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Poésie

Posts Tagged ‘marron’

INSTANTS (Mireille Gaglio)

Posted by arbrealettres sur 27 septembre 2023




    
INSTANTS

Une fleur, une odeur, un bonheur
Un enfant, quelques ans
Des parents.
Une forêt, un été,
Une famille, des myrtilles.
Deux yeux ronds,
Bien marron,
Qui scintillent
Et qui brillent.
C’était moi,
En ces jours, ces beaux jours
De l’amour.

(Mireille Gaglio)

Recueil: La clé de l’évasion
Editions: La pensée universelle

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Sur l’oreiller (Juliette)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2023




    

Sur l’oreiller

J’aurai beaucoup trop chaud peut-être
Il fera sombre, que m’importe
Je n’ouvrirai pas la fenêtre
Et laisserai fermée ma porte
Je veux garder pour en mourir
Ce que vous avez oublié
Sur les décombres de nos désirs
Votre parfum Sur L’oreiller
Laissez-moi deviner
Ces subtiles odeurs
Et promener mon nez
Parfait inquisiteur
Il y a des fleurs en vous
Que je ne connais pas
Et que gardent jaloux
Les replis de mes draps
Oh, la si fragile prison!
Il suffirait d’un peu de vent
Pour que les chères émanations
Quittent ma vie et mon divan
Tenez, voici, j’ai découvert
Dissimulées sous l’évidence
De votre Chanel ordinaire
De plus secrètes fulgurances
Il me faudrait les retenir
Pour donner corps à l’éphémère
Recomposer votre élixir
Pour en habiller mes chimères
Sans doute il y eut des rois
Pour vous fêter enfant
En vous disant « Reçois
Et la myrrhe et l’encens »
Les fées de la légende
Penchées sur le berceau
Ont fleuri de lavande
Vos yeux et votre peau
J’ai deviné tous vos effets
Ici l’empreinte du jasmin
Par là la trace de l’oeillet
Et là le soupçon de benjoin
Je pourrais dire ton enfance
Elle est dans l’essence des choses
Je sais le parfum des vacances
Dans les jardins couverts de roses
Une grand-mère aux confitures
Un bon goûter dans la besace
Piquantes ronces, douces mûres
L’enfance est un parfum tenace
Tout ce sucre c’est vous
Tout ce sucre et ce miel
Le doux du roudoudou
L’amande au caramel
Les filles à la vanille
Les garçons au citron
L’été sous la charmille
Et l’hiver aux marrons
Je reprendrais bien volontiers
Des mignardises que tu recèles
Pour retrouver dans mon soulier
Ma mandarine de Noël

Voici qu’au milieu des bouquets
De douces fleurs et de bonbons
S’offre à mon nez soudain inquiet
Une troublante exhalaison
C’est l’odeur animale
De l’humaine condition
De la sueur et du sale
Et du mauvais coton
Et voici qu’ils affleurent
L’effluve du trépas
L’odeur d’un corps qui meurt
Entre ses derniers draps

Avant que le Temps souverain
Et sa cruelle taquinerie
N’emportent votre amour ou le mien
Vers d’autres cieux ou d’autres lits
Je veux garder pour en mourir
Ce que vous avez oublié
Sur les décombres de nos désirs
Toute votre âme Sur L’oreiller

(Juliette)

Recueil: Des chansons pour le dire Une anthologie de la chanson qui trouble et qui dérange (Baptiste Vignol)
Editions: La Mascara TOURNON

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LE RÊVE ET LA VIE (Jean de la Ville de Mirmont)

Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2019



LE RÊVE ET LA VIE

Comme il est loin le temps des Mille et une Nuits !
— Prends garde, mon enfant, tes marrons sont trop cuits.

J’aurais eu, n’est-ce pas, de grands airs en Sultane ?
— Avant de te coucher, n’oublie pas ma tisane.

Et puis Venise, avec le cri des gondoliers !
— A propos, n’a-t-on pas rapporté mes souliers ?

Un poète m’a dit qu’il était une étoile…
— Ferme la porte et mets du charbon dans le poêle.

(Jean de la Ville de Mirmont)

Illustration: Roger Suraud

 

 

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FÊTES DE VILLAGE EN PLEIN AIR (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2018



 

Carl Larsson  -« Petit déjeuner dans le parc » [1280x768]

FÊTES DE VILLAGE EN PLEIN AIR

Le bal champêtre est sous la tente.
On prend en vain des airs moqueurs ;
Toute une musique flottante
Passe des oreilles aux coeurs.

On entre, on fait cette débauche
De voir danser en plein midi
Près d’une Madelon point gauche
Un Gros-Pierre point engourdi.

On regarde les marrons frire ;
La bière mousse, et les plateaux
Offrent aux dents pleines de rire
Des mosaïques de gâteaux.

Le soir on va dîner sur l’herbe ;
On est gai, content, berger, roi,
Et, sans savoir comment, superbe,
Et tendre, sans savoir pourquoi.

Feuilles vertes et nappes blanches ;
Le couchant met le bois en feu ;
La joie ouvre ses ailes franches :
Comme le ciel immense est bleu!

(Victor Hugo)

Illustration: Carl Larsson 

 

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LE TRAVAIL CONTINU (Raymond Queneau)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2017




    
LE TRAVAIL CONTINU

À l’ombre du mot tilbury
se reposait un soir de juin
un homme qui tentait d’enter
un vers marron sur de la prose
Cette opération monstrueuse
l’occupait de telle façon
qu’il ne vit point passer la phrase
qui l’aurait tiré d’embarras
Il s’acharnait en grommelant
cependant que sous le ciel rose
la lune d’un pas turbulent
traversait des nuages lyriques
Lorsque l’entracte fut fini
l’horticulteur pédagogique
remit dans l’ombre le lexique
et saisissant sa douce hie
il se pencha de nouveau sur
son travail presque minéral
Paveurs Pavés êtes ainsi
lorsque tombe le crépuscule
l’écho des poètes passés
dans cette rue presque nocturne

(Raymond Queneau)

 

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Rester entière (Rose Ausländer)

Posted by arbrealettres sur 23 Mai 2017



    

Rester entière

Étreindre le jardin
Sous une pluie de marrons tombant

Parcourir les bruits du temps
De voix en voix

Aimer
Des lettres chaleureuses

Se heurter à tous les coins
A s’en ouvrir des plaies
Et rester entière

(Rose Ausländer)

 

Recueil: Pays maternel
Traduction: Edmond Verroul
Editions: Héros-Limite

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Avec Fanon (Maurice Fanon)

Posted by arbrealettres sur 15 Mai 2017



Illustration: Fabienne Contat
    
Avec Fanon

C’est peut-être à coup de châtaigne qu’on devient marron
C’est peut-être à coup de bonbaine qu’on devient neutron
C’est peut-être à coup de canon qu’on se fait un bâton de maréchal
Une veuve joyeuse, une gueule cassée deux étoiles
C’est peut-être en débitant du saucisson qu’on fait fortune dans la chanson
Faudra que j’essaye avec Fanon…

C’est peut-être à petits coups de blanc qu’on devient poivrot
C’est peut-être à petits coup de dents qu’on devient salaud
C’est peut-être à coup de métro qu’on se fait une gueule de parigot
Qui ne pense plus qu’à sa voiture à son frigo
C’est peut-être en montrant le fond de son pantalon
Qu’on fait son trou dans la chanson
Faudra que j’essaye avec Fanon…

C’est peut-être par la calotte qu’on devient païen
C’est peut-être par la culotte qu’on devient putain
C’est peut-être par le calot qu’on devient crétin
par le culot qu’on devient quelqu’un
Qui ne fait rien de ses deux mains
C’est peut-être en chantant mon cul sur la commode

Qu’on se fait une chanson à la mode
Faudra que j’essaye avec Fanon…

C’est peut-être au chapeau qu’on voit l’homme d’affaires
C’est peut-être aux affaires qu’on voit le gangster
C’est peut-être à coup d’oseille qu’on se fait sa place au soleil
A coup de baise-main qu’on se fait un lit à baldaquin
C’est peut-être en marchant sur les mains des copains
Qu’on se fait un nom dans la chanson
Faudra que j’essaye avec Fanon…

C’est peut-être en forgeant qu’on devient forgeron
C’est peut-être en ahanant qu’on devient bûcheron
C’est peut-être en bourlinguant qu’on devient matelot
A coup de faucille qu’on devient marteau,
A coup de marteau qu’on fait le gros dos
C’est peut-être à coup de chansons sans concession
Qu’on fait sa petite révolution chez les rois loups de la chanson
C’est peut-être à cause d’une chanson
Qu’en une nuit comme des champignons
Poussent les amis qui font la rime à mes chansons.

(Maurice Fanon)

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Les souris (Jacques Lafont)

Posted by arbrealettres sur 18 Mai 2016



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J’ai trouvé dans mes cheveux
Une souris bleue.
Dans mes cheveux une souris bleue ?
Encore bien heureux qu’il n’y en ait pas deux.

J’ai trouvé dans ma manche
Une souris blanche.
Dans ma manche une souris blanche ?
Dans mes cheveux une souris bleue ?
Encore bien heureux qu’il n’y en ait pas deux.

J’ai trouvé dans mon pantalon
Une souris marron.
Dans mon pantalon, une souris marron ?
Dans ma manche une souris blanche ?
Dans mes cheveux une souris bleue ?
Encore bien heureux qu’il n’y en ait pas deux.

J’ai trouvé dans mon oreille
Une souris groseille.
Dans mon oreille, une souris groseille ?
Dans mon pantalon, une souris marron ?
Dans ma manche une souris blanche ?
Dans mes cheveux une souris bleue ?
Encore bien heureux qu’il n’y en ait pas deux.

(Jacques Lafont)

 Illustration

Recueil: En me promenant
Traduction:
Editions: du Scarabée

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L’automne (Lucie Delarue-Mardrus)

Posted by arbrealettres sur 29 janvier 2016



L’automne

On voit tout le temps, en automne,
Quelque chose qui vous étonne,
C’est une branche tout à coup,
Qui s’effeuille dans votre cou.

C’est un petit arbre tout rouge,
Un, d’une autre couleur encor,
Et puis partout, ces feuilles d’or
Qui tombent sans que rien ne bouge.

Nous aimons bien cette saison,
Mais la nuit si tôt va descendre !
Retournons vite à la maison
Rôtir nos marrons dans la cendre.

(Lucie Delarue-Mardrus)

 

 

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Automne (Mireille Gaglio)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2015




Automne

Madame l’Automne, d’un geste désinvolte,
A fait virevolte:
Me voici nez à nez
Avec l’Hiver emmitouflé.

Madame l’Automne a emporté
Des couleurs chaudes, un peu rouillées,
Les souvenirs d’un été…
Monsieur l’Hiver emmitouflé
Dis-moi ce que tu nous apportes,
Dis-moi ce que tu nous promets:
Sera-ce la neige immaculée,
Les fils de la Vierge gelés,
Les odeurs de marrons grillés?
La poésie devant mes volets?
Et quand elle sera morte,
S’ouvrira grand la porte
Sur le printemps tant espéré…
Celui qui nous transporte
Dans un tourbillon de senteurs fortes:
Capiteux prélude,
A la plénitude
Du plein été…

(Mireille Gaglio)

 

 

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