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Posts Tagged ‘(Guy Goffette)’

Lettre à l’inconnue d’en face (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 5 mars 2024



    

Lettre à l’inconnue d’en face

1
Rideaux, tentures, voilages, non rien, Madame,
pour dérober à votre oeil de cyclope
dans l’ombre qui m’épie ce long corps nu
de faux gisant recru d’intempérances,
et qui se pâme aussi devant votre balcon
où sèche toute une lingerie de nonne aux abois —
fleurs vénéneuses pour le solitaire
que la mort affole dresse démoelle dans la nuit,
rivé à vos blanches cuisses.

2
Si peu de lumière sur ma table,
si peu que les mots comme fleurs rabougrissent
— et ma chair, si vous n’y portez remède par saoules salives,
si votre ventre fougueusement ne l’enroule,
ma chair vive et veuve livrée nue chaque nuit à votre délectation
s’en ira elle aussi pétale à pétale avant que nous n’ayons trouvé,
belle inconnue, cette bête qui voyage beaucoup.

3
Reconnaissez Madame
que mourir hors du dérèglement de tous les sens
est triste et sans aucun profit
(présent gâché que la vertu, la nuit vient vite
et la plus belle rose est du fumier).
Ouvrez vos ombres votre giron vos lèvres :
le clou du spectacle est en bas dans la rue où,
preste comme une main sous les robes,
le vent réveille les beaux orages qui nous étaient promis.

(Guy Goffette)

Recueil: Un manteau de fourrures suivi de L’adieu aux lisières et de Tombeau du Capricorne
Editions: POINTS

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VOILÀ (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024




    

VOILÀ
pour André Schmitz

Tout offert, tout perdu, comme le prénom
du matin dans l’herbe déjà verte — ô pâle,
si pâle visage de l’aimée à peine entrevu,
et c’est encore (encore déjà)

ton vieux chien sale et fidèle et traînant
son gros derrière qui le rapporte : voilà,
dit-il, voilà tout ce que j’ai, mon seul trésor, accepte-le, accepte

que ce jour soit un jour simplement,
un jour donné, un jour de passage encore
et qui traîne un peu les pieds dans ta vie
où rien ne bouge dangereusement,

comme une voile dans l’embargo du vent.

(Guy Goffette)

 

Recueil: Le pêcheur d’eau
Editions: Gallimard

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ASSIEDS-TOI, MON ÂME (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024



    
ASSIEDS-TOI, MON ÂME

Et puis un jour arrive et le bonheur est là
comme la mer au pied de la mer, on touche
la fenêtre, le bois, pour apaiser ce sang
qu’on croyait disparu

avec le vieux cheval qui ruminait l’azur,
et le cri vert de l’herbe sous l’étouffoir
glacé ; on touche à ce qui n’est pas encore,
ce qui viendra : la vie

promise, mais on a trop de jambes, trop
de bras et le coeur fait des noeuds
— assieds-toi donc mon âme, assieds-toi, laisse
l’enfant de tes rides, l’enfant perdu,

défaire le filet du pauvre pêcheur d’eau.

(Guy Goffette)

 

Recueil: Le pêcheur d’eau
Editions: Gallimard

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LES CORBEAUX (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024




    
LES CORBEAUX

Vous qui faites le ciel plus blanc que la douleur
dans les yeux renversés du rieur public,
ô mes corbeaux de poix et de plumes,
de quelle chair parlez-vous ? De quelle

chair perdue qu’il en frissonne jusqu’à l’âme
celui qui va montrant à tous l’éclat
de ses dents comme une bête de cirque
— et l’herbe, elle aussi plus bleue

que la mer avant de sombrer dans la nuit,
frissonne. De quelle chair, dites, brûlez-vous
avant l’automne, qu’il ne lui reste
après l’aveu de l’éteule noircie

qu’un goût de cendre dans la bouche ?

(Guy Goffette)

 

Recueil: Le pêcheur d’eau
Editions: Gallimard

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SOUVENIR D’OHRID (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024




    
SOUVENIR D’OHRID
à Philippe Delaveau

Finis les beaux voyages et les séjours
indolents au milieu des barriques de vin,
des tapis et des ors d’un Orient de quatre
sous, finie la mer lisse du lac

où le sable va longtemps sous le pied
comme une semelle de rêve : voici l’hiver
qui monte dans l’été comme un chat
dans l’arbre — et les feuilles sont noires

avant l’automne, sombres prémisses : déjà
des femmes pleurent et des hommes s’égorgent
qui recueillaient hier ensemble les mots
bleus du poète. Tout est rouge à présent

comme nos fronts penchés sur la carte qui brûle.

(Guy Goffette)

 

Recueil: Le pêcheur d’eau
Editions: Gallimard

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Poète, lis ton poème (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 18 Mai 2023




    
Poem in French, English, Spanish, Dutch and in Albanian, Arabic, Catalan, Chinese, Farsi, Fillipino, French, German, Greek, Hebrew, Hindi, Icelandic, Indonesian, Irish (Gaelic), Italian, Japanese, Kiswahili, Kurdish, Macedonian, Malay, Polish, Portuguese, Romanian, Russian, Serbian, Sicilian, Urdu

Poetry without Borders Ithaca 758
GUY GOFFETTE, Belgium

– All translations are made in collaboration with Germain Droogenbroodt –

***

Poète, lis ton poème dirent-ils
que le monde enfin se renverse
comme une tête sous la lampe
qu’enfin s’épelle ce nom
dont l’ignorance nous aveugle

Alors, lui, ouvrant le livre
vit que les pages étaient devenues blanches.

(Guy Goffette) Belgique (1947)

***

REVERSAL

“Poet, read your poem,” they said,
“so that the world would finally reverse
like a head under the lamp,
so that at last that name would be spelled
whose ignorance blinds us.”

Then, he, opening the book,
saw that the pages had become white.

GUY GOFFETTE, Belgien (1947)
Translation Germain Droogenbroodt – Stanley Barkan

***

Poeta, dijeron, lee tu poema
que vuelque al fin el mundo
como una cabeza bajo la lámpara.
Que por fin se deletree este nombre
cuya ignorancia nos ciega.

Entonces él, abriendo el libro,
vio que las páginas se habían vuelto blancas.

GUY GOFFETTE, Belgica (1947)
Traducción Germain Droogenbroodt – Rafael Carcelén

***

Dichter, lees je gedicht, zeiden ze
opdat de wereld eindelijk zou omkeren
als een hoofd onder de lamp
opdat eindelijk die naam zou worden gespeld
waarvan de onwetendheid ons verblindt.

Hij, het boek openslaand,
zag dan dat de bladzijden wit geworden waren.

GUY GOFFETTE, Belgie (1947)
Vertaling Germain Droogenbroodt – Annie Reniers

***

NDRYSHIM

“Poet, lexoje poezinë tënde,” i thanë,
“kështu që më në fund bota do të kthehet përmbys
si një kokë nën llambë,
sepse përfundimisht do të shqiptohet ai emër
injoranca e të cilit na verbon.”

Pastaj, ai vetë, duke e hapur librin,
pa që fletët ishin bërë të bardha krejt.

GUY GOFFETTE, Belgjikë (1947)
Translated into Albanian by Irma Kurti

***

إِنْقِلاب

قَالُوا يَا شَاعِر اقْرأ قَصِيدَتَك ،
إِلى أَنْ »
يَنْقَلِبَ العَالَمَ أَخيرًا مِثلَ رأسٍ تَحت مِصباح
إِلى أَنْ »
يَتِم أخيرًا قِراءَة هَذَا الاسمَ الذي يُعْمِينا جَهْلَه
ثُم  »
عِنْدَمَا أَفْتَحُ الكِتَاب… أَرَى أَنَّ الصَّفَحَات أَصْبَحَت بَيضَاءَ.

غاي غوفيت (GUY GOFFETTE)، بلجيكا، (1947)
Translated into Arab by Mesaoud Abdelkader

***

Poeta, van dir, llegeix el teu poema
que bolqui per fi el món
com un cap sota el llum.
Que per fi es lletregi aquest nom
la ignorància del qual ens cega.

Aleshores ell, obrint el llibre,
va veure que les pàgines s’havien tornat blanques.

GUY GOFFETTE, Bèlgica (1947)
Traducció al català: Natalia Fernández Díaz-Cabal

***

反 转

“诗人,读你的诗,” 他们说,
“以便世界就像灯下的头
一样最终会反转,
以便那个无知蒙蔽我们的
人的名字会被拼写出来。”

然后,他, 打开书,
却看到书页早已变白了。

原 作:比利时 谷· 贡菲特
英 译:杰曼·卓根布鲁特-斯坦利·巴坎
汉 译:中 国 周道模 2023-3-12
Translated into Chinese by Willam Zhou

***

واژگون

شاعر شعر تو را می‌خواند،«آنها گفتند،
جهان سرانجام واژگون می‌شود
مانند سری در زیر چراغ،
تا سرانجام آن اسم نوشته شود
که نادانی کورمان می‌کند
سپس، او، کتاب را باز کرده،
می‌بیند که صفحات سفید شده‌اند.

گای گوفیته، بلژیک، ۱۹۴۷
ترجمه: سپیده زمانی
Translated into Farsi by Sepideh Zamani

***

PAGSALIWA

“Makata, basahin mo ang iyong tula, yan ang wika nila,
“upang tuluyan ng bumaliktad ang mundo”
kagaya ng ulo sa ilalim ng lampara,
nang sa wakas ay mabaybay ang pangalang iyaon”
sa kanyang kamangmangan ay bumubulag sa atin.

Pagkatapos, siya, na nagbuklat ng libro,
nakita niya na namuti na ang pahina.

GUY GOFFETTE, Belgium (1947)
Isinalin ni Eden Soriano Trinidad-Pilipinas

***

Dichter, lies dein Gedicht sagen sie
damit die Welt sich endlich umdreht
wie ein Kopf unter der Lampe
so dass endlich dieser Name buchstabiert wird
dessen Unwissenheit uns blendet.

Dann schlug er das Buch auf,
sah, dass die Seiten weiß geworden waren.

GUY GOFFETTE, Belgien (1947)
Übersetzung Germain Droogenbroodt – Wolfgang Klinck

***

ΑΝΤΙΣΤΡΟΦΗ

Ποιητή, απήγγειλε το ποίημα σου, είπαν
αντίστροφα για να γυρίσει ο κόσμος
σαν κεφαλή κάτω απ’ τη λάμπα,
για να ξαναειπωθεί εκείνο

τ’ όνομα που η άγνοια του μας τύφλωνε.

Και τότε άνοιξε το βιβλίο

κι είδε πως όλες οι σελίδες ήταν ολόλευκες.

GUY GOFFETTE, Belgium
Μετάφραση Μανώλη Αλυγιζάκη
Translated into Greek by Manolis Aligizakis

***

היפוך / גיא גופטה
GUY GOFFETTE, Belgium (1947)

« מְשׁוֹרֵר, קְרָא שִׁירְךָ », הֵם אָמְרוּ,
« כְּדֵי שֶׁהָעוֹלָם יִתְהַפֵּך סוֹף סוֹף
כְּמוֹ רֹאשׁ מִתַּחַת לַמְּנוֹרָה,
כְּדֵי שֶׁסּוֹף סוֹף יִכָּתֵב הַשֵּׁם הַזֶּה
שֶׁבּוּרוּתוֹ מְעַוֶּרֶת אוֹתָנוּ ».

וְאָז, הוּא, פּוֹתֵחַ אֶת הַסֵּפֶר,
רָאָה שֶׁהַדַּפִּים הָפְכוּ לְבָנִים.

תרגום לאנגלית: ג’רמיין דרוגנברודט וסטנלי ברקן
תרגום מאנגלית לעברית: דורית ויסמן
Translated into Hebrew by Dorit Weisman

***

उलटाव

« कवि, अपनी कविता पढ़ें, » उन्होंने कहा,
« ताकि दुनिया अंत में उलट जाए
दीपक के नीचे एक सिर की तरह,
ताकि अंत में वह नाम लिखा जा सके
जिसका अज्ञान हमें अंधा कर देता है। »

फिर, उसने किताब खोलकर,
देखा कि पन्ने सफेद हो गए हैं।

गाय गोफेट, बेल्जियम (1947)
ज्योतिर्मय ठाकुर द्वारा हिंदी अनुवाद।
Hindi translation by Jyotirmaya Thakur.

***

UMSNÚNINGUR

„Skáld, lestu ljóð þitt,” sögðu þau,
„svo að heimurinn hvolfist loks
eins og höfuð undir lampanum,
svo að loksins verði nafnið stafað
sem við verðum blind af að þekkja ekki.”

Þá opnaði hann bókina
og sá að síðurnar voru orðnar auðar.

GUY GOFFETTE, Belgíu (1947)
Þór Stefánsson þýddi
Translated into Icelandic by Thor Stefansson

***

KETERBALIKAN

“Penyair, baca puisimu” kata mereka,
“Sehingga dunia akhirnya akan terbalik
layaknya kepala dibawah lampu,
sehingga pada akhir nama itu akan dieja
yang ketidak-tahuannya membutakan kita.”

Kemudian,dia, membuka buku,
melihat halaman telah menjadi putih.

GUY GOFFETTE, Belgium (1947)
Translated into Indonesian by Lily Siti Multatuliana

***

ATHRÚ IOMLÁN

“Léigh do dhán, a fhile,” a dúirt siad,
“agus tiocfaidh athrú iomlán ar an domhan.
Mar splanc thintrí,
lasfaidh do bhriathar an dorchadas
atá mórthimpeall orainn.”

D’oscail an file an leabhar—
ní fhaca ann ach pár bán.

GUY GOFFETTE, an Bheilg (1947)
Leagan Gaeilge le Rua Breathnach
Translated into Irish (Gaelic) by Rua Breathnach

***

“Poeta, leggi la tua poesia,” dicevano,
“così che il mondo possa finalmente capovolgersi
come una testa sotto la lampada,
e finalmente possa essere pronunciato quel nome
la cui ignoranza ci acceca.”

Allora, aprendo il libro,
egli vide che le pagine erano diventate bianche.

GUY GOFFETTE, Belgio (1947)
Traduzione di Luca Benassi

***

反転

「詩人よ、あなたの詩を読みなさい」と、彼らは言った。
「世界が逆さまになるように、ランプの下に頭があるように、
無知が盲目にしていたわたしたちの名前が綴られるように」
そして、彼が本を開けると
ページが真っ白になっているのを見た

ギ・ゴフェット(1947, ベルギー)
Translated into Japanese by Manabu Kitawaki

***

GEUZA KINYUME

“Mshairi, soma shairi lako,” walisema,
“ili ulimwengu hatimaye ugeuke kinyume
kama kichwa chini ya taa,
ili mwishowe jina hilo liandikwe
ambalo ujinga wake unatupofusha.”

Kisha, yeye, akifungua kitabu,
akaona kurasa zimekuwa nyeupe.

GUY GOFFETTE, Ubelgiji (1947)
Translated into Kiswahili by Bob Mwangi Kihara

***

HELBEST BI BÛNEYA ROJA HELBESTVANIYA CÎHANÎ

Helbestvan! Helbesta xwe bixwîne, ew dibêjin
taku cîhan li dawyê kanibe xwe vegerîne
mîna seriyek di bin lempê de
weha ku li dawyê ev nav bê nivisîn
nezaniya wî me kwîrdike.

Paşê wî pirtûk pêşniyaz kir,
dît, ku rûpel sipî mane.

GUY GOFFETTE, 1947, Belcîka
Translation into Kurdish by Hussein Habasch

***

ПРЕСВРТ

„Поету, прочитај ја твојата песна“ рекоа тие,
„за светот конечно да се преврти
како глава под ламбата,
за најпосле тоа име да биде напишано
чие незнаење нѐ заслепува“.

Тогаш, тој, ја отвори книгата и
виде дека страниците станале бели.

GUY GOFFETTE, Belgium (1947)
Гај Гофет, Белгија (1947)
Translation into Macedonian: Daniela Andonovska-Trajkovska
Превод на македонски: Даниела Андоновска-Трајковска

***

KEBALIKAN

“Penyair, baca puisimu,” kata mereka,
agar dunia menjadi terbalik
laksana kepala di bawah pelita,
akhirnya nama itu dieja
kejahilan menjadikan kita buta.”

Sesudah itu dia membuka buku
dan melihat halamannya menjadi putih.

GUY GOFFETTE, Belanda (1947)
Penterjemah: Dr.Raja Rajeswari Seetha Raman

***

W DRUGĄ STRONĘ

“Poeto, odczytaj swój wiersz,” mówili,
“by świat w końcu zmienił kierunek swego biegu
jak głowa pod lampą,
by w końcu wymówiono to słowo
którego nieznajomość czyni nas ślepcami.”

Wtedy on, otworzywszy tomik,
zobaczył, że strony stały się puste.

GUY GOFFETTE, Belgia (1947)
Translated to Polish: Mirosław Grudzień – Anna Maria Stępień

***

Poeta, disseram, lê o teu poema
que o mundo por fim se vire
como uma cabeça sob a lâmpada.
Que por fim se soletre esse nome
cuja ignorância nos cega.

Então ele, abrindo o livro,
viu que as páginas se tinham tornado brancas.

GUY GOFFETTE, Bélgica (1947)
Tradução portuguesa: Carlos Ramos

***

Poete, recită-ți poezia, au să te-ndemne,
să se răstoarne în sfârșit lumea
ca un cap sub o lampă
silabisind în fine acel nume
a cărui neștiință ne orbește.

Și, apoi, el, cartea deschizând-o,
pagini albite va găsi.

GUY GOFFETTE, Belgia (1947)
Translated into Romanian by Gabriela Căluțiu Sonnenberg

***

Поэт, читай свои стихи – они кричали.
Чтобы земля уже вращалась,
как голова под лампой,
чтоб имя наконец произнесли того,
чье невежество нас слепит.

Тогда открыл он книгу и
увидел, как все слова исчезли.

Ги Гофетт, Бельгия (1947)
Перевод на русский язык Дарьи Мишуевой
Translated into Russian by Daria Mishueva

***

PREOKRET

„Pesniče, pročitaj svoju pesmu“, rekli su,
„da bi svet okrenuo leđa tami
i video osvetljena,
napisana imena onih
čije nas neznanje zaslepljuje.“

On otvori knjigu
i vidi da su joj stranice postale bele.

GUY GOFFETTE, Belgija (1947)
Sa engleskog prevela S. Piksiades
Translated into Serbian by S. Piksiades

***

SUTTASUPRA

«Pueta, leggi li to puisii,» diciunu,
«accussì lu munnu pò finalmenti vutarisi
comu la testa vutata un autu sutta la lampada,
accussì all’urtimata ddu nomu pò essiri scrittu
la gnuranza di cui n’annorba.»

Iddu allura aprennu lu libru,
vitti ca li pagini avìanu divintatu bianchi.

GUY GOFFETTE, Belgium (1947)
Traduzioni in sicilianu di Gaetano Cipolla

Translated into Urdu: Ingenieur Dr. Naila Hina, Pakistan

Recueil: ITHACA 758
Editions: POINT
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L’ATTENTE (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 10 Mai 2023



Illustration: Serguéï Andréïévitch TOUTOUNOV
    
L’ATTENTE

Si tu viens pour rester, dit-elle, ne parle pas.
Il suffit de la pluie et du vent sur les tuiles,
il suffit du silence que les meubles entassent
comme poussière depuis des siècles sans toi.

Ne parle pas encore. Écoute ce qui fut
lame dans ma chair : chaque pas, un rire au loin,
l’aboiement du cabot, la portière qui claque
et ce train qui n’en finit pas de passer

sur mes os. Reste sans paroles : il n’y a rien
à dire. Laisse la pluie redevenir la pluie
et le vent cette marée sous les tuiles, laisse

le chien crier son nom dans la nuit, la portière
claquer, s’en aller l’inconnu en ce lieu nul
où je mourais. Reste si tu viens pour rester.

(Guy Goffette)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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TANGO (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2023



Illustration 
    
TANGO

Quand il ne restera plus de moi
que ce vieux chapeau noir sur la table
où seras-tu mon bel amour
parmi les roses

qui vont mourir ce tantôt, et
parmi les oiseaux dans le couchant
des blés où nous endormions de caresses
et de baisers longs

la colère des vents, où seras-tu ?
sinon dans les bras du vieux danseur
dont l’ombre tourne sur l’affiche,
toi seule en piste

serrant contre ton coeur mon feutre mou.

(Guy Goffette)

Recueil: Petits riens pour jours absolus
Editions: Gallimard

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CIMETIÈRE (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2023




    
CIMETIÈRE

Concessions échues, tombes abandonnées,
défoncées, à la renverse, forcées, christs
arrachés, passés à l’estrapade, manchots,
bouquets fanés, fleurs saccagées, mousses
et lichens, herbes folles, angelots sans tête,
marbres fendus, pierres grises et ferrailles
mangées par la rouille et la vermine, terre
ultime et sans concession pour nous futurs
morts en train de promener nos dimanches
parmi la charpie de cent regrets éternels
que le soleil en passant ramasse et fourre
dans sa poche comme un voleur de peu.

(Guy Goffette)

Recueil: Petits riens pour jours absolus
Editions: Gallimard

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À l’aube (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2023




    
À l’aube les jardins
qui reviennent de la mer
ont les cheveux des filles
qui reviennent
de l’amour

(Guy Goffette)

Recueil: Petits riens pour jours absolus
Editions: Gallimard

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