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Poésie

Posts Tagged ‘routine’

Dans la prison de nos routines (Thór Stefànsson)

Posted by arbrealettres sur 21 juin 2024



    

Dans la prison de nos routines,
responsabilité et devoir
sont d’épaisses murailles.

Pourtant, il y a toujours
quelque part une fissure
où la lumière transperce
notre cellule obscure.

Mais c’est cette lumière,
tant redoutée,
qui nous tient en vie.

(Thór Stefànsson)

Recueil: Dans ta lumière
Traduction: Lucie Albertini et l’auteur
Editions: L’HARMATTAN

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Emparons-nous de ce feu (Arthur Teboul)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2023




    
Pensez à un nom

Laissez un nom commun vous venir à l’esprit.
Écrivez-le.
Qu’il vous plaise ou non.
Qu’il vous trahisse ou non.
Écrivez-le.

Il est presque certain qu’un adjectif vous passera alors par la tête
– pour qualifier ce nom arrivé par hasard.
Cet adjectif-là, écrivez-le aussi.
À la suite du nom. Ne le refusez pas. Cette place lui revient.
Il fait fi de toute cohérence, de toute grâce ?
Il est grotesque, banal ? Qu’importe !
Écrivez-le.

Tournevis déchu

De cette association inattendue,
entre ce nom venu par inadvertance et cet adjectif non désiré,
naît une image nouvelle, inconnue,
un trésor qui réveille la part magique des mots et notre part de mystère.
Cette part de soi-même inconnue à soi-même.

De ce rapprochement fortuit jaillissent des étincelles
qui nous révèlent une histoire du monde
oubliée, fabuleuse, archaïque et ultramoderne.
Le grain de sable entre dans la machine de l’habitude,
court-circuite sa routine,
et provoque une lumière accidentelle.

Passé, présent, futur se télescopent en un éclair
qui illumine un instant l’envers du monde.

Il y a quelque chose de plus.
Si on ne se laisse pas intimider
par cette langue de l’enfance et de l’inconnu,
le réel s’offre dans une profondeur nouvelle.
Il s’élargit.
En le nommant autrement, on le fait advenir autrement.
On s’autorise un rêve, une vision.

Il suffit de le dire :

Passants minimalistes
Ça y est, ils existent.
Regardons-les traverser.

Lune abstraite
Voilà qu’elle nous éclaire !

Cet exercice en est un parmi d’autres
pour s’accoutumer à la langue frontalière de la poésie.
Pour rendre à notre langage, en le détournant de son usage quotidien, sa vitalité.
Pour le rendre de nouveau fidèle à la vie, l’invraisemblable.

Quand on dispose les mots de tous les jours dans un ordre déconcertant,
on résiste ordinairement à l’emploi purement utilitaire de la parole.
À l’emploi purement pratique de nos vies.
La poésie est un contre-pouvoir.
Ce n’est pas anodin qu’elle soit un secret si bien gardé.

Emparons-nous de ce feu.

(Arthur Teboul)

Recueil: Le Déversoir Poèmes minute
Editions: Seghers

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La Vie c’est quoi ? (Aldebert)

Posted by arbrealettres sur 5 juin 2020




    
La Vie c’est quoi ?

C’est quoi la musique? C’est du son qui se parfume
C’est quoi l’émotion? C’est l’âme qui s’allume
C’est quoi un compliment? Un baiser invisible
Et la nostalgie? Du passé comestible
C’est quoi l’insouciance? C’est du temps que l’on sème
C’est quoi le bon temps? C’est ta main dans la mienne
C’est quoi l’enthousiasme? C’est des rêves qui militent
Et la bienveillance? les anges qui s’invitent
Et c’est quoi l’espoir? Du bonheur qui attend
Et un arc-en-ciel? Un monument aux vivants
C’est quoi grandir? C’est fabriquer des premières fois
Et c’est quoi l’enfance? De la tendresse en pyjama

Mais dis, papa
La vie c’est quoi?

Petite, tu vois
La vie, c’est un peu de tout ça, mais surtout c’est toi
C’est toi
C’est quoi le remord? C’est un fantôme qui flâne
Et la routine? Les envies qui se fanent
C’est quoi l’essentiel? C’est de toujours y croire
Et un souvenir? Un dessin sur la mémoire
C’est quoi un sourire? C’est du vent dans les voiles
Et la poésie? Une épuisette à étoiles
C’est quoi l’indifférence? C’est la vie sans les couleurs
Et c’est quoi le racisme? Une infirmité du cœur
C’est quoi l’amitié? C’est une île au trésor
Et l’école buissonnière? Un croche-patte à Pythagore
C’est quoi la sagesse? C’est Tintin au Tibet
Et c’est quoi le bonheur? C’est maintenant ou jamais

Mais dis, papa
La vie c’est quoi?

Petite, tu vois
La vie, c’est un peu de tout ça, mais surtout c’est toi
C’est toi
Dans tes histoires, dans tes délires, dans la fanfare de tes fous rires
La vie est là, la vie est là
Dans notre armoire à souvenirs, dans l’espoir de te voir vieillir
La vie est là, la vie est là

(Aldebert)

 

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IL S’EST CHERCHE (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2018



IL S’EST CHERCHE

Il s’est cherché
Entre fables et mémoires

Il s’est défait
Entre routines et chagrins

Il s’est noyé
Entre jeux et miroirs

Il s’est trouvé
Entre source et lointains.

(Andrée Chedid)

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Salut au poète (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 11 août 2018



Salut au poète

Poète
Qui chantes la naissance téméraire de la rose d’azur
Cette jamais rencontrée

Poète
Au seuil des présages
Malgré tes poings en feu
Nous t’avons rejeté et pourchassé de paroles
Le faisceau de nos discordes éloigne
Le fruit essentiel
Que tu appelais

Poète
Nos villes s’endorment en leur écriture de pierre
Satisfaites de ne songer qu’à l’opiniâtre saison
Oublieuses des merveilles qui dévastent les toits
Qui abolissent les routines

Poète
Tu voles le vent pour nos faces
Le clair pour nos yeux
Le sel pour nos lèvres

Tu risques l’étoile
Tu cries notre raison.

(Andrée Chedid)


Illustration: William Blake

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Dommage (Florian Jose Ordonez)(Olivio Laurentino Ordonez)

Posted by arbrealettres sur 26 Mai 2018




    
Dommage

Allez, celle-là on la fait à l’ancienne
Oli, t’es prêt? Bien

Louis prend son bus, comme tous les matins
Il croisa cette même fille, avec son doux parfum
Qu’elle vienne lui parler, il espère tous les jours
Ce qu’il ressent au fond d’lui, c’est ce qu’on appelle l’amour
Mais Louis, il est timide et elle, elle est si belle
Il ne veux pas y aller, il est collé au fond d’son siège
Une fois elle lui a souri quand elle est descendue
Et depuis ce jour là, il ne l’a jamais revue

Ah il aurait du y aller, il aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »

Yasmine a une belle voix, elle sait qu’elle est douée
Dans la tempête de sa vie, la musique est sa bouée
Face à sa mélodie, le monde est à ses pieds
Mais son père lui répétait « trouve-toi un vrai métier »
Parfois elle s’imagine sous la lumière des projecteurs
Sur la scène à recevoir les compliments et les jets de fleurs
Mais Yasmine est rouillée, coincée dans la routine
Ça lui arrive de chanter quand elle travaille à l’usine

Ah elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
Elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »

Diego est affalé au fond du canapé
Il engueule son p’tit frère quand il passe devant la télé (pousse-toi!)
Ses amis sont sortis, il ne les a pas suivi
Comme souvent seul, la lune viendra lui tenir compagnie
Diego est triste, il ne veut rien faire de sa nuit
Il déprime de ne pas trouver la femme de sa vie
Mais mon pauvre Diego, tu t’es tellement trompé
C’était à cette soirée que t’allais la rencontrer

Ah il aurait du y aller, il aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »

Pauline elle est discrète, elle oublie qu’elle est belle
Elle a sur tout le corps des taches de la couleur du ciel
Son mari rentre bientôt, elle veut même pas y penser
Quand il lui prend le bras, c’est pas pour la faire danser
Elle repense à la mairie, cette décision qu’elle a prise
À cet après-midi où elle avait fait sa valise
Elle avait un avenir, un fils à élever
Après la dernière danse, elle s’est pas relevée
Ah elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, ah c’est dommage, ah c’est dommage »

« Ah c’est dommage, ah c’est dommage, ah c’est dommage, ah c’est dommage »
Elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
Elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »

Elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
Vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets
Vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets
Vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets
Vaut mieux vivre avec des remords, c’est ça le secret

Bravo tout le monde, bravo!

(Florian Jose Ordonez)(Olivio Laurentino Ordonez)

Chanteurs Bigflo et Oli

 

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Routine de l’être (Abdellatif Laâbi)

Posted by arbrealettres sur 14 avril 2018



Rituels
sans magie
Routine de l’être

(Abdellatif Laâbi)


Illustration

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La chambre de Pedro (Carlos Drummond de Andrade)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2016



La chambre de Pedro

Des mobiles en or de la Place du Général Osorio
balancent dans l’air de Pierre des nouvelles du Brésil.
La chambre flotte entre posters et cahiers de géographie.
Le hamac bahianais se balance sur le balcon qui donne sur
la plate-forme aux terrasses à perte de vue.
Des trésors d’empereur jonchent le sol:
coquillages, mignonnettes, volant de voiture.
L’empire s’enfonce dans un rêve interplanétaire
mais sonne l’heure fatale
dans la chambre amatutinée:
l’empereur chausse les souliers de la routine
et s’en va, vaincu, vers l’école.

(Carlos Drummond de Andrade)

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Les signes (Marcos Mateos)

Posted by arbrealettres sur 16 juin 2016



Les signes nous prennent par surprise.
Ils sont de l’inopiné à fleur de routine.

(Marcos Mateos)

Illustration: ArbreaPhotos  

 

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