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Cueillie au printemps (Catulle Mendès)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2021



Le poète se souvient d’une fleur…

cueillie au printemps

Une rose d’un mois d’avril
Sous une étoile qui regarde
Éveilla, malice ou mégarde,
mon désir pas encor viril.

C’est ta bouche au rose grésil
Qui fut pour ton page, Hildegarde,
Une rose d’un mois d’avril
Sous une étoile qui regarde.

J’ai connu les deuils, le péril,
Depuis, et l’angoisse hagarde !
mais qu’importe, puisque je garde
Fraîche en mon vieux coeur puéril
Une rose d’un mois d’avril !

(Catulle Mendès)

 

 

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SUR UN LIT… (Menahem Boraisha)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2019



Illustration: Jules Bastien-Lepage
    
SUR UN LIT…

Sur un lit dur, derrière un mur de planches
On entend des pas comme un chuchotis,
La femme des bois fait bruire les branches,
Sa robe se froisse à longs plis.

Pareils à l’eau d’un lac ses seins ondoient,
Cordes nouées ses nattes sont de chanvre,
Vaste est son ventre, il oscille et se ploie
Au balancement de ses hanches.

Pour celui-là qui lui barre la route,
Homme viril qui saura la saisir,
Sa forme soudain devient frêle et douce,
Sa chair frémit d’attendre le plaisir.

À l’abandon les épaules pesantes,
Ses seins sont brûlants d’un feu germinal
Et sa beauté dévoile, consentante,
Le bois sauvage et le giron natal.

La moisson neuve ayant comblé ses sens
Elle a quitté son complice de chair,
Rêvant déjà retrouver la puissance
D’un autre amant sur les chemins déserts.

Où la terre est de mousse et sont tendres les touffes
Ses enfants furent allaités,
Dans chaque appel que la forêt étouffe
Lui vient l’écho de sa fécondité.

Tombent les plis, s’apaise la rumeur,
La femme des bois retient son élan,
Quelqu’un puissamment en elle demeure
Désir éternel et violent.

(Menahem Boraisha)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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La flûte (Stuart Merrill)

Posted by arbrealettres sur 12 septembre 2019



 

La flûte

A STEPHANE MALLARME

Au temps du gazouillis des feuilles, en avril,
La voix du divin Pan s’avive de folie,
Et son souffle qui siffle en la flûte polie
Eveille les désirs du renouveau viril.

Comme un appel strident de naïade en péril
L’hymne vibre en le vert de la forêt pâlie
D’où répond, note à note, écho qui se délie,
L’ironique pipeau d’un sylvain puéril.

Le fol effroi des vents avec des frous-frous frêles
Se propage en remous criblés de rayons grêles
Du smaragdin de l’herbe au plus glauque des bois :

Et de tes trous, Syrinx, jaillissent les surprises
Du grave et de l’aigu, du fifre et du hautbois,
Et le rire et le rire et le rire des brises.

(Stuart Merrill)

 

 

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RIVIÈRE (Annie Salager)

Posted by arbrealettres sur 9 février 2019




    
RIVIÈRE

Ma main d’eau ouverte
— mais qu’aurait-elle aimé
retenir entre ses doigts —
ne se soucie pas de
celles à l’insatiable avoir
qui blessent écrasent tuent
ma main aime l’oubli
et pauvreté l’a enrichie,

main devenue rivière
reverdit le champ
où le chant d’oiseau
fait l’eau des matins
quand le blé viril vole
et le féminin en lui
sourit du même désir,

main d’eau, elle s’est ouverte
malgré tant de saisons
passées à s’ignorer,
sur l’opacité de l’ombre
et la nuit des mots
qui les roule et luit

(Annie Salager)

 

Recueil: La Mémoire et l’Archet
Traduction:
Editions: La rumeur libre

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PAR L’INFLUENCE DU PRINTEMPS (Rubén Darío)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2018



Illustration
    
PAR L’INFLUENCE DU PRINTEMPS

Dans le vase de cristal
il y a des fleurs nouvelles. Cette nuit,
il y eut une pluie de baisers.
Elle réveilla un faune bicorne
à la poursuite d’une âme émotive.
Nombre de fleurs exprimèrent leur parfum.
Dans la passionnelle syrinx
grandirent sept voix
qui dans sept roseaux furent placées
par Pan.

D’anciens rites païens
se renouvelèrent. L’étoile
de Vénus brilla, plus limpide
et diamantine. Les fraises
des bois rendirent leur sang.
Le nid se mit en fête.
Un rêve florentin
refleurit de printemps,
de façon qu’en chair vive
resurgirent les aspirations perdues.
Imaginez un chêne
donnant une rose fraîche ;

un bon ægipan latin
avec une bacchante grecque
et parisienne. Une musique
magnifique. Une suprême
inspiration primitive,
emplie de choses modernes.
Un vaste orgueil viril
que parfume l’odor di femina ;
un trône de pierre où
repose un lys.

Divine Saison ! Divine
Saison ! L’aube sourit
plus tendrement. La traîne
du paon exalte
son prestige. Le soleil augmente
son intime influence, et la harpe
nerveuse vibre seule.
Ô Printemps sacré !
Ô jouissance du don sacré
de la vie ! Ô palme superbe
sur nos fronts ! Cou
du cygne ! Colombe blanche !
Rose rouge ! Pallium bleu !
Et tout pour toi, ô mon âme !
Et pour toi, mon corps, et pour toi,
idée qui les relies.
Et pour Toi, que nous cherchons
et jamais ne trouverons —
jamais !

(Rubén Darío)

 

Recueil: Chants de vie et d’espérance
Traduction: Lionel Igersheim
Editions: Sillage

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Rive ancienne (Luis Cernuda)

Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2017




Illustration
    
Rive ancienne

Il a tant plu depuis lors,
Quand les dents n’étaient pas chair, mais jours
Tout petits comme un fleuve ignorant
Appelant ses parents car il sent le sommeil,
Il a tant plu depuis lors,
Que les pas s’oublient déjà dans la tête.

Les uns disent que oui, d’autres disent que non ;
Mais oui et non sont deux petites ailes,
Equilibre d’un ciel au cœur d’un autre ciel,
Comme un amour est au-dedans d’un autre,
Comme l’oubli est au coeur de l’oubli.

Si, furieux, le supplice réclame des fêtes
Parmi les nuits les plus viriles,
Nous ne ferons rien d’autre que poignarder la vie,
Sourire aveuglément à la déroute,
Tandis que les années, mortes comme des morts,
Ouvrent leur tombe d’étoiles éteintes.

***

Vieja ribera

Tanto ha llovido desde entonces,
Entonces, cuando los dientes no eran carne, sino días
Pequeños como un río ignorante
A sus padres llamando porque siente sueño,
Tanto ha llovido desde entonces,
Que ya el paso se olvida en la cabeza.

Unos dicen que sí, otros dicen que no;
Mas sí y no son dos alas pequeñas,
Equilibrio de un cielo dentro de otro cielo,
Como un amor está dentro de otro,
Como el olvido está dentro del olvido.

Si el suplicio con ira pide fiestas
Entre las noches más viriles,
No haremos otra cosa que apuñalar la vida,
Sonreír ciegamente a la derrota,
Mientras los años, muertos como un muerto,
Abren su tumba de estrellas apagadas.

(Luis Cernuda)

 

Recueil: Un fleuve, un amour
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Fata Morgana

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Les Neuf portes de ton corps (Guillaume Apollinaire)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2017



Les Neuf portes de ton corps

Ce poème est pour toi seule Madeleine
Il est un des premiers poèmes de notre désir
Il est notre premier poème secret ô toi que j’aime
Le jour est doux et la guerre est si douce
S’il fallait en mourir

Tu l’ignores ma vierge à ton corps sont neuf portes
J’en connais sept et deux me sont celées
J’en ai pris quatre j’y suis entré n’espère plus que j’en sorte
Car je suis entré en toi par tes yeux étoilés
Et par tes oreilles avec les Paroles que je commande et qui sont mon escorte

Œil droit de mon amour première porte de mon amour
Elle avait baissé le rideau de sa paupière
Tes cils étaient rangés devant comme les soldats noirs peints sur un vase grec paupière rideau lourd
De velours
Qui cachait ton regard clair
Et lourd
Pareil à notre amour

Œil gauche de mon amour deuxième porte de mon amour
Pareille à son amie et chaste et lourde d’amour ainsi que lui
O porte qui mènes à ton cœur mon image et mon sourire qui luit
Comme une étoile pareille à tes yeux que j’adore
Double porte de ton regard je t’adore

Oreille droite de mon amour troisième porte
C’est en te prenant que j’arrivai à ouvrir entièrement les deux premières portes
Oreille porte de ma voix qui t’a persuadée
Je t’aime toi qui donnas un sens à l’Image grâce à l’Idée

Et toi aussi oreille gauche toi qui des portes de mon amour est la quatrième
O vous les oreilles de mon amour je vous bénis
Portes qui vous ouvrîtes à ma voix
Comme les roses s’ouvrent aux caresses du printemps
C’est par vous que ma voix et mon ordre
Pénètrent dans le corps entier de Madeleine
J’y entre homme tout entier et aussi tout entier poème
Poème de son désir qui fait que moi aussi je m’aime

Narine gauche de mon amour cinquième porte de mon amour et de nos désirs
J’entrerai par là dans le corps de mon amour
J’y entrerai subtil avec mon odeur d’homme
L’odeur de mon désir
L’âcre parfum viril qui enivrera Madeleine

Narine droite sixième porte de mon amour et de notre volupté
Toi qui sentiras comme ta voisine l’odeur de mon plaisir
Et notre odeur mêlée plus forte et plus exquise qu’un printemps en fleurs
Double porte des narines je t’adore toi qui promets tant de plaisirs subtils
Puisés dans l’art des fumées et des fumets

Bouche de Madeleine septième porte de mon amour
Je vous aie vue ô porte rouge gouffre de mon désir
Et les soldats qui s’y tiennent morts d’amour m’ont crié qu’ils se rendent
O porte rouge et tendre
O Madeleine il est deux portes encore
Que je ne connais pas
Deux portes de ton corps
Mystérieuses

Huitième porte de la grande beauté de mon amour
O mon ignorance semblable à des soldats aveugles parmi les chevaux de frise sous la lune
liquide des Flandres à l’agonie
Ou plutôt comme un explorateur qui meurt de faim de soif et d’amour dans une forêt vierge
Plus sombre que l’Érèbe
Plus sacrée que celle de Dodone
Et qui devine une source plus fraîche que Castalie
Mais mon amour y trouverait un temple
Et après avoir ensanglanté le parvis sur qui veille le charmant monstre de l’innocence
J’y découvrirais et ferais jaillir le plus chaud geyser du monde
O mon amour ma Madeleine
Je suis déjà le maître de la huitième porte

Et toi neuvième porte plus mystérieuse encore
Qui t’ouvres entre deux montagnes de perles
Toi plus mystérieuse encore que les autres
Porte des sortilèges dont on n’ose point parler
Tu m’appartiens aussi
Suprême porte
À moi qui porte
La clef suprême des neuf portes

O portes ouvrez-vous à ma voix
Je suis le maître de la Clef

(Guillaume Apollinaire)

 

 

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Le sel (Henri Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2016



Le sel

Il vient de la mer, je le sais
son sel durcit dans ma broussaille
Le soir, s’il me dit : chante !
je deviens fou, mon ombre est folle
je dis la chose sans paroles.
Les gens viennent, les gens se taisent sous la lune.
Et je danse pour le viril
le plus mouvant, plus simple et plus terriblement subtil.
Je meurs, je sombre, délirance
est sous la pointe de mon pied.
Rien, la voix ne m’est rien. C’est son silence contre
toujours plus contre moi
qui révolte l’instant et fait tourner le ciel.

(Henri Bauchau)

Découvert ici: http://revuedepoesie.blog.lemonde.fr/

Illustration

 

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