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Les roses dans l’orage (Rémy de Gourmont)

Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2024




    

Les roses dans l’orage

Les roses pâles sont blessées
Par la rudesse de l’orage,
Mais elles sont plus parfumées,
Ayant souffert davantage.
Mets cette rose à ta ceinture,
Garde en ton cœur cette blessure,
Sois pareille aux roses de l’orage.
Mets cette rose en un coffret
Et souviens-toi de l’aventure
Des roses blessées par l’orage,
L’orage a gardé son secret,
Garde en ton cœur cette blessure.

(Rémy de Gourmont)

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SEIGNEUR, DITES-MOI FRANCHEMENT (Guillaume Le Vinier)

Posted by arbrealettres sur 5 Mai 2024




    
SEIGNEUR, DITES-MOI FRANCHEMENT

Seigneur, dites-moi franchement
ce qui vous plairait davantage :
que votre amie
vous ait invité
à passer la nuit
allongé à ses côtés, nu à nu,
mais sans que vous la regardiez,
ou que, de jour, elle vous embrasse et vous sourie
dans un beau pré,
sans toutefois vous accorder
de plus grandes faveurs ?

Guillaume, c’est une bien grande folie
que propose votre chanson :
le berger d’une abbaye
n’aurait pas mieux parlé !
Quand j’aurai, étendue à mes côtés,
mon coeur, ma dame, mon amie,
celle que j’ai toute ma vie
désirée,
je vous abandonnerai volontiers le badinage
et les menus propos du pré.
(… )

Seigneur, je ne voudrais pour rien au monde
qu’on m’eût mené jusque là. Si je pouvais contempler
le visage de celle que j’aimerais,
à qui j’appartiendrais,
l’embrasser pour ma plus grande joie
et la serrer dans mes bras
à ma guise,
sachez-le, si je ne choisissais pas ce parti,
je ne serais pas un vrai amant.

Guillaume, par Dieu,
vous avez choisi un parti bien peu sage :
si je la tenais nue entre mes bras,
je ne donnerais pas le Paradis en échange,
et contempler son visage
ne me suffirait pas
si je n’obtenais rien d’autre.
J’ai pris le meilleur parti :
quand vous vous séparerez, si elle vous suit du regard,
vous n’emporterez qu’un sourire menteur.

Seigneur, Amour est mon maître,
je suis à lui, où que je sois,
et je m’en remettrai à la décision de Gilles
pour savoir qui a pris le bon chemin
et qui a pris le mauvais.

Guillaume, vous connaîtrez toujours
folie et inquiétude :
qui fait ainsi sa cour
est bien misérable !
Je veux bien en croire Gilles,
mais je m’en remets à Jean.

(Guillaume Le Vinier)

Recueil: Poèmes d’amour des XIIé et XIIIè siècles
Traduction: Emmanuèle Baumgartner et Françoise Ferrand
Editions: Cahiers de Civilisation Médiévale Année 1986

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Il faut écarter un rideau (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024




    
Il faut écarter un rideau,
mais nous ne savons où.
Il faut écarter un rideau,
mais peut-être que la scène est vide.
Ou peut-être que non
et alors
qui sont les acteurs
et quel drame sont-ils en train de représenter ?

ou bien, en ouvrant le rideau,
comprendrons-nous soudain
que c’est pour que nous-mêmes montions en scène,
bien qu’il n’y ait aucun drame à représenter?

Ou devrons-nous tirer le rideau
parce que la scène est de ce côté
et que nous ne pouvons retarder davantage
le commencement de la représentation ?

Mais, dans ce cas,
qui sont les spectateurs ?
Ou n’y a-t-il pas de spectateurs
et ne nous reste-t-il
que la pure représentation ?

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Sioux-Soldat-Vendu (Joy Harjo)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2024




    
Sioux-Soldat-Vendu

Il y la loi du Créateur qui
Nous dit :
Ne prends pas ce qui ne te revient pas.
Ne prends pas davantage que tu n’en peux
utiliser.
Respecte la vie et qui donne la vie.
Redonne.
Défends ton peuple quand il a besoin
D’être défendu.
Et lorsqu’un peuple dépouille ton esprit de
Ton corps et vend tes « peaux rouges » contre
Une prime, alors c’est lui
Qui a bafoué la loi.

***

Sioux-Soldier-Sold
There is the law of the Creator which Tells us:
Do not take what is not yours to take.
Do not take more than you can use.
Respect life and the giver of life.
Give back.
Defend your people when there is need
For defense.
And when a people strips your spirit of
Your body and sells your « red skins » for
Bounty, then they are the ones
Who have broken the law.

(Joy Harjo)

Recueil: L’aube américaine
Traduction: de l’anglais (Etats Unis) par Héloïse Esquié
Editions: Globe

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LA CHANSON D’UNE PLINTHE (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2024



    

LA CHANSON D’UNE PLINTHE

Il était une fois une modeste plinthe
(Modeste pour la plinthe est très-pléonastique
Qu’elle soit composée de bois ou de plastique)
Trop modeste en tout cas pour s’être jamais plainte.

Elle avait bien son lot d’accumulés moutons
Qui provoquaient bientôt de vifs coups de balai
Qui lui tombaient dessus lui pleuvant tout le long.
Ce dont elle souffrait davantage encor c’est

Que nul événement dans sa vie ne survienne:
Uniquement des murs, des couloirs, des jours mornes
Où elle poursuivait sa triste vie de chienne,

N’ayant d’autre horizon que celui qu’elle borne.
Ah! quelle perspective entrevoir pour la plinthe ?
Quelle expérience avoir? Offrons-lui la complainte.

(Laurent Albarracin)

Recueil: Contrebande
Editions: Le corridor bleu

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LA NEIGE (Yves Bonnefoy)

Posted by arbrealettres sur 11 février 2024




    
LA NEIGE

Elle est venue de plus loin que les routes,
Elle a touché le pré, l’ocre des fleurs,
De cette main qui écrit en fumée,
Elle a vaincu le temps par le silence.

Davantage de lumière ce soir
À cause de la neige.
On dirait que des feuilles brûlent, devant la porte,
Et il y a de l’eau dans le bois qu’on rentre.

(Yves Bonnefoy)

Recueil: Ce qui fut sans lumière suivi de Début et fin de la neige et de Là où retombe la flèche
Editions: Gallimard

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Chaque jour (Danielle Cohen-Levinas)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2023



Chaque jour la lettre amoureuse
se tait

davantage

(Danielle Cohen-Levinas)

Illustration

 

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Non, l’amour n’est pas mort en ce cœur (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2023



    

Non, l’amour n’est pas mort en ce cœur et ces yeux et cette bouche
qui proclamait ses funérailles commencées.
Écoutez, j’en ai assez du pittoresque et des couleurs et du charme.
J’aime l’amour, sa tendresse et sa cruauté.
Mon amour n’a qu’un seul nom, qu’une seule forme.
Tout passe. Des bouches se collent à cette bouche.
Mon amour n’a qu’un nom, qu’une seule forme.

Et si quelque jour tu t’en souviens
Ô toi, forme et nom de mon amour,
Un jour sur la mer entre l’Amérique et l’Europe,
À l’heure où le rayon final du soleil se réverbère sur la surface ondulée des vagues,
ou bien une nuit d’orage sous un arbre dans la campagne,
ou dans une rapide automobile,
Un matin de printemps boulevard Malesherbes,
Un jour de pluie,
À l’aube avant de te coucher,
Dis-toi, je l’ordonne à ton fantôme familier, que je fus seul à t’aimer davantage
et qu’il est dommage que tu ne l’aies pas connu.
Dis-toi qu’il ne faut pas regretter les choses : Ronsard avant moi
et Baudelaire ont chanté le regret des vieilles et des mortes
qui méprisèrent le plus pur amour.

Toi quand tu seras morte
Tu seras belle et toujours désirable.
Je serai mort déjà, enclos tout entier en ton corps immortel, en ton image étonnante
présente à jamais parmi les merveilles perpétuelles de la vie et de l’éternité,
mais si je vis
Ta voix et son accent, ton regard et ses rayons,
L’odeur de toi et celle de tes cheveux et beaucoup d’autres choses encore vivront en moi,
Et moi qui ne suis ni Ronsard ni Baudelaire,

Moi qui suis Robert Desnos et qui pour t’avoir connue et aimée,
Les vaux bien ;
Moi qui suis Robert Desnos, pour t’aimer
Et qui ne veux pas attacher d’autre réputation à ma mémoire sur la terre méprisable.

(Robert Desnos)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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Puisque nos battements s’espacent davantage (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2023




    
Puisque nos battements
S’espacent davantage,
Que nos coeurs nous échappent
Dans notre propre corps,
Viens, entr’ouvre la porte,
Juste assez pour que passe
Ce qu’il faut d’espérance
Pour ne pas succomber.
Ne crains pas de laisser
Entrer aussi la mort,
Elle aime mieux passer
Par les portes fermées.

(Jules Supervielle)

Recueil: La Fable du monde suivi de Oublieuse mémoire
Editions: Gallimard

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DIEU CRÉE LA FEMME (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 3 octobre 2023



Illustration: Odilon Redon
    
DIEU CRÉE LA FEMME

Pense aux plages, pense à la mer,
Au lisse du ciel, aux nuages,
A tout cela devenant chair
Et dans le meilleur de son âge,

Pense aux tendres bêtes des bois,
Pense à leur peur sur tes épaules,
Aux sources que tu ne peux voir
Et dont le murmure t’isole,

Pense à tes plus profonds soupirs,
Ils deviendront un seul désir,
À ce dont tu chéris l’image,
Tu l’aimeras bien davantage.

Ce qui était beaucoup trop loin
Pour le parfum ou le reproche,
Tu vas voir comme il se rapproche
Se faisant femme jusqu’au lien,

Ce dont rêvaient tes yeux, ta bouche,
Tu vas voir comme tu le touches.
Elle aura des mains comme toi
Et pourtant combien différentes,

Elle aura des yeux comme toi
Et pourtant rien ne leur ressemble.
Elle ne te sera jamais
Complètement familière,

Tu voudras la renouveler
De mille confuses manières.
Voilà, tu peux te retourner

C’est la femme que je te donne
Mais c’est à toi de la nommer,
Elle approche de ta personne.

(Jules Supervielle)

Recueil: La Fable du monde suivi de Oublieuse mémoire
Editions: Gallimard

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