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Poésie

Posts Tagged ‘après’

Ce rien (Tristan Cabral)

Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2024




    
Ce rien

Certains soirs,
On appuierait bien sur la gâchette,
On tenterait bien le trou noir et la tendre blessure
Mais on ne le fait pas
Par peur
Par peur qu’après
Il n’y ait plus Rien
Même pas cette fêlure
Qui fait danser la Vie !

(Tristan Cabral)

Recueil: Poèmes à dire
Editions: Chemins de Plume

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Après (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2024



Je ne peux porter que de vieux souliers.
Le chemin que je suis
me les use dès le premier pas.
Mais seuls les vieux souliers
ne dédaignent pas le chemin
et seuls ils peuvent parvenir
où conduit le chemin.

Après,
il faut continuer nus.

(Roberto Juarroz)


Illustration: Vincent Van Gogh

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ET APRÈS (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2024




    
ET APRÈS

Les labyrinthes
qu’invente le temps
s’annulent.
(Ne reste
que le désert.)

Fontaine du désir,
le coeur s’annule.
(Ne reste
que le désert.)

L’illusion de l’aurore
et les baisers
s’annulent.

Ne reste que le désert.
Une onde,
un désert.

***

Y DESPUÉS

Los laberintos
que crea el tiempo,
se desvanecen

(Sólo queda
el desierto.)

El corazón,
fuente del deseo,
se desvanece.

(Sólo queda
el desierto.)

La ilusión de la aurora
y los besos,
se desvanecen.

Sólo queda el desierto.
Un ondulado
desierto.

(Federico Garcia Lorca)

Recueil: Romancero gitan Poème du chant profond
Traduction: Claude Esteban
Editions: Aubier

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Le haïku (Pascale Senk)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2024




    
Le haïku
est une véritable
petite pilule de bonheur

*

Moins toujours moins !
Oui, mais
Et après ?

*

Plus ce monde est fou et cruel,
plus nous avons besoin d’être attentifs
à ce qui vaut la peine de vivre.

(Pascale Senk)

 

Recueil: L’effet Haïku Lire et écrire des poèmes courts agrandit notre vie
Editions: Leduc. S

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UN SAFRAN DE MARS (Jean-Pierre Duprey)

Posted by arbrealettres sur 27 janvier 2024



Illustration: Vladimir Kush
    
UN SAFRAN DE MARS

Le maître de l’Amour se maintient au carreau de lune.
Ses yeux, tirés du blanc,
découvrent l’ombre de Ce-qui-n’est-pas.

« Donnez-nous, disait-on,
ce qui manque à l’étincelle pour faire du bois,
ce qui manque à la rivière pour mouler une forêt en feu ! »

La machine de l’Amour battait la campagne, hâtait les saisons.
L’échelle de son ombre dépassait l’horizon.

Il y eut un soleil
et quelques allumettes perdus dans la boîte du vide…
Une étoile avec la chair de l’oeuf.
Un grand rideau d’objets.

Rien devant et tout APRES.

(Jean-Pierre Duprey)

Recueil: LA FIN et LA MANIÈRE
Editions: SOLEIL NOIR

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APRÈS (Jean-Pierre Duprey)

Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2024



Illustration:  Irina Kotova
    
APRÈS

Après la trace, vient la distance.
Ce que rêve l’autre, ce que rêve l’un,
L’un dans l’autre se sont compris.
Il n’est pas de lumière
Sans feu pour finir.
Commencée de fumée,
Ainsi se fait la forme,
Sans fait d’avenir.

(Jean-Pierre Duprey)

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Je ne parle qu’au présent (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2023




    
Je ne parle qu’au présent

Avec ce qui est là
J’édifie mon langage
Et les mots me délivrent
Des souffles de l’après.

Je ne parle qu’au présent
Mais toutes les voies sont miennes,
Éventail souterrain
Dont je devine l’accès.

J’ai vécu chaque parole
Avant qu’elle ne soit dite.
J’ai traversé chaque mot,
Avant d’être traversé.

Je me tiens dans l’instant
Des silences m’abritent,
Cités, que multiplie
L’eau confuse du passé.

Si je ne vais pas,
Mon champ se mourra-t-il ?
Et si je vais,
Où m’arrêterai-je ?

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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APRÈS TANT (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2023




    
APRÈS TANT

En chaque instant,
ne pas oublier de s’évader.

En chaque faux pas,
ne pas oublier de s’évader.

En chaque regret,
ne pas oublier de s’évader.

En chaque défaillance,
ne pas oublier de s’évader.

En chaque redite,
ne pas oublier de s’évader.

En chaque conseil,
ne pas oublier de s’évader.

En chaque homélie,
ne pas oublier de s’évader.

En chaque éloge,
ne pas oublier de s’évader.

En chaque litanie,
ne pas oublier de s’évader,

de s’évader incertain,
imprévoyant,
dépossédé,
incrédule,

comme ce samouraï qui découvre,
après tant de victoires,
que l’art du karaté
est celui des mains vides.

(André Velter)

Recueil: Séduire l’univers précédé de à contre peur
Editions: Gallimard

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Le poème de l’arbre enfant (Jean Fanchette)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2023



Illustration: Chaude Diy
    
Le poème de l’arbre enfant
à Yvonne et Robert Ganzo

Les pulsations d’un paysage
Vibrant dans les veines de l’arbre,
Le rocher frère et ses présages
Furent appris en ce matin
Porté vers moi du fond des âges.

Le même oiseau de rive en rive,
Rythme la saison des éclairs.
La même barque à la dérive
Rêve aux vertiges des déserts
Aux silences d’eau et de pierre.

L’orage éclate et l’arbre enfant,
Lové dans la paume du vent,
Comprend notre fraternité
Scellée dans le sang des étés.
Fus-je mélèze ? après ? avant ?

Dans les forêts de la mémoire,
L’homme plante ses territoires
Et l’arbre enfant, né des orages,
Découvre l’âme du feuillage
Blottie au coeur serré des soirs.

L’arbre se souvient de l’amande,
De la nuit lente des racines,
Des forêts d’ombre et de résine,
Jusqu’au cri du premier oiseau
Par-delà des siècles d’attente.

Et moi l’enfant d’une seconde,
Parmi l’or mouvant des genêts,
Je veille cet instant que fonde
L’angoisse de millions d’années
Dans le désordre clair du monde.

Tous ces oiseaux dans ma mémoire
Et tous ces mauves dans mes yeux.
Pour transmuer en feux et moire
Les paysages jamais mieux
Définis qu’en dehors du lieu.

L’arbre que j’appelle mélèze,
Se transforme en jacarandas,
Flamboyants, pourpres floraisons
Éclatant dans mon sang qui pèse
Le poids de toutes ces saisons.

Le loriot dans le cerisier,
Le colibri dans le manguier,
Moi écartelé par vos cris,
Moi soudain découvrant le prix
De vivre et d’accomplir deux vies.

Montagnes de quelle mémoire ?
Je vendange votre prescience.
J’atteins enfin aux transparences
Du minéral.
Brève lumière
Où je découvre cette main,
Tendue entre l’arbre et la pierre.

Et le sable redevient algue
L’âme innombrable du corail
Palpite, prise dans les mailles
De l’eau. Le charbon se souvient
Des forêts, de l’enfance du feu…
Tout dans l’éclair d’une seconde!

(Jean Fanchette)

Recueil: L’île Équinoxe
Editions: Philippe Rey

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La Luxure (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2023



Illustration: Jean-Baptiste Valadie
    
La Luxure

Vivre
Avec le parfum de ta peau
Tes cheveux sous mes doigts
La douceur de ton ventre
Et descendre
Et descendre
Et chercher le corail à l’intérieur de toi.

S’apprivoiser cruellement
D’un sexe et d’une bouche à l’autre
Jusqu’à l’épanouissement magique
Au centre de ta croix
D’anémones de mer.

Vivre
Avec au cœur des nuits
Cette rose effeuillée qui gémit
Qui se plaint
Qui rêve qui délire
Qui mélange en un cri
Le Paradis, l’Enfer,
L’éternité, l’instant,
Les couleurs jamais vues.

L’explosion, soudain, des artères et des veines,
Et le silence après
Qui pleure une chanson de source.

Vivre
Et que le poignard de ma joie
T’ouvre et te fende comme un fruit,
Comme une grenade éclatée.

Je t’aime je t’aime je t’aime
Et le péché n’existe pas.

(Bernard Dimey)

Recueil: Le milieu de la nuit
Editions: Christian Pirot

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