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Poésie

Posts Tagged ‘épingle’

SUR LE TROTTOIR (Jean-Michel Maulpoix)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2024




    
SUR LE TROTTOIR

Persiennes tirées à quatre épingles
Son et lumière dans le même lit
La fille de tristesse est une horloge
Qui marque six heures moins le quart
Sur le trottoir d’en face
Toujours au même endroit
Plantée chaque jour à la même heure

Femme close : coupures à ses poignets de fée
Elle a gardé son coeur de petite fille
Qui enfle quand elle fait l’amour.

(Jean-Michel Maulpoix)

Recueil: Rue des fleurs
Editions: Mercure de France

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LA BRODEUSE D’ABEILLES (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2024




    
LA BRODEUSE D’ABEILLES

Dans ses bras on eût connu
le goût d’être et de durer
elle brodait seule
les abeilles au manteau du Sacre
malgré les épingles piquées
à son noir corsage ajusté
elle demeurait
au coeur d’une beauté formelle
plus intense
les yeux fermés
après qu’on l’avait regardée

(Jean Follain)

Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard

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Mon malheur (Edvard Munch)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2023



Illustration: Edvard Munch
    
Mon malheur est d’avoir
rencontré des femmes
aux chevelures blondes
ou d’un roux flamboyant
sur une tête allongée —
avec des yeux comme
des myrtilles
sur des têtes d’épingles
— Si j’avais trouvé
le reflet de mon âme
— dans deux yeux
noir charbon —
quel peintre à l’huile
serais-je devenu

(Edvard Munch)

Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais

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Poétique (Artur Lundkvist)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2022



Illustration: Jerzy Gluszek
    
Poétique

Pourquoi ne traînerait-elle pas
tout près du champ
Comme une oiselle
qui veut faire dériver le danger
pour si soudain s’envoler ?

Et pourquoi ne serait-elle pas
un bouquet de marguerites
jeté dans une brouette goudronnée ?

Ou de la neige qui fond
dans la main rose d’une enfant ?

Une hirondelle
qui laisse une éraillure sur le pignon

Une fleur
qui fait pousser un bloc de pierre

Deux lézardes qui se croisent
l’une l’autre dans la vitre ?

Poésie :
une candide démoniaque

Un agneau en flammes
au milieu d’une prairie

Un lévrier qui s’entortillait
dans un drap

Un miroir
devant lequel un héron est mort
Comme un parapluie accidenté par la tempête

Du sable éblouissant
comme un ventre de femme au milieu de l’océan

Une fleur-étoile blanche
dans la gueule d’un bouledogue

Une épine
qui fait une tête de lion putréfiée

Un plongeur
qui dans les profondeurs de la mer
ouvre un coffre avec une épingle

Une punaise
qui fixe un avion dans l’atmosphère

Un bateau de contrebande
qui saigne dans les flots
comme un animal blessé

Poésie :
Une corde à linge tendue
entre un phare et un cerisier

(Artur Lundkvist)

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Avant, j’en voulais un (Margaret Atwood)

Posted by arbrealettres sur 19 août 2022



Illustration
    
Avant, j’en voulais un :
un délicat coussin de soie rouge
suspendu à un ruban de sang,
où on enfonce des épingles.
Mais j’ai changé d’avis.
Avoir un coeur fait mal.

(Margaret Atwood)

Recueil:Poèmes tardifs
Traduction: Christine Évain & Bruno Doucey
Editions: Pavillons

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L’AUBE (William Butler Yeats)

Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2021




    
L’AUBE

Je voudrais avoir l’ignorance de l’aube
Qui de là-haut a vu
Cette vieille reine mesurer une ville
Avec l’épingle d’une brochet,
Ou ces vieillards flétris regarder
De leur pédante Babylone
La course insouciante des planètes,
Le déclin des étoiles et l’éveil de la lune,
Et saisir leurs tablettes pour y faire des calculs ;
Je voudrais avoir l’ignorance de l’aube,
Et comme elle tout simplement,
Balancer sur les épaules embrumées des chevaux
Les paillettes de son char ;
Je voudrais (car tout savoir ne vaut pas un liard)
Avoir la folle ignorance de l’aube.

***

THE DAWN

I would be ignorant as the dawn
That has looked down
On that old queen measuring a town
With the pin of a brooch,
Or on the withered men that saw
From their pedantic Babylon
The careless planets in their courses,
The stars fade out where the moon cornes,
And took, their tablets and did sums;
I would be ignorant as the dawn
That merely stood, rocking the glittering coach
Above the cloudy shoulders of the horses;
I would be for no knowledge is worth a straw
Ignorant and wanton as the dawn.

(William Butler Yeats)

 

Recueil: La Rose et autres poèmes
Traduction: de l’anglais (Irlande) Jean Briat
Editions: POINTS

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L’idole (Robert Momeux)

Posted by arbrealettres sur 28 Mai 2020



L’idole

Inutile
Dans le silence rougi à blanc
Inutile
Comme une épingle dans le foin
Et toujours adorée
Comptant les silex des jours
Dans un panier percé

Où voulez-vous qu’elle soit
Sur terre on est si seul

Inutile à jamais elle rêve elle attend

(Robert Momeux)


Illustration

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L’épingle (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2020


La ville face au flot se dresse
au grand large
les queues d’un troupeau de baleines
battent ensemble sous les nuages
malgré tout s’entend
l’épingle qui tombe
d’un manteau de cheminée
sur une lame d’un parquet
point ciré depuis des années.

(Jean Follain)

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J’ai froid (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2020



J’ai froid. Le printemps transparent
Habille Pétropol d’un vert duvet.
Pourtant, les flots de la Néva m’inspirent
Comme une méduse un léger dégoût.
Sur les quais du fleuve du nord s’élancent
Les automobiles, ces vers luisants,
Il vole des libellules, des carabes d’acier.
Épingles d’or, les étoiles scintillent.
Aucune étoile pourtant ne tuera
Des flots marins l’émeraude pesante.

(Ossip Mandelstam)


Illustration

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Suppose que l’étoile (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2020



Le froid me donne des frissons —
Je voudrais perdre l’usage de la parole.
Mais de l’or danse dans le ciel
Et il m’intime l’ordre de chanter.

Consume-toi, musicien angoissé !
Aime, souviens-toi et pleure,
Et saisis le ballon léger
Lancé d’une planète glauque.

Car le voici le véritable
Lien avec l’univers mystérieux !
Quelle inquiétude déchirante
Et quel malheur viennent d’échoir !

Suppose que l’étoile
Qui brille toujours au-dessus du magasin de mode
S’enfonce brusquement
Dans mon cœur, ainsi qu’une longue épingle.

(Ossip Mandelstam)


Illustration: Vincent Van Gogh

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