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Poésie

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LES DRAPS BLEUS (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 28 octobre 2023




    
LES DRAPS BLEUS

Tout est là qui attend
Le signe altier d’un gant dans l’ombre
La caresse du vent
Et ces toits qui descendent en miroirs vers la mer

Nous ne serons jamais à quai
Ou pour une escale très brève
Quelques instants sur quoi fermer les yeux
Avant de repartir accordés
Du sel aux coins des lèvres

Le temps qui s’est levé
Entre les draps bleus d’un lit du Rajasthan
N’est pas de ceux qui passent
Il appartient au présent chaviré
Triomphant des naufrages et des peurs

Les questions peuvent rester divinement sans réponse
Et se transporter ailleurs
Avec une sorte d’allégresse neuve
Une ferveur qui parle aux étoiles en plein jour

Je me sens l’âme à la verticale
Et tout est là qui n’attend pas

(André Velter)

Recueil: La vie en dansant suivi de Au cabaret de l’éphémère et de Avec un peu plus de ciel
Editions: Gallimard

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Parfois je ne suis plus que … (Cécile Sauvage)

Posted by arbrealettres sur 27 août 2023




    
Parfois je ne suis plus que deux jambes marchant,
Qu’une main qui chavire au fil d’une rivière,
Qu’un oeil mouillé de pleurs qui regarde en arrière.
Lentement je m’exile et je sors de moi-même,
Mon front m’est étranger et j’ai peur de ma main.

(Cécile Sauvage)

Recueil: Oeuvres complètes
Editions: La Table Ronde

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PARIS, APRÈS… (Roger Bevand)

Posted by arbrealettres sur 16 Mai 2023



Illustration 
    
PARIS, APRÈS…

Les ronces pousseront dans le métro désert,
Les sangliers boiront sous le pont de l’Alma
Et dans le parc Monceau grignoté par la mer,
Quelques cerfs improbables brameront leur effroi.

On aura de folles herbes jusqu’aux marchés d’Auteuil,
Les vipères siffleront près du Trocadéro,
Les tigres dormiront dans les rues d’Argenteuil
Et un troupeau de buffles y cherchera de l’eau.

Ce temps sera le temps des fourmis de retour,
Des araignées géantes et des scorpions fébriles,
Des taureaux assoupis à l’ombre de la Tour,
Des vendanges en Mai, des moissons en Avril.

Trois soleils brûleront la vieille capitale,
Ce temps sera celui d’un espoir chaviré,
La forêt mangera le forum des Halles,
Et les loups se battront sur les Champs Elysées.

(Roger Bevand)

Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe

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HORS DE MOI (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2022




    
HORS DE MOI

Les coeurs sont à laver
Les plaies sont enlevées
L’étoile d’araignée brille dans la serrure
Il ne reste déjà qu’une ombre
Sur le mur
Et le peu de chaleur que tu m’avais laissée

Qu’importe
On vit sans peine
Une main qui rôdait va souffler sur la plaine
Un pli noir se détend
Et la roue du soleil fait chavirer le temps
Le ciel prend l’air

Me reconnaîtras-tu
Ma peau est à l’envers

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

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Y’a de la joie (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021


Y a d’la joie bonjour bonjour les hirondelles
Y a d’la joie dans le ciel par dessus le toit
Y a d’la joie et du soleil dans les ruelles
Y a d’la joie partout y a d’la joie

Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle
C’est l’amour qui vient avec je ne sais quoi
C’est l’amour bonjour bonjour les demoiselles
Y a d’la joie partout y a d’la joie

Le gris boulanger bat la pâte à pleins bras
Il fait du bon pain du pain si fin que j’ai faim
On voit le facteur qui s’envole là-bas
Comme un ange bleu portant ses lettres au Bon Dieu

Miracle sans nom à la station Javel
On voit le métro qui sort de son tunnel
Grisé de soleil, de chansons et de fleurs
Il court vers le bois, il court à toute vapeur

Y a d’la joie la tour Eiffel part en balade
Comme une folle elle saute la Seine à pieds joints
Puis elle dit: « Tant pis pour moi si je suis malade
Je m’embêtais toute seule dans mon coin »

Y a d’la joie le percepteur met sa jaquette
Plie boutique et dit d’un air très doux, très doux
« Bien le bonjour, pour aujourd’hui finie la quête
Gardez tout Messieurs, gardez tout »

Mais voilà que soudain je m’éveille dans mon lit
Donc j’avais rêvé, oui, car le ciel est gris
Il faut se lever, se laver, se vêtir
Et ne plus chanter si l’on n’a plus rien à dire

Mais je crois pourtant que ce rêve a du bon
Car il m’a permis de faire une chanson
Chanson de printemps, chansonnette d’amour
Chanson de vingt ans, chanson de toujours.

Y a d’la joie bonjour bonjour les hirondelles
Y a d’la joie dans le ciel par dessus le toit
Y a d’la joie et du soleil dans les ruelles
Y a d’la joie partout y a d’la joie

Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle
C’est l’amour qui vient avec je ne sais quoi
C’est l’amour bonjour les demoiselles
Y a d’la joie partout y a d’la joie

(Charles Trenet)


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Une noix (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



 

Une noix

Une noix
Qu´y a-t-il à l´intérieur d´une noix?
Qu´est-ce qu´on y voit?
Quand elle est fermée
On y voit la nuit en rond
Et les plaines et les monts
Les rivières et les vallons
On y voit
Toute une armée
De soldats bardés de fer
Qui joyeux partent pour la guerre
Et fuyant l´orage des bois
On voit les chevaux du roi
Près de la rivière

Une noix
Qu´y a-t-il à l´intérieur d´une noix?
Qu´est-ce qu´on y voit?
Quand elle est fermée
On y voit mille soleils
Tous à tes yeux bleus pareils
On y voit briller la mer
Et dans l´espace d´un éclair
Un voilier noir
Qui chavire
On y voit les écoliers
Qui dévorent leurs tabliers
Des abbés à bicyclette
Le Quatorze Juillet en fête
Et ta robe au vent du soir
On y voit des reposoirs
Qui s´apprêtent

Une noix
Qu´y a-t-il à l´intérieur d´une noix?
Qu´est-ce qu´on y voit?
Quand elle est ouverte
On n´a pas le temps d´y voir
On la croque et puis bonsoir
On n´a pas le temps d´y voir
On la croque et puis bonsoir
Les découvertes.

(Charles Trenet)

 

 

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LUMINEUSE (Yves Morel)

Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2021




LUMINEUSE

Un jour je l’écrirai le poème.
Le poème le plus tendre
que l’on n’ait jamais écrit
sur une femme lumineuse.
Je le sens qui monte en moi
comme lorsque le désir
monte en elle.
Une femme que j’adore.
La femme.
Celle qui a fait de moi
un satellite
proche de sa galaxie.
Je l’écrirai un jour
qu’elle aura chaviré mon vieux coeur
un peu plus qu’à l’ordinaire.
Il jaillira le poème
comme un besoin naturel,
pour vanter tout ce charme
qui m’a explosé au regard
le jour où je l’ai croisée.

Et comme elle,
il sera libre,
le poème.

(Yves Morel)

Illustration

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L’Enchantée (Los de Nadau)

Posted by arbrealettres sur 3 décembre 2020




    
L’Enchantée

Patapim, Patapam,
Je ne sais d’où elle est sortie,
Elle ne m’a même pas regardé,
Et j’ai perdu tout de suite
Et la faim et la soif.

Patapim, Patapam,
Je ne sais ce qui m’arrive,
Et sans aucune pitié,
Elle va son chemin,
Elle chemine tout droit,
Je ne sais pas son nom,
Pour moi, c’est l’Enchantée,
Pour la voir passer,
Moi, je me mets ici,
Tous les matins à la guetter,
Je ne sais pas son nom,
Pour moi, c’est l’Enchantée,
Je ne fais qu’y penser
Et la nuit et le jour
Et le jour et la nuit.

Moi, toujours j’avais su,
Et dire non et dire adieu,
Moi, jamais je n’avais voulu,
Jamais prier homme ni Dieu,
Maintenant j’ai plié le genou,
Dans l’église, la tête baissée,
Pour mendier ce que je veux :
Respirer à côté d’elle.

De la terre ou du ciel,
Comme la foudre,
Et tout a chaviré,
Rien ne sera plus,
Non, jamais comme avant,
Ni le froid de la neige,
Ni le vert de la prairie,
Ni le chant d’un enfant,
Ni la marche du soleil
Qui fait courir les années.
Je ne sais pas son nom,
Pour moi, c’est l’Enchantée,
Et si ce n’est pas aujourd’hui,
Demain c’est sûr,
J’irai lui parler,
Je ne sais pas son nom,
Pour moi, c’est l’Enchantée,
Demain je lui dirai,
Je n’ai vécu jusqu’ici
Que pour vous rencontrer

***

L’ENCANTADA

Patapim,Patapam,
Non sèi d’on ei sortida,
Non m’a pas briga espiat,
E m’èi pergut suu pic,
E la hami e la set.

Patapim, Patapam,
Non sèi çò qui m’arriba,
E shens nada pieitat,
Que’n va lo son camin,
Que camina tot dret.
Non sèi pas lo son nom,
Tà jo qu’ei l’Encantada,
Tà la véder passar,
Jo que’m hiqui ací,
Tot matin a l’argueit,
Non sèi pas lo son nom,
Tà jo qu’ei l’Encantada,
Non hèi pas qu’i pensar
E la nueit e lo dia
E lo dia e la nueit.

Jo tostemps qu’avi sabut
E díser non e díser adiu,
Jo jamei n’avi volut,
Jamei pregar òmi ni Diu,
Ara qu’ei plegat lo jolh,
Dehens la gleisa capbaishat,
Tà mendicar çò qui voi,
Aledar au son costat.

De la tèrra o deu cèu,
Tau com la periclada,
E tot a capvirat,
Arren non serà mei,
Non jamei com avans,
Ni lo hred de la nèu,
Ni lo verd de la prada,
Ni lo cant d’un mainat,
Ni l’anar deu sorelh
Qui hè córrer los ans.
Non sèi pas lo son nom,

Tà jo qu’ei l’Encantada,
E si n’ei pas tà uei,
Tà doman qu’ei segur,
Que l’anirèi parlar,
Non sèi pas lo son nom,
Tà jo qu’ei l’Encantada,
Doman que’u diserèi,
Dinca ací qu’èi viscut
Sonque tà v’encontrar.

(Los de Nadau)
Découvert ici: https://petalesdecapucines.wordpress.com/

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Coeur de bois (René de Obaldia)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2020



Illustration
    
Coeur de bois

Amandine si hautaine
Amandine au coeur de bois
Ce soir, je serai ton Roi.
Si tu veux, tu seras la Reine.

J’ai ôté mon tablier
J’ai mis mes plus beaux souliers
Dans ma poche des sous neufs
Pour les distribuer aux veufs

Comme trône j’ai le fauteuil
Du Grand Oncle Cancrelat
Qui fume dans son cercueil
Une pipe en chocolat.

Ma couronne vif argent
Vient tout droit du pâtissier.
Sur mes épaules flotte un drap
On se cachera dedans.

Le fauteuil est à roulettes
Quelle aubaine pour un Roi !
Je le déplace et les traîtres
Frappent au mauvais endroit.

Amandine, tes yeux verts
Illuminent toutes mes nuits.
Je voudrais t’écrire en vers
Quand je serai plus instruit

Amandine, tu m’as dit .
« Je viendrai sept heures sonnées.
Je viendrai dans ton grenier
Avec ma chemise à plis. »

L’heure passe et je suis là
Ma couronne pour les rats !
Ah ! ce bruit de patinette !
Mais non, ce n’est pas ici.

Le sang me monte à la tête
J’entends les cloches aussi.
Et pourtant, je suis le Roi !
Tu devrais, genou en terre,

Baiser le bout de mon drap
Et pleurer pour la manière !
« Madame, relevez-vous »
Te dirai-je noblement !

Et sur tes lèvres de houx
T’embrasserai jusqu’à cent.
L’heure fuit , mes oripeaux
Juste bons pour les corbeaux !

Amandine, tu te moques
Tu te ris toujours de moi.
Quand tu remontes tes socques
Je tremble et ne sais pourquoi…

Amandine, je vais mourir
Si vraiment tu ne viens pas.
Je t’ordonne de courir
De grandir entre mes bras !

Le silence, seul, répond
Aile blanche sur mon front.

Le grenier comme un navire
Se balance dans la nuit.
Le trône vide chavire
L’Oncle fume en son réduit.

Amandine sans foi ni loi
Amandine ne viendra pas.
Jamais elle ne sera Reine
D’Occident ou de Saba

Jamais elle ne régnera
Sur c’qu’il y a de plus sacré.
Peste noire ou choléra
Jamais ne pourra pleurer.

Et pourtant comme je l’aime
Amandine des chevaux d’bois
De Jean-Pierre et de Ghislaine
De tout le monde à la fois !

Et pourtant comme je l’aime
(À mes pieds tombe le drap)
Amandine si hautaine
Amandine au coeur de bois.

(René de Obaldia)

 

Recueil: Innocentines
Traduction:
Editions: Gracet & Fasquelle

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A l’Ondine (Xavier Grall)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2020



 

A l’Ondine

Je te prendrai dans l’émotion des landes
muettement tu embrasseras ma terre
Je te prendrai dans la clarté des fontaines
avidement je te boirai
Tu portes mes amours mauves
dans la source des prunelles
écoute
les ajoncs et les plantes
vont chanter pour nous deux
la nuit fertile, la plage fraternelle
Nous referons cette Cornouaille mortelle
secrètement
dans le lit des hautes herbes
je te prendrai dans la grange verte
et ton corps aux semences mélangé
concevra tout un pays de fougères
et de genêts.
Ma belle amie sur la grève allongée
comme moi désire la mer
laisse-toi chavirer sous le vent des navires

(Xavier Grall)

Découvert chez Lara ici

Illustration: William Bouguereau

 

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