Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘funérailles’

Rage (Jean-Luc Raharimanana)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2024



Illustration
    
Rage

Parfois une bouffée de rage
Sans comprendre
Parfois une bouffée de rage
Qui submerge
Parfois une bouffée de rage
Soudaine
Impérieuse
Qui ramène les entrailles à la surface
Qui ramène au ressenti ce qui n’a pas été vécu

Parfois une bouffée de rage
sur ce qui aurait dû s’achever
Les noeuds coulants du passé
qui auraient dû se défaire sur la danse du temps

Et je comprends que je suis corps-tombeau
de mes ancêtres sans sépultures
Leurs funérailles sont dans l’envol de mes seuls gestes
Et dans les tracés que je pose sur mes seuls déplacements
Le seul son de ma bouche est le chant qu’ils ont ravalé
au moment de la chaîne garrottant leurs cous

Mais je suis né dans le fleuve oubli
Le flux des événements qui se précipitent
et qui effacent tout autre regard
n’appartenant pas au jour prochain
J’ai oublié,

Mais parfois une bouffée de rage
Sans comprendre
Mais parfois une bouffée de rage
Qui submerge
Soudaine
Impérieuse

Les chants qui proviennent de mon ventre
réclament une bouche pour dire.

(Jean-Luc Raharimanana)

 

Recueil: L’Ardeur ABC poétique du vivre plus
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Au lendemain des funérailles (Jean-Baptiste Para)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2024



    

Au lendemain des funérailles, on commence à pétrir.
Le rituel du deuil exige que l’on cuise du pain.
La famille distribuera cette manne dans le village et les bergeries.

Des yeux rougis de sa mère, une larme tombe dans la farine.
Sur la chemise de son père, la sueur forme une croûte salée.

« Et s’il y avait autant de miches dans le four que de mots dans un livre ?
Alors j’écrirai un livre et ce sera mon offrande», dit l’enfant.

(Jean-Baptiste Para)

 

Recueil: La faim des ombres
Traduction:
Editions: Obsidiane

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Non, l’amour n’est pas mort en ce cœur (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2023



    

Non, l’amour n’est pas mort en ce cœur et ces yeux et cette bouche
qui proclamait ses funérailles commencées.
Écoutez, j’en ai assez du pittoresque et des couleurs et du charme.
J’aime l’amour, sa tendresse et sa cruauté.
Mon amour n’a qu’un seul nom, qu’une seule forme.
Tout passe. Des bouches se collent à cette bouche.
Mon amour n’a qu’un nom, qu’une seule forme.

Et si quelque jour tu t’en souviens
Ô toi, forme et nom de mon amour,
Un jour sur la mer entre l’Amérique et l’Europe,
À l’heure où le rayon final du soleil se réverbère sur la surface ondulée des vagues,
ou bien une nuit d’orage sous un arbre dans la campagne,
ou dans une rapide automobile,
Un matin de printemps boulevard Malesherbes,
Un jour de pluie,
À l’aube avant de te coucher,
Dis-toi, je l’ordonne à ton fantôme familier, que je fus seul à t’aimer davantage
et qu’il est dommage que tu ne l’aies pas connu.
Dis-toi qu’il ne faut pas regretter les choses : Ronsard avant moi
et Baudelaire ont chanté le regret des vieilles et des mortes
qui méprisèrent le plus pur amour.

Toi quand tu seras morte
Tu seras belle et toujours désirable.
Je serai mort déjà, enclos tout entier en ton corps immortel, en ton image étonnante
présente à jamais parmi les merveilles perpétuelles de la vie et de l’éternité,
mais si je vis
Ta voix et son accent, ton regard et ses rayons,
L’odeur de toi et celle de tes cheveux et beaucoup d’autres choses encore vivront en moi,
Et moi qui ne suis ni Ronsard ni Baudelaire,

Moi qui suis Robert Desnos et qui pour t’avoir connue et aimée,
Les vaux bien ;
Moi qui suis Robert Desnos, pour t’aimer
Et qui ne veux pas attacher d’autre réputation à ma mémoire sur la terre méprisable.

(Robert Desnos)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Des hommes aux cheveux gris (Abbas Kiarostami)

Posted by arbrealettres sur 8 juillet 2022




    
Au cours des funérailles
Des hommes aux cheveux gris
L’air angoissé
De part et d’autre

***

Au cours des noces
Des hommes aux cheveux gris
L’air angoissé
De part et d’autre

(Abbas Kiarostami)

Recueil: Un loup aux aguets
Traduction: Nahal Tajadod & Jean-Claude Carrière
Editions: La table ronde

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , | 1 Comment »

Requiem pour n’importe qui (Georges Moustaki)

Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2019



 

Jacqueline Fabbri  soldat mort  52

Requiem pour n’importe qui

Il est mort connue du bois sec.
Ça pouvait être n´importe qui,
Un enfant de l´Andalousie
Ou un frère du soldat Schveik.
Il est mort, la guerre est finie.
On lui fait des funérailles,
Chacun retourne à son travail.
Il est mort et je suis en vie.

Il est mort comme un feu de paille,
ça s´est passé très loin d´ici.
C´est loin l´Afrique et loin l´Asie,
Des mercenaires et ses G.I.
Il est mort de n´avoir su vivre
Quand il fallait vivre à genoux,
Noyé de sang, noyé de boue.
La mort enfin l´a rendu libre.

Il est mort comme du bois sec.
Ça pouvait être n´importe qui,
Le frère de Théodoraki,
Un enfant de Zorba le Grec.
Il est mort, je suis en exil
Et je meurs un peu avec lui,
Chaque fois que tombe la nuit
Sur le soleil du mois d´avril.

Il est mort comme du bois sec.
Ça pouvait être n´importe qui,
Le frère de Théodoraki,
Un enfant de Zorba le Grec.
Il est mort, je suis en exil
Et je meurs un peu avec lui,
Chaque fois que tombe la nuit
Sur le soleil du mois d´avril.

Il est mort, pitié pour ses cendres.
Ce n´est ni l´heure ni l´endroit
Pour demander des comptes à rendre,
Mais les mots viennent malgré moi.

(Georges Moustaki)

Illustration: Jacqueline Fabbri

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

BON CONSEIL (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2019



 

BON CONSEIL

Ma mère ne m’a rien dit
c’est dommage
Je ne sais même pas où aller
et après
Je nage je flotte je vogue
catastrophe
Je marche je chante je crie
funérailles
Il faut tout recommencer
c’est odieux
Je ne sais même pas où aller
et après

(Philippe Soupault)

 

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Funérailles (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 22 décembre 2018



Je perçus des Funérailles, dans mon Cerveau,
Un Convoi allait et venait,
Il marchait – marchait sans fin – je crus
Que le Sens faisait irruption –

Puis quand tous furent assis,
Un Office, comme un Tambour –
Se mit à battre – on eût dit
Que mon esprit devenait gourd –

Puis j’entendis soulever une Caisse
Et de nouveau crisser dans mon Âme
Des pas, avec ces mêmes Bottes de Plomb,
Puis l’Espace – sonna le glas,

Comme si tous les Cieux étaient une Cloche,
Et l’Être, rien qu’une Oreille,
Et le Silence, et Moi, une Race étrange
Ici naufragée, solitaire –

Puis une Planche dans la Raison, céda,
Et je tombai, tombai encore –
Je heurtais un Monde, à chaque plongée,
Et Cessai de connaître – alors –

Combien obscurs les Hommes, les Pléiades,
Avant qu’un ciel soudain
Révèle qu’à jamais l’Un d’eux
Est soustrait à la vue –

Membres de l’Invisible, ils existent,
Sous nos yeux écarquillés,
Dans l’Immensité du Possible,
Insaisissables, comme l’Air –

Pourquoi ne pas Les avoir retenus ?
Les Cieux en souriant,
Frôlent nos Têtes désappointées,
Sans une syllabe –

(Emily Dickinson)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Funérailles (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 11 octobre 2018



 

cimetiere [1280x768]

Funérailles

«Ne poussez pas ! ne poussez pas !
«Tas de salauds!
«Espèce de vache avec vos mamelles pendantes avez-vous fini de pousser !
«Du calme, il y en a pour tout le monde.
«Regardez-moi cette putain avec ses airs de marquise!
«Tu pues ! tu pues !
«C’est criminel d’emmener des enfants dans cette foule !
«Si on les emmène c’est qu’on peut pas faire autrement.
«Ça va durer encore longtemps?
«Madame vous perdez votre culotte.
«Qu’est-ce que ça peut vous faire?
«Et puis d’abord je vous emmerde

— C’est un enterrement, un bel enterrement.
Tout le monde veut en être.
On se piétine pour entrer au cimetière,
Mais il y aura de la place pour tout le monde.

(Robert Desnos)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Chuchotements (James Denis)

Posted by arbrealettres sur 25 septembre 2017



Illustration: Paul Delvaux
    
Chuchotements

Au bord d’un lac glacé, un vestige miroir
S’est dévêtu d’un gel qui ornait sa guêpière
D’un soupir noir, Vénus était beauté d’un soir,
Un secret décoiffé par un fil de lumière.

Un sombre désespoir au regard de satin,
Un esprit engorgé d’acide ! Des étoiles
Aux paupières de sang se sont émerveillées
En s’aveuglant d’un ciel bleu au petit matin.
Chaussés de sable fin les rides sont les voiles
D’un secret s’accrochant à des Lunes fardées.

L’éclat s’est assoiffé de plaisirs élégants,
Les racines de l’âge ont sucré mes entrailles,
Un gout de miel poivré de souvenirs fondants,
Chuchote ainsi l’amour aux douces funérailles.

(James Denis)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Funérailles (Suzanne Paradis)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2017



Funérailles

Je ne serai pas lourde à mettre en terre
je pèse le poids d’à peine un désir
d’un oiseau lancé du bout de la terre
et qu’un seul roseau porte sans souffrir.

Je veux un cerceau tout brûlé de terre
un cheval qui passe et qui rue exprès
pour m’ensevelir en vivante terre
apportée des prés et des grands marais.

Puis romps les enfants aux danses prochaines
depuis trop de jours ils ont oublié
comme on fait les bonds comme on fait la chaîne
les cheveux troublants et le col plié.

Je ne serai pas triste, pour la fête
choisis les enfants parmi les plus gais,
et dis à la mort, crie-lui à tue-tête
si Dieu n’est pas là que je l’attendrai.

(Suzanne Paradis)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »