Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘bleuâtre’

JE NE VEUX PAS SAVOIR S’IL FAIT CLAIR (Anna de Noailles)

Posted by arbrealettres sur 7 juin 2023



Illustration: Josephine Wall 
    
JE NE VEUX PAS SAVOIR S’IL FAIT CLAIR

Je ne veux pas savoir s’il fait clair, s’il fait triste,
Si le printemps, exact, va reverdir encor,
Si l’orgueilleux soleil jette son cerceau d’or
Sur les chemins légers de bleuâtre piste,
Ni si le vif matin a son joyeux ressort,
Et le soir ses couleurs de lin et d’améthyste,
Je sais que pour les morts plus aucun temps n’existe
Je suis jalouse pour les morts.

(Anna de Noailles)

Recueil: Je serai le FEU (Diglee)
Editions: La ville brûle

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Devant les ruines d’un vieux palais (Du Fu)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Devant les ruines d’un vieux palais

Le ruisseau s’éloigne en bouillonnant, le vent crie sa violence à travers les pins ;
Les rats gris s’enfuient à mon approche et vont se cacher sous les vieilles tuiles.
Aujourd’hui sait-on quel prince éleva jadis ce palais ?
Sait-on qui nous légua ces ruines, au pied d’une montagne abrupte ?
Sous forme de flammes bleuâtres, se montrent des esprits dans les profondeurs sombre
Et, sur la route défoncée, on entend des bruits qui ressemblent à des gémissement
Ces dix mille voix de la nature ont un ensemble plein d’accords,
Et le spectacle de l’automne s’harmonise aussi avec ce triste tableau.
Le prince avait de belles jeunes filles ; elles ne sont plus que de la terre jaune,
Inerte comme l’éclat de leur teint, qui déjà n’était que mensonge ;
Il avait des satellites pour accompagner son char doré,
Et, de tant de splendeurs passées, ce cheval de pierre est tout ce qui reste.
La tristesse m’étreint ; je m’assieds sur l’herbe épaisse,
Je commence des chants où ma douleur s’épanche ;
Les larmes me gagnent et coulent abondamment.
Hélas ! Dans ce chemin de la vie, que chacun parcourt à son tour,
Qui donc pourrait marcher longtemps !

(Du Fu)
(712-770)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

COL EN DENTELLES BLANCHES (Aksinia Mihaylova)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020



    

COL EN DENTELLES BLANCHES
à Roumiana

Nous émottons les années et elles se mettent à respirer.
Les non-partagées, on les couvre soigneusement
avec des toiles d’araignées
pour qu’elles ne saignent plus.
Le rouge n’est pas une couleur d’ange, dit-elle,
en dessinant des triangles dans l’air
pendant que j’essaie de trouver la place juste
d’un morceau du puzzle.
J’ai emmuré l’une des portes,
c’est pourquoi tu ne réussis pas à faire rentrer
la table au milieu du salon.

Les reflets de la bougie lèchent les nacres
incrustées dans l’ancien fauteuil viennois,
arrachent des runes bleuâtres
et les effacent tout de suite.
C’est le baiser du temps,
ajoute-t-elle à l’aube
et son doigt suit la ligne blanche
au creux de l’accoudoir
ayant amassé la poudre des ailes
de ce papillon mystique
qui avait survolé nos têtes
une nuit de février
comme s’il voulait démentir les saisons
et éclairer l’écriture secrète
dans l’âme de chacune de nous.

(Aksinia Mihaylova)

 

Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Berceuse (Attila Jozsef)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2018



Berceuse

Voilà qu’elle me berce,
Comme un lac les roseaux.
Bleuâtre le jour perce,
Un baiser sur les eaux.

Peut-être son amour
D’un autre va s’éprendre.
Qu’il la berce à son tour,
D’un bercer aussi tendre.

(Attila Jozsef)

Illustration: François-Joseph Durand

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , | 2 Comments »

Un matin frais et bleuâtre (Arthur Bidegain)

Posted by arbrealettres sur 8 Mai 2018



 

un matin frais et bleuâtre
transparaissait par la fenêtre
l’air chamaillait l’immobile
danseur érotique
et cette flamme légère
nous donnait la chair de poule
allongés sur le lit
le regard dans l’air
aux nuages
l’univers entier nous tenait dans sa bouche

(Arthur Bidegain)

Illustration: Mustapha Merchaoui

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Ô mon terroir abandonné, (Sergueï Essénine)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2018



Illustration: Marc Chagall
    
Ô mon terroir abandonné,
Ô mon pays désert.
Le foin n’est pas coupé,
bois et monastère.

Les isbas sont de guingois,
il n’en reste plus que trois
et les faisceaux de l’aube
font mousser les toits.

Sous le couvert du chaume,
des rognures de chevrons ;
le vent asperge de soleil
une moisissure bleuâtre.

Aux fenêtres, les corbeaux
tambourinent de leurs ailes,
le merisier, comme le blizzard,
fait signe de la manche.

Ton vécu, ta vie dans la brande
n’est-elle déjà que légende ?
Que chuchote l’herbe folle
quand vient le soir, au passant ?

(Sergueï Essénine)

***

Recueil: Journal d’un poète
Traduction: Christiane Pighetti
Editions: De la Différence

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Les bois… (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2017




    
Les bois…

Les bois ont des douceurs de cimes
Bleuâtres comme sont les nues;
Sur le banc où nous nous assîmes
Tombe l’ombre des branches nues.

La source mollement s’étire
Au ras des pentes défleuries,
Avec le pli las d’un sourire
Sur des lèvres endolories.

Nulle voûte d’or et nul porche
Triomphant qui s’ouvre et s’allume.
Flamme de cierge, âme des torches
Et léthargique encens qui fume.

Brume des brumeuses fontaines,
Avec des gestes de mystère,
Disparaissent les formes vaines
Des rêves qui nous enchantèrent.

O mon songe triste…! qu’il dorme
Sans plus errer, pauvre âme en peine,
Sous les rameaux noueux des cormes,
Brume des brumeuses fontaines,

Qu’il dorme…! en la vase odorante
La source douloureuse pleure
Et le soleil, sombre amaranthe,
Se fane en l’ombre qui l’effleure.

(Marie Dauguet)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Baiser rose, baiser bleu (Théophile Gautier)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2016



Baiser rose, baiser bleu

À table, l’autre jour, un réseau de guipure,
Comme un filet d’argent sur un marbre jeté,
De votre sein, voilant à demi la beauté,
Montrait, sous sa blancheur, une blancheur plus pure.

Vous trôniez parmi nous, radieuse figure,
Et le baiser du soir, d’un faible azur teinté,
Comme au contour d’un fruit la fleur du velouté,
Glissait sur votre épaule en mince découpure.

Mais la lampe allumée et se mêlant au jeu,
Posait un baiser rose auprès du baiser bleu:
Tel brille au clair de lune un feu dans de l’albâtre.

À ce charmant tableau, je me disais, rêveur,
Jaloux du reflet rose et du reflet bleuâtre :
« Ô trop heureux reflets, s’ils savaient leur bonheur ! »

(Théophile Gautier)

Illustration: Francois Martin-Kavel

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »