Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2023
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ÉCRIRE DESSINER INSCRIRE (V)
V
De la douleur du fond des larmes
Surgissait un oiseau sans ailes
Puis sortait une barque vide.
*
D’une main tenant une main confiante
Tombaient des semences
Rayonnait une seule fleur.
*
Le sang dessinait un cœur
Le cœur dessinait ton corps
Ton corps épousait mon cœur.
*
Il y a des mendiants des plaintes des aumônes
Il y a des secrets des mensonges des traîtres
Et plus près et plus loin il y a nos aveux.
*
Un tout petit visage au sommet d’un grand corps
Un corps réduit à rien par un ardent visage
L’amour est plus léger que le désir d’aimer.
*
Donner à boire et donner à manger
À ces enfants que nous imaginons
Qui n’ont que nous comme fortune.
*
Quand le soleil l’amour équilibre nos armes
Nous pouvons nous voir vivre
Notre sève s’enflamme dans notre miroir.
(Paul Eluard)
Recueil: Eluard amoureux
Editions: Bruno Doucey
Posted in poésie | Tagué: (Paul Eluard), aile, aimer, amour, ardent, arme, aumône, aveu, épouser, équilibrer, barque, boire, coeur, confiant, corps, dessiner, donner, douleur, enfant, fleur, fond, fortune, imaginer, larme, léger, loin, main, manger, mendiant, mensonge, miroir, oiseau, petit, plainte, près, rayonner, réduire, s'enflammer, sang, sève, secret, semence, seul, soleil, sommet, sortir, surgir, tomber, traître, vide, visage, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2023
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Terre de septembre
Plainte du violoncelle dans l’âtre de septembre
Que de sanglots en rire avons-nous transformés
Le temps martèle en vain cette aire de mémoire
Quand l’automne du monde éclaire ton visage
Automne partagé entre l’or et le feu
La rame de septembre éloigne encore l’île
Là-bas la mer dans le temps immobile
Éparpille le feu du soleil de mémoire
L’oubli l’absence ont morcelé le coeur
Terre d’ici terre de septembre
Mes pas confiants dans tes chemins secrets
Apprennent ton histoire.
(Jean Fanchette)
Recueil: L’île Équinoxe
Editions: Philippe Rey
Posted in poésie | Tagué: (Jean Fanchette), absence, aire, apprendre, âtre, éclairer, éloigner, éparpiller, île, chemin, coeur, confiant, en vain, feu, histoire, ici, immobile, là-bas, marteler, mémoire, mer, monde, morceler, or, oubli, partager, pas, plainte, rame, rire, sanglot, secret, septembre, soleil, temps, terre, transformer, violoncelle, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2023
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Illustration: Valentine Hugo
LA MORT, L’AMOUR, LA VIE
J’ai cru pouvoir briser la profondeur l’immensité
Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho
Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges
Comme un mort raisonnable qui a su mourir
Un mort non couronné sinon de son néant
Je me suis étendu sur les vagues absurdes
Du poison absorbé par amour de la cendre
La solitude m’a semblé plus vive que le sang
Je voulais désunir la vie
Je voulais partager la mort avec la mort
Rendre mon coeur au vide et le vide à la vie
Tout effacer qu’il n’y ait rien ni vitre ni buée
Ni rien devant ni rien derrière rien entier
J’avais éliminé le glaçon des mains jointes
J’avais éliminé l’hivernale ossature
Du voeu de vivre qui s’annule
Tu es venue le feu s’est alors ranimé
L’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé
Et la terre s’est recouverte
De ta chair claire et je me suis senti léger
Tu es venue la solitude était vaincue
J’avais un guide sur la terre je savais
Me diriger, je me savais démesuré
J’avançais je gagnais de l’espace et du temps
J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière
La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile
Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit
Promettait à l’aurore des regards confiants
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard
Ta bouche était mouillée des premières rosées
Le repos ébloui remplaçait la fatigue
Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours.
Les champs sont labourés les usines rayonnent
Et le blé fait son nid dans une houle énorme
La moisson la vendange ont des témoins sans nombre
Rien n’est simple ni singulier
La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit
La forêt donne aux arbres la sécurité
Et les murs des maisons ont une peau commune
Et les routes toujours se croisent
Les hommes sont faits pour s’entendre
Pour se comprendre pour s’aimer
Ont des enfants qui deviendront pères des hommes
Ont des enfants sans feu ni lieu
Qui réinventeront les hommes
Et la nature et leur patrie
Celle de tous les hommes
Celle de tous les temps.
(Paul Eluard)
Recueil: Paul Eluard par Louis Parrot
Editions: Seghers
Posted in poésie | Tagué: (Paul Eluard), absorber, absurde, adorer, aller, amour, arbre, aurore, avancer, ébloui, écho, éliminer, énorme, blé, bouche, bras, briser, brouillard, buée, céder, cendre, chagrin, chair, champ, ciel, clair, coeur, commun, confiant, contact, corps, couronner, croire, démesure, désunir, derrière, devant, devenir, donner, effacer, en bas, enfant, entier, entr'ouvrir, espace, espoir, fatigue, feu, fin, forêt, froid, gagner, glaçon, guide, hivernal, homme, houle, immensité, joindre, jour, labourer, léger, lieu, lumière, main, maison, mer, moisson, mort, mouiller, mourir, mur, nature, néant, nid, nu, nuit, ombre, ossature, partager, patrie, père, peau, poison, porte, pouvoir, prison, profondeur, promettre, raisonnable, ranimer, rayon, rayonner, réinventer, rêve, regard, remplacer, rendre, repos, rien, rosée, route, ruisseler, s'aimer, s'annuler, s'étendre, s'étoiler, s'entendre, sang, savoir, sécurité, se comprendre, se croiser, se diriger, se recouvrir, se sentir, sembler, simple, singulier, solitude, sommeil, témoin, temps, tendre, terre, usine, vague, vaincu, vendange, venir, vide, vie, vierge, vif, vitre, vivre, voeu, voile, vouloir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022
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La pureté n’est faite que de détails
La bonté n’est faite que de gestes
Ces gestes ne mènent pas à de grandes victoires
aucune légende ne les retient
Ces gestes sont gestes de tous les jours
bien plus héroïques
que tout héroïsme
Laver le linge
pour que l’enfant demain
se sente léger confiant
dans des vêtements frais propres
Même si demain n’est plus
dans la suite des jours
Même si demain
ne verra pas le jour
(Christian Bobin)
Recueil: La Vie Passante
Editions: Fata Morgana
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Posted by arbrealettres sur 6 avril 2021
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BLOC-NOTES
Dire au vent : qu’il retienne sa course
Aux bourgeons : d’éclater la lumière
Dire au grésil, dire au ciel bleu
Giboulée chante, giboulée vente.
Dire au ruisseau : sauter vert, glisser frais
Dire aux pluies : laver à grande eau les trottoirs
Et les âmes des hommes vieux
En faire lessive qui claque.
Dire aux hommes : d’être petit comme une graine
Têtu et simple, retenu confiant
Rester au fond de la terre
Attendre patiemment.
(Michèle Garant)
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