardens, of fountains
That rise into the air.
In vain to these beautiful landscapes will you close
Your eyes, and despite yourself
Your eyes will open again to see this face
That will be gentler to you,
Gentler than spring and gentler than autumn,
Than the earth and the sky,
Gentler than this ardent moon, crescent and yellow,
The colour of amber and of honey.

(Henri de Régnier)

Illustration

 

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