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Poésie

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Mort au petit matin (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024



 

Nuit aux quatre lunes
avec un seul arbre
une seule ombre,
un seul oiseau.

Je cherche sur mon corps
la chaleur de tes lèvres.
La source baise le vent
sans le toucher.

J’ai le Non que tu m’offris
dans la paume de ma main
comme un citron de cire
presque blanc.

Nuit aux quatre lunes
Avec un seul arbre.
A la pointe d’une aiguille
tourne, tourne mon amour!

(Federico Garcia Lorca)

Illustration: Henri Manguy

 

 

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JE MEURS D’ENVIE (Jacques Higelin)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024



Illustration
    
JE MEURS D’ENVIE

je crève
je rêve
d’envie de toi
d’envie de rire
je t’aime
je meurs
sans haine
je pleure
je ris
je meurs
d’envie la vie la mort
ça mène à ça
la voie encore
la peine la joie

l’amour
la haine
je t’aime
je t’aime
et puis
encore
un jour
et puis
encore
l’amour
la nuit
le jour
se lève
je sème
des milliards
de cailloux
pour que tu
me retrouves
aller
retour
le bien
le mal
le rien
le beau
le dur
le doux
le laid
normal
tout m’est égal
le oui
le non

peut-être
le bon
ou le mauvais
ne laisseront
pas de trace
mais
à jamais
mon amour t’enlace

(Jacques Higelin)

Recueil: Flâner entre les intervalles
Editions: Pauvert

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NON (Georges-Emmanuel Clancier)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024




    
NON

UNE flamme, un feu,
Un bonheur, non ce n’est pas le bonheur,
Un ciel dans la nuit du sang,
Un embrasement, un cristal,
La transparence noire, la nuit,
La nuit pleine, la nuit qui brûle bleu,
La nuit source, la source du jour, un jour source,
Non. L’instant, rien qu’un instant.
La rose ou le diamant d’un instant
Mais si vaste, si total qu’il faudrait
Un mot, non, tous les mots, une image,
L’image de toutes les images pour dire,
Non, pour donner, pour répondre,
Pour mourir, pour vivre, toute la vie
De cet éclair, ou de cette ombre fraîche
Ou de ce temps sans bord, de ce soupir,
De ce souffle.

(Georges-Emmanuel Clancier)

Recueil: Terres de mémoire
Editions: La Table Ronde

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La traversée sensible (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 17 décembre 2023




    
La traversée sensible

S’inventer un soleil
Renaître aux larmes
Dire l’oeil de l’ornement
Risquer tous ses vaisseaux.

Assiéger l’espérance
Savoir ce que l’on aime :
Le non d’entre les oui,
Le oui d’entre les non.

Rompre enfin l’écorce !

L’univers supplantera nos enclos.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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DIRE : FAIRE (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 9 décembre 2023




DIRE : FAIRE

Entre ce que je vois et dis,
entre ce que je dis et tais,
entre ce que je tais et rêve,
entre ce que je rêve et oublie,
la poésie.
Elle glisse
entre le oui et le non :
elle dit
ce que je tais,
elle tait
ce que je dis,
elle rêve
ce que j’oublie.
Elle n’est pas un dire :
elle est un faire.
Elle est un faire
qui est un dire.
La poésie
se dit et s’entend :

elle est réelle.
Et à peine je dis
« elle est réelle »,
elle se dissipe.
Est-elle ainsi plus réelle ?

Idée palpable,
mot
impalpable :
la poésie
va et vient
entre ce qui est
et ce qui n’est pas.
Elle tisse des reflets
et les défisse.
La poésie
sème des yeux sur la page,
sème des mots dans les yeux.
Les yeux parlent,
les mots regardent,
les regards pensent.
Entendre
les pensées,
voir
ce que nous disons,
toucher
le corps de l’idée.
Les yeux
se ferment,
les mots s’ouvrent.

(Octavio Paz)

 

 

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NON, ET PUIS OUI, MAIS DANS LES FORMES (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2023



Illustration: Louis Marin Bonnet 
    
NON, ET PUIS OUI, MAIS DANS LES FORMES

1

Il est passé minuit
Je n’entends plus de bruit.
Mignonne mes amours,
Dormirez vous toujours ?
Ouvrez-moi la fenêtre
Je vous ferai connaître
Le tendre sentiment
D’un véritable amant.

2

Quel est cet étourdi
Qui se rend si hardi
De troubler mon repos
La nuit mal à propos ?
J’appellerai mon père
J’éveillerai ma mère.
Monsieur retirez-vous
Evitez leur courroux.

3

Calmez pour un moment
Votre ressentiment.
Mignonne écoutez-moi.
Je vous promets ma foi
Vous voyez mon martyre :
Je n’ose vous le dire.
Surtout pendant le jour
Je cache mon amour.

4

N’avez-vous point de peur
D’exposer mon honneur ?
Si quelqu’un nous voyait
Qu’est-ce qu’on dirait ?
Evitez le scandale,
Crainte que l’on étale
Tous vos doux entretiens
Aussi bien que les miens.

5

Je saisis cet instant
Mon petit cœur charmant,
Pour vous entretenir
Un moment à loisir.
Plus on a de tendresse
Plus on a de sagesse.
Ouvrez mon petit cœur
Faites-moi cet honneur.

6

Mon cher ami bonsoir.
Juste ciel, qu’il fait noir !
Je ne puis seulement
Vous voir mon cher amant.
Mais ce qui me console
J’entends votre parole.
Mon bonheur le plus doux
C’est d’être auprès de vous.

7

Le ciel comble mes vœux
Ah que je suis heureux.
Ma belle voulez-vous
Que je sois votre époux ?
Vous m’aimez, je vous aime.
Mon bonheur est extrême
Remplissez, s’il vous plaît
Mignonne mes souhaits.

8

Parlez à mes parents
D’un bon cœur j’y consens.
Que ce soit dès demain,
Touchez moi dans la main.
Parlez à mon cher père
Je gagnerai ma mère
Amant soyez discret
Gardez bien le secret.

9

Adieu, séparons-nous
Je prends congé de vous.
Ma poulette bonsoir
Adieu jusqu’au revoir.
Au lever de l’aurore
Je reviendrai encore
Te souhaiter le bon jour
De la part de l’amour.

(Chansons du XVIIIè)

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FANCHON REFUSE, MAIS… (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 14 novembre 2023



Illustration: William Bouguereau

    

FANCHON REFUSE, MAIS…

Fanchon dans ce beau vallon
Viens unir ta voix à ma musette
Pourquoi me répéter toujours « non » !
Laissons nos troupeaux à l’ombrage
Profitons du temps du rossignol sauvage
… Profitons de la saison
Viens, viens. N’appréhendez rien.
Je suis un berger sage
Mon plaisir est de chanter ton nom
Fanchon (bis).

2

Berger fuyons le danger
Je ne te suis pas, je crains ma mère.
Berger fuyons le danger :
Maman me défend de m’éloigner,
Car si le loup rempli de rage
Dessus mon troupeau venait faire ravage
Qui pourrait me consoler ?
L’on dirait partout dans nos villages
Fanchon abandonne le verger.
Berger fuyons le danger, Berger… (bis).

3

Viens, viens, n’appréhendez rien.
Bravons les discours du voisinage
Viens, viens, n’appréhendez rien.
Nos troupeaux sont gardés par nos chiens.
Peut-on refuser un hommage
D’un berger discret
Tendre fidèle et sage,
Qui cherche tout pour nos biens ?
Promets moi la foi du mariage.
Donne-moi ton cœur et prends le mien.
Viens, viens (bis).

4

Non, non je n’y consens pas
A vous donner mon cœur
Je suis trop jeunette
Non, non je n’y consens pas
Vos discours flatteurs ne me tentent pas
Souvent j’entends dire à ma mère…

[…]

(Chansons du XVIIIè)

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Non, mon doux ami merveilleux (Marina Tsvetaeva)

Posted by arbrealettres sur 1 octobre 2023




    
Non, mon doux ami merveilleux,
Je ne partagerai pas mes loisirs avec toi,
Je me suis fait un autre ami,
Un nouvel ami, un fils prodigue.

Tu as palais et chambres hautes,
Lui — des forêts et des déserts.
Tu as des armées de soldats
Il a les sables de la mer.

Aujourd’hui nous partons faire la fête en mer,
Demain en forêt avec les loups.
Pour chaque nuit une couche nouvelle,
Aujourd’hui des gravats, demain des cailloux.

Et il aime, mon bon ami
Qu’il fasse clair comme à Pâques.
Aujourd’hui la lune est notre lanterne
Demain les étoiles — nos lumignons.

Il était un enviable cavalier
Un doux hôte ! Le doux fils du tsar,
Mais aussitôt qu’il a vu mes yeux,
Il a quitté toutes ses armées…

(Marina Tsvetaeva)

Recueil: Poèmes de Russie (1912-1920) suivi de La Porte arrachée par Marina
Traduction: Véronique Lossky & Georges Nivat
Editions: Des Syrthes

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Ils devaient faire un bon millier (Jean L’Anselme)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2023



 

Ils devaient faire un bon millier,
banderoles et slogans, à dire non, à rire non.
Sur une place, derrière les jongleurs,
un couple s’embrassait.

(Jean L’Anselme)

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Mort à l’aube (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 1 octobre 2022




    
Mort à l’aube

Nuit de quatre lunes
et d’un seul arbre,
avec une seule ombre
et un seul oiseau.

Je cherche sur ma peau
les marques de tes lèvres.
La source embrasse le vent
Sans le toucher.

Je porte ce Non
que tu m’as laissé
dans la paume de la main,
comme un citron de cire presque blanc.

Nuit de quatre lunes
et d’un seul arbre.
Sur la pointe d’une aiguille
tourne mon amour !

(Federico Garcia Lorca)

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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