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Posts Tagged ‘propice’

Le crocodile et l’esturgeon (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024




    
Le crocodile et l’esturgeon

Sur la rive du Nil un jour deux beaux enfants
S’amusaient à faire sur l’onde,
Avec des cailloux plats, ronds, légers et tranchants,
Les plus beaux ricochets du monde.

Un crocodile affreux arrive entre deux eaux,
S’élance tout-à-coup, happe l’un des marmots,
Qui crie et disparaît dans sa gueule profonde,
L’autre fuit, en pleurant son pauvre compagnon.

Un honnête et digne esturgeon,
Témoin de cette tragédie,
S’éloigne avec horreur, se cache au fond des flots ;
Mais bientôt il entend le coupable amphibie

Gémir et pousser des sanglots :
Le monstre a des remords, dit-il : ô providence,
Tu venges souvent l’innocence ;
Pourquoi ne la sauves-tu pas ?

Ce scélérat du moins pleure ses attentats ;
L’instant est propice, je pense,
Pour lui prêcher la pénitence :
Je m’en vais lui parler.

Plein de compassion,
Notre saint homme d’esturgeon
Vers le crocodile s’avance :
Pleurez, lui cria-t-il, pleurez votre forfait ;

Livrez votre âme impitoyable
Au remords, qui des dieux est le dernier bienfait,
Le seul médiateur entre eux et le coupable.
Malheureux, manger un enfant !

Mon cœur en a frémi ; j’entends gémir le vôtre…
Oui, répond l’assassin, je pleure en ce moment
De regret d’avoir manqué l’autre.
Tel est le remords du méchant.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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LE POÈTE AU MAGNOLIA (Pierre Kara)

Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2024




    
LE POÈTE AU MAGNOLIA

O Magnolia, voici mes pétales
Amour Joie et Vie

Qu’importe mon nom
que signifie mon origine
l’essentiel c’est l’arbre que je produis
le témoignage que j’apporte

la rivière d’amour qui court dans ces feuilles
le vent de joie qui les soulève
le parfum de vie qu’elles répandent

Qui dira la lente formation du bourgeon
son éclatement magique
l’ouverture progressive de la fleur
son épanouissement en plein accord cosmique

et puis la chute grandiose des pétales
la mort d’une fleur est une fête

Le Monde a grand besoin de fleurs
son salut est caché dans leurs pétales

Quand il retrouve son sens poétique
l’Homme renaît dans sa totalité

Combien d’êtres endormis se sont réveillés
pour avoir médité sur quelques pétales
ramassés à l’instant propice de leur destinée

O Magnolia d’amour, de joie et de vie

(Pierre Kara)

Recueil: Sur le cheval de Lumière
Editions: Pierre Kara

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Lorsque les jours sont longs en mai (Jaufré Rudel)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2023




    
Lorsque les jours sont longs en mai

Lorsque les jours sont longs en mai,
J’aime un doux chant d’oiseau lointain
Et quand je m’en suis éloigné,
Me rappelle un amour lointain.
Je vais courbé par le désir
Tant que chants ni fleurs d’aubépine
Ne me valent l’hiver gelé.

Bien crois-je le Seigneur pour vrai
Par qui verrai l’amour lointain,
Mais pour un bien qui m’en échoit,
J’ai deux maux, tant il m’est lointain.
Ah ! que ne suis-je pélerin
Et que ma cape et mon bâton
Par ses beaux yeux soient contemplés !

La joie quand lui demanderais
Au nom de Dieu l’abri lointain !
Car, s’il lui plait, je logerais
Près d’elle, moi qui suis lointain.
Quels doux propos on entendra
Quand l’ami lointain sera proche
Et quels beaux dits s’échangeront !

Triste et joyeux je reviendrais
Si je la vois, l’amour lointain.
Mais ne sais quand je la verrai
Nos deux pays sont si lointains !
Combien de passage et chemins
Et pour cela ne suis devin
Mais que tout soit comme à Dieu plaît !

Jamais d’amour ne jouirais
Sinon de cet amour lointain
Plus noble ou meilleure ne sais
En nul pays proche ou lointain
Tant est précieuse et vraie et sûre
Que là-bas chez les Sarrazins
Pour elle irais m’emprisonner.

Dieu fit tout ce qui va et vient
Et forma cet amour lointain
Qu’il me donne pouvoir au coeur
De bientôt voir l’amour lointain
Vraiment et en un lieu propice
Tant que la chambre et le jardin
Me semblent toujours un palais.

Il dit vrai qui me dit avide
Et désireux d’amour lointain
Nulle autre joie autant me plait
Qu’à jouir de l’amour lointain
Mais ce que je veux m’est dénié
Ce sort me jeta mon parrain
D’aimer mais n’être point aimé.

Mais ce que je veux m’est dénié
Maudit parrain qui m’a jeté
Ce sort de n’être point aimé

***

Lanquan li jorn son lonc e may
M’es belhs dous chans d’auzelhs de lonh,
E quan mi suy partitz de lay,
Remembra·m d’un’ amor de lonh.
Vau de talan embroncx e clis
Si que chans ni flors d’albespis
No·m valon plus que l’yverns gelatz.

Be tenc lo Senhor per veray
Per que formet sest’ amor de lonh,
Mas per un ben que m’en eschay
N’ai dos mals, quar tant suy de lonh.
A! quar no fuy lai pelegris,
Si que mos fustz e mos tapis
Fos pels sieus belhs huelhs remiratz!

Be·m parra joys quan li querray,
Per amor Dieu, l’ostal de lonh,
E, s’a lieys platz, alberguarai
Pres de lieys, si be·m suy de lonh,
Qu’aissi es lo parlamens fis
Quan drutz lonhdas et tan vezis
Qu’ab cortes ginh jauzis solatz.

Iratz e dolens me·n partray,
S’ieu no vey sest’ amor de lonh.
No·m sai quora mais la veyrai,
que tan son nostras terras lonh.
Assatz hi a pas e camis,
e per aisso no·n suy devis.
Mas tot sia cum a lieys platz.

Jamai d’amor no·m jauziray
Si no·m jau d’est’ amor de lonh,
que mielher ni gensor no·n sai
ves nulha part, ni pres ni lonh.
Tant es sos pretz ricx e sobris
Que lai el reng dels Sarrasis
fos hieu per lieys chaitius clamatz.

Dieus que fetz tot quant ve ni vay
E formet sest’amor de lonh
Mi don poder, que cor be n’ai,
Qu’ieu veya sest’amor de lonh,
Verayamen en luec aizis,
Si que las cambras e·ls jardis
Mi recemblo novels palatz.

Ver ditz qui m’apella lechay
e deziros d’amor de lonh,
que nulhs autres joys tan no·m play
Cum jauzimen d’amor de lonh.
Mas so qu’ieu vuelh m’es tant ahis,
Qu’enaissi·m fadet mos pairis
Qu’ieu ames e nos fos amatz.

Mas so q’ieu vuoill m’es atahis.
Totz sia mauditz lo pairis
Qe·m fadet q’ieu non fos amatz!

(Jaufré Rudel)

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Il n’y a qu’à vouloir (Claude Haller)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2022




Illustration: Gabriel Lefebvre
    
Il n’y a qu’à vouloir

Je voudrais t’aimer
De pain blanc
De four tiède
De cire d’abeille

T’aimer
De fleur sauvage
De miel clair
De thym et de lavande

T’aimer
De rosée au matin
D’aubépine à midi
Et d’ombre propice le soir

Pour que toutes nos journées
Soient au comble de toi
Et que choses si simples
Forment l’évidence
Qu’il fait simplement bon près de toi

(Claude Haller)

Recueil: Poèmes du petit matin
Traduction:
Editions: Hachette

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C’est une épine (Bernard Delvaille)

Posted by arbrealettres sur 23 janvier 2022


épine

C’est une
épine
à tout
jamais
Les mots
sont brefs
et court
l’amour
Ne rien jeter
sur ce qui fut
Propice
est le sommeil
pour espérer
et regarder
sur le fleuve
les mouettes

(Bernard Delvaille)

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Mirage (Tahar Djaout)

Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2019



cheval

regarde,
à l’horizon où s’éteignait les collines,
le cheval
son rire bruyant,
sa chevelure-oriflamme.

il gambade
dans les prairies de la mémoire,
comme un rêve longtemps reclus
qui trouve enfin la nuit propice.

(Tahar Djaout)

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Tout souffle, tout rayon (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2018



 

Dorina Costras full-moon-dorina-costras

[…]
L’onde qui fuit, par l’onde incessamment suivie,
Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal,
Fait reluire et vibrer mon âme de cristal
[…]

(Victor Hugo)

Illustration: Dorina Costras

 

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Le présent (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 24 septembre 2018



    

le présent traverse le corps

la nuque regarde le passé
toi
au croisement

tu es l’instant propice

(Bernard Noël)

 

Recueil: Un livre de fables
Traduction:
Editions: Fata Morgana

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L’épaule (Patrick Le Divenah)

Posted by arbrealettres sur 15 juillet 2018



Illustration: Jean Goujon
    
L’épaule

rien n’est jamais plus nu que quand tu la dénudes
sa rondeur innocente est propice au toucher
d’une main qui s’installe en cette rondité
après qu’on eut posé un baiser en prélude

sa chaleur est intime et pleine de quiétude
propice au songe à la caresse digitale
qui paresse tandis que le miroir ovale
souligne encor les formes de sa plénitude

c’est une étape avant les prochaines courbures
une pause après la pente de l’encolure
un double faîte entre la poitrine et le dos

et quel plus grand plaisir après la journée dure
que lorsque vient l’instant où poser sa figure
sur le dôme apaisant de l’épaule au repos

(Patrick Le Divenah)

 

Recueil: Blasons du corps féminin
Traduction:
Editions: L’Échappée Belle

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Nous sommes ingouvernables (René Char)

Posted by arbrealettres sur 7 juillet 2018



 

 

Nous sommes ingouvernables.
Le seul maître qui nous soit propice,
c’est l’Eclair,
qui tantôt nous illusionne
et tantôt nous pourfend.

(René Char)

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