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Poésie

Posts Tagged ‘péninsule’

Îles manquées (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2024



Illustration: Caroline Duvivier
    

Îles manquées
nos amours en lisière
du grand large et des terres
entre vague et labour

Îles manquées
presqu’îles, presqu’amours
presque tout, presque rien
si près
de trop, de pas assez

Presqu’îles
on déguise vos noms
on vous dit péninsules
cela donne douceur
à l’impossible

(Robert Mallet)

 

Recueil: Presqu’îles presqu’amours
Editions: Gallimard

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Petites leçons d’érotisme (Giaconda Belli)

Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2018



 

Illustration: François Joxe
    
Petites leçons d’érotisme

1
Parcourir un corps dans son extension de voile
C’est s’ouvrir sur le monde
Traverser sans boussole la rose des vents
Îles golfes péninsules digues battues par des vagues furieuses
Pour être plaisante, ce n’est point tâche facile
Ne pense pas y parvenir en un jour ou une nuit de draps en bataille
Il est des secrets dans les pores pour combler tant de lunes

2
Le corps est une carte astrale en langage chiffré
Découvres-tu un astre, peut-être te faudra-t-il alors
Changer de cap lorsque nuée ouragan ou hurlement profond
Te feront tressaillir
Conque de la main que tu ne soupçonnais pas

3
Parcours plusieurs fois telle étendue
Découvre le lac aux nénuphars
Caresse de ton ancre le centre du lys
Plonge suffoque distends-toi
Ne te refuse point l’odeur le sel le sucre
Les vents profonds cumulus rhumbs des poumons
Brume dans le cerveau
Tremblement des jambes
Raz-de-marée assoupi des baisers

4
Attends pied dans l’humus sans peur de la fatigue sans hâte
Ne prétends pas atteindre le terme
Retarde l’entrée au paradis
Place ton ange retombé ébouriffe sa dense chevelure
De l’épée de feu usurpée
Croque la pomme

5
Sens
Ressens
Échange des regards salive imprègne-toi
Tourne et retourne imprime des sanglots peau qui s’éclipse
Pied découverte à l’extrémité de la jambe
Suis cherche secret du pas forme du talon
Courbure de la démarche baies croquant une allure cambrée
Savoure…

6
Écoute conque de l’oreille
Comme gémit l’humidité
Lobe qui s’approche de la lèvre rumeur de la respiration
Pores qui se dressent formant de minuscules montagnes
Sensation frémissante de peau insurgée au toucher
Pont suave nuque descends à la houle poitrine
Marée du coeur susurre à ton oreille
Découvre la grotte de l’eau

7
Franchis la terre de feu la bonne espérance
Navigue fou là où se rejoignent les océans
Traverse les algues arme-toi de coraux hulule gémis
Émerge avec le rameau d’olivier pleure fouissant des tendresses
occultes
Dé‚nude des regards stupéfaits
Éveille le sextant depuis le haut des cils
Hausse les sourcils dilate les narines

8
Aspire soupire
Meurs un peu
Doucement lentement meurs
Agonise contre la pupille accrois la jouissance
Plie le mât gonfle les voiles
Navigue cingle vers Vénus
Étoile du matin
— la mer comme un vaste cristal étamé —
endors-toi naufragé‚.

(Giaconda Belli)

 

Recueil: L’Ardeur ABC poétique du vivre plus
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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La maison (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2018



 

La maison

Trois fois le vent, plus libre et plus furieux qu’un ange,
A soufflé dans son cor auprès de la maison.
Qu’un ange? C’est un ange évadé de prison
Qui descend l’escalier mais que l’ombre dérange,

L’ombre qui le repousse et dont la toile étrange
Accroche des soleils aux fils de l’horizon
Et plus de vers luisants qu’il n’en est au gazon
Ou dans l’obscurité protectrice des granges.

Il descend et son pas tinte dans l’escalier
Comme un pot de cristal sur le sol du cellier.
Il descend, il atteint déjà le vestibule.

Le porche s’ouvre en grand sur l’entonnoir des nuits.
J’écoute et l’imagine. Il marche, il sort, il fuit,
Il vole dans un ciel crevé de péninsules.

(Robert Desnos)

Illustration: Bernadette Mercier

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VOYAGE (Jean-Louis Chrétien)

Posted by arbrealettres sur 13 janvier 2018




Illustration: ArbreaPhotos
    
VOYAGE

toutes les cartes désormais illisibles
nous explorons l’inachevé
allumant le soir des feux brefs

lavant les noms dans les fontaines
déshabillant les odeurs savamment
nous enterrons nos larmes sous des cairns

sur un clair sentier de traverse
l’oubli rieur nous laisse enfin
sa bénédiction d’herbe

la péninsule de nos voix se perd
lentement nos gestes s’envolent
vers les yeux grands ouverts du large

(Jean-Louis Chrétien)

 

Recueil: Entre Flèche et Cri
Traduction:
Editions: Obsidiane

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Et si ces flèches qui nous percent (Jean-Louis Chrétien)

Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2018



    

et si ces flèches qui nous percent
prédisaient plus déserte brûlure
où les noms même s’évaporent
quand viendras-tu péninsule
aventurée d’haleines et d’oiseaux
ces récifs nous voulons que les vaisseaux s’y brisent
et nous y perdre corps et biens
cherchant au fond de la mer la lueur
d’une étoile à jamais future

(Jean-Louis Chrétien)

 

Recueil: Entre Flèche et Cri
Traduction:
Editions: Obsidiane

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Je serais peut-être plus seule sans la Solitude (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 2 août 2017



Je serais peut-être plus seule
Sans la Solitude —
Tant je me suis faite à mon Sort —
L’Autre — la Quiétude —

Pourrait rompre la Ténèbre —
Encombrer la petite Chambre —
Trop étriquée — de loin — pour contenir
Le Sacrement — de Sa Personne —

L’Espoir m’est étranger —
Il pourrait déranger —
Son doux cortège — profaner le lieu –
A la Souffrance consacré —

Il est peut-être plus facile
De faillir — la Terre en Vue —
Que de gagner — ma Bleue Péninsule —
Pour y périr — de Volupté —

***

It might be lonelier
Without the Loneliness —
I’m so accustomed to my Fate —
Perhaps the Other — Peace —

Would interrupt the Dark —
And crowd the little Room —
Too scant — by Cubits — to contain
The Sacrament — of Him —

I am not used to Hope —
It might intrude opon —
It’s sweet parade — blaspheme the place —
Ordained to Suffering —

It might be easier
To fail — with Land in Sight —
Than gain — my Blue Peninsula —
To perish — of Delight —

(Emily Dickinson)


Illustration retirée sur demande de l’artiste

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