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Poésie

Posts Tagged ‘s’abaisser’

La lumière dort sur la terre (Richard Rognet)

Posted by arbrealettres sur 21 Mai 2024




    
La lumière dort sur la terre, les branches s’abaissent,
les herbes se courbent, pour mieux l’entendre respirer.
Notre vie se resserre autour de ce mystère,
pendant que dans le ciel s’éparpille un nuage.

Notre vie, est-ce bien nous qui la vivons ?
Sommes-nous assez proches des oiseaux qui laissent dans l’air
la trace des rêves où notre enfance s’exila ?

Un pinson fait son nid dans le pin, tout près de ma fenêtre,
rien ne l’effraie, le jour l’aide, c’est sûr
— je vis de la lumière qui passe entre les branches, avec lui,
chaque fois qu’il revient avec quelques brindilles.

(Richard Rognet)

Recueil: Élégies pour le temps de vivre suivi de Dans les méandres des saisons
Editions: Gallimard

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L’ami (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2024




    
L’ami que j’avais pour m’aimer,
Il s’en va de plus en plus loin.
L’ami que j’avais pour m’aider,
Il vient dès que j’en ai besoin.

Et mon coeur s’arrête pendant
Que son regard sur moi s’abaisse.
Il s’arrête, il guette, il attend
Qu’enfin le sien me reconnaisse

Et folle d’espoir ma douleur
Accourt, pâle, aux bords de mon être
Comme une femme à la fenêtre.
Revient-il? Revient-il, ce coeur?

Revient-il, ce coeur? Sur sa bouche
Vole-t-il tout bas? Dans sa main
Qui saisit la mienne soudain,
Est-ce lui, soudain, qui me touche ?

Dans sa parole a-t-il tremblé
Comme autrefois? Bat-il des ailes
Comme autrefois dans ses prunelles?
L’air entre nous s’est-il troublé?

Non Ah! non ! folle, ce qui frissonne,
C’est le temps qui passe, c’est toi…
Mon ami marche autour de moi
Mais en lui je n’ai plus personne.

(Marie Noël)

 

Recueil: Les chants de la Merci suivi de Chants des Quatre-Temps
Traduction:
Editions: Gallimard

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PERMANENT INVISIBLE (René Char)

Posted by arbrealettres sur 25 septembre 2023




    
PERMANENT INVISIBLE

Permanent invisible aux chasses convoitées,
Proche, proche invisible et si proche à mes doigts,
O mon distant gibier la nuit où je m’abaisse
Pour un novice corps à corps.
Boire frileusement, être brutal répare.
Sur ce double jardin s’arrondit ton couvercle.
Tu as la densité de la rose qui se fera.

(René Char)

Recueil: le Nu perdu et autres poèmes 1964-1975
Editions: Gallimard

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Alors je la verrai (Georges-Emmanuel Clancier)

Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2023



Alors je la verrai

Que s’abaisse la colline et que s’élève la vallée,
Que l’océan soit une molle plaine d’algues
Et les milliers de fleuves un seul chemin blanc,
Que lune et nuit à la terre se confondent.
Alors je la verrai,
Ma douce ennemie d’avant les étoiles,
Celle que j’aime.

(Georges-Emmanuel Clancier)

Illustration: Didier Leveille

 

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Le tigre (Lu Ji)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Le tigre

Le sage a soif mais il ne boit pas aux sources malignes
Le sage a chaud mais il ne s’abrite pas sous des ombres faciles
L’homme véritable sait porter le poids de la liberté.
Mon cheval est sellé ; il m’emporte auprès du devoir.
Ma cravache rythme son pas vif vers l’aventure qui appelle
Ma faim recherche l’antre des tigres — je me nourris de leur sauvagerie
Le froid et le sommeil me conduisent au bois des oiseaux où trouver refuge
La fin du jour presse mon coeur insatisfait — ma quête n’est pas finie.
Je vois le déroulement des jours ; l’an s’épuise dans la nuit qui vient.
De lourds nuages occupent le rivage et poussent leurs soupirs vers la montagne.
La vallée retient mes vers et la crête des pics libère mes souffles angoissés.
Si l’agitation heurte les cordes du luth, Les hautes aspirations élèvent la parole.
Ô ! Comme vivre peut être pesant parfois !
Mais que se passe-t-il en moi qui braille la lâcheté qui s’épanche ?
Je frappe mon coeur — « réveille-toi et garde droite la vertu nécessaire ! »
Si ma poitrine se gonfle, voilà ma tête qui s’abaisse — comme j’ai honte…

(Lu Ji)

(261-303)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Le vent du soir (Francis Carco)

Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2020



 

Charles Guilloux  _Paysage-2

Le vent du soir

Le vent du soir berce ma peine.
De molles branches, doucement
Balancées, frémissent à peine
Sous un souffle lent et clément.

Le ciel mouvant tourne et s’abaisse
Et, brusquement, voici la nuit.
J’entends glisser , entre les haies,
La fraîcheur vive de la pluie.

Et par dessus le mur, je vois –
Horizon calme – de confuses
Prairies mouillées, mêlées, fondues
Dans les brouillards blêmes et froids.

(Francis Carco)

Illustration: Charles Guilloux

 

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Dans les brumes (Meng Hao-ran)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2020




    
Dans les brumes, près de l’île, on amarre la barque
Au crépuscule renaît la nostalgie du voyageur
Plaine immense : le ciel s’abaisse vers les arbres
Fleuve limpide : la lune s’approche des humains

(Meng Hao-ran)

 

Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil

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Le silence (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2018



Illustration
    
Le silence

Écoute, bien-aimée : je lève la main —
Écoute ce bruit…
Quel est le geste des solitaires
que ne guettassent tant de choses ?
Écoute, bien-aimée : je ferme les paupières,
et c’est aussi un bruit qui va vers toi.
Écoute, bien-aimée : je lève les paupières…
… mais pourquoi donc n’es-tu pas là ?

Le moindre de mes mouvements
reste imprimé sur la soie du silence;
la moindre émotion reste, impérissable,
imprimée sur le rideau des horizons.
Sur mon souffle s’élèvent et s’abaissent
les étoiles.
Les parfums à ma lèvre s’abreuvent
et je reconnais les poignets
d’anges lointains.
Seule toi à qui je pense :
tu n’es pas là.

(Rainer Maria Rilke)

 

Recueil: Oeuvres 2 Poésie
Traduction: Jacques Legrand, Lorand Gaspar, Philippe Jaccottet, Armel Guerne, Maurice Betz
Editions: Seuil

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VOYAGES (Maurice Fombeure)

Posted by arbrealettres sur 10 avril 2018



Illustration: Vassily Kandinsky
    
VOYAGES
A Charles Bory.

Locomotives coquecigrues,
Vois les trains tonnant d’allégresse
Où les marchands de boeufs, les grues,
Se carrent, larges, à deux fesses;

Nous retrouverons la campagne
Et ses tétines de pain bis
A l’heure aromatique et douce
Où l’on pêche les écrevisses,

Les chemins des vieilles années
Dans les vergers de Vaucouleurs
Titubant, ruisselant d’abeilles
Eclatés de pommiers en fleurs.

Demoiselles du temps passé
Au visage usé de tristesse,
Le soleil de la vie s’abaisse,
L’herbe pousse entre les pavés…

Un grand coq noir ouvre ses ailes,
L’église chante, pleure au loin
Dans l’aube laiteuse et fidèle,
Dans le grand soir immaculé.

Les dieux de bois sur les étés
Sonnants, ouvrent des ailes mortes;
Dans les greniers lourds d’arentelles,
Les astres se sont endormis.

C’est là que mon enfance songe.
A l’écart des peines, des gens,
Sage, accoudée sur les bois sombres,
Sur le vide immense des champs.

(Maurice Fombeure)

 

Recueil: A dos d’oiseau
Traduction:
Editions: Gallimard

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Croyance (Marceline Desbordes-Valmore)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2018



 

Giampaolo Ghisetti -  (12)

Croyance

Souvent il m’apparut sous la forme d’un ange
Dont les ailes s’ouvraient,
Remontant de la terre au ciel où rien ne change ;
Et j’ai vu s’abaisser, pleins d’une force étrange,
Ses bras qui m’attiraient.

Je montais. Je sentais de ses plumes aimées
L’attrayante chaleur ;
Nous nous parlions de l’âme et nos âmes charmées,
Comme le souffle uni de deux fleurs embaumées,
N’étaient plus qu’une fleur.

Et je tremblerai moins pour sortir de la vie :
Il saura le chemin.
J’en serai, de bien près, devancée ou suivie ;
Puis, entre Dieu qui juge et ma crainte éblouie,
Il étendra sa main.

Ce noeud, tissu par nous dans un ardent mystère
Dont j’ai pris tout l’effroi,
Il dira que c’est lui, si la peur me fait taire ;
Et s’il brûla son vol aux flammes de la terre,
Je dirai que c’est moi !

Son souffle lissera mes ailes sans poussière
Pour les ouvrir à Dieu,
Et nous l’attendrirons de la même prière ;
Car, c’est l’éternité qu’il nous faut tout entière :
On n’y dit plus :  » Adieu !  »

(Marceline Desbordes-Valmore)

Illustration: Giampaolo Ghisetti

 

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