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Posts Tagged ‘insouciance’

LA VIE AURA MA PEAU (Jacques Higelin)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024




    
LA VIE AURA MA PEAU

La vie aura ma peau
ma peau d’enfant solitaire
écorchée aux coudes,
aux genoux dans les trous, les ornières

La vie aura ma peau
ma peau d’enfant héroïque
de rêveur épidermique
charmé par les yeux de ma mère

La vie aura ma peau
ma peau douce et frissonnante
ma peau ivre de jouissance
de baisers d’insouciance
Ma peau bronzée, ma peau claire
ma peau brûlée, ultra violée
par les radiations solaires

La vie aura ma peau
que je pensais avoir si dure
que j’exposais aux quatre vents
à la froidure comme au brûlant
La vie aura ma peau
parfumée d’ambre solaire
cernée d’ombre et de lumière
par vent glacé, par vent chaud

La vie aura ma peau
et que le Diable l’emporte
depuis le temps qu’elle me supporte
elle ne me fera pas de cadeau
Ma chair et tout le reste les os de mon squelette
finiront en poussière en paradis
ou en enfer cramé ou six pieds sous terre
Quand mon âme déchargée du poids de sa violence
aura repris le cours de sa divine errance
dans ce ballet d’atomes où rêve l’éternité

(Jacques Higelin)

Recueil: Flâner entre les intervalles
Editions: Pauvert

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Si l’étoffe du temps (Tahar Ben Jelloun)

Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2023




    
Si l’étoffe du temps
Pesait moins sur nos épaules
Si nos yeux étaient atteints de lucidité
Et l’humilité notre règle de vie
Nous serions des êtres légers
Rêveurs et efficaces
Poètes et musiciens
Nous serions des condors et des papillons
De toutes les couleurs
De tous les temps
Nous serions l’enfance et la résistance
La beauté et le chant ludique de l’insouciance
Mais nous sommes lourds et graves
Moches et violents
Bêtes et sans vergogne
Nous sommes aussi autre chose
Quand par un joli hasard
La lumière nous élève
Nous installe dans la belle résilience.

(Tahar Ben Jelloun)

Recueil: Douleur et lumière du monde
Editions: Gallimard

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HYMNE AUX CONFINS MAGNÉTIQUES (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2023




    
HYMNE AUX CONFINS MAGNÉTIQUES

Soudain c’est ainsi
Je te connais au premier regard
Horizon à même la peau

Au rythme premier aussi je te connais
Et au souffle premier
Je te sais énergie sans repos

Que tu sois prodige
Métamorphose ou chaos
En tête-à-tête je te connais

*

Je te rejoins en ardente solitude
Je t’invente un nom de sanyasin
Au vrai de son silence je t’invente

Je te rejoins à pas démesurés
Sur mon honneur
Je te prédis l’ivresse de banquets faméliques

Je te rejoins par-delà les frontières
Je te bâtis un abandon
À l’étiage du lac Birendra

*

Parti où tu es
L’invincible est à ne pas croire
Une épée au bord des lèvres

Je te rejoins de cause à effet
Et plus jamais de regrets
Je garde la colère

Et plus jamais de remords
Je réveille l’insouciance
À midi c’est juré

*

Je te soulève à contre-pente
L’allégresse vient de faire escale
Aux confins magnétiques

Tout s’est inversé
L’orage au matin calme
La brume dans les flammes

Je te soulève plus haut qu’il n’est possible
Plus inouï qu’il se peut d’aimer
D’hymne pour te diviniser

*

Te voici hors d’atteinte
Je te cherche à l’orée du temps
Rien n’est inachevé

(André Velter)

Recueil: Séduire l’univers précédé de à contre peur
Editions: Gallimard

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Souvenez-vous (Angelote de Brès)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2023



 

Berthe Morisot -ON-THE-VERANDA [1280x768]

Souvenez-vous des goûters de votre enfance,
ils ont le goût de l’insouciance,
et la saveur du temps passé.

(Angelote de Brès)

Illustration: Berthe Morisot

 

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Quand on est amoureux (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022



  Illustration
    
Quand on est amoureux
on met une seule personne
jolie de préférence
bien au centre du monde
Et quand on aime
d’un amour de personne
on met le monde
au coeur du monde
Bien sûr on n’est jamais à l’abri
d’une rechute
mais quand même quelle douceur
d’aller partout
avec l’insouciance de ce saint
qui entrant dans le château du roi
enlevait son manteau et l’accrochait à
un rayon de soleil
continuant d’avancer impassible
comme si ce geste
était le geste le plus naturel du monde
Oui quel bonheur d’aller ainsi
aimant et ne retenant rien
de ce qu’on aime

Vivre Nella
Vivre respirer chanter
comme si l’on n’y était
plus
pour personne

(Christian Bobin)

 

Recueil: La Vie Passante
Editions: Fata Morgana

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Il y a toujours un étranger qui regarde notre mort (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2022



Il y a toujours un étranger qui regarde notre mort,
et l’insouciance de ce témoin
fait de notre fin un événement paisible, endimanché,
accordé à l’énigmatique suite des jours simples.

(Christian Bobin)

 

 

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Chemin (Lucien Becker)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022



Chemin

Je saute dans la barque que m’offrent les mouvements rêveurs de la nostalgie
et je m’en vais vers mon enfance couronnée des gouttes de rosée de l’accueil.
Serait-ce donc une seconde aurore ?
Non.
C’est une veillée funèbre d’automne où un cercueil
— je sais qu’il est fait de souvenirs – me cherche comme une proie.

O forêts vierges de senteurs pures et d’yeux piqués
comme des étendards sur l’arête molle des insouciances,

O Eden où fleurit la neige de nos cris et de nos rires
et qui répètes dans ton soliloque désespéré les échos de noms doux comme des étoiles.

Je vous ai à peine traversés tant mes pieds étaient pleins d’air
et tant je réclamais le bâillon de l’adolescence !

(Lucien Becker)

Illustration: Lisa Lea Bemish

 

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Douce France (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



 

France

Douce France

Il revient à ma mémoire
Des souvenirs familiers
Je revois ma blouse noire
Lorsque j´étais écolier
Sur le chemin de l´école
Je chantais à pleine voix
Des romances sans paroles
Vieilles chansons d´autrefois

{Refrain:}
Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t´ai gardée dans mon cœur!
Mon village au clocher aux maisons sages
Où les enfants de mon âge
Ont partagé mon bonheur
Oui je t´aime
Et je te donne ce poème
Oui je t´aime
Dans la joie ou la douleur
Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t´ai gardée dans mon cœur

J´ai connu des paysages
Et des soleils merveilleux
Au cours de lointains voyages
Tout là-bas sous d´autres cieux
Mais combien je leur préfère
Mon ciel bleu mon horizon
Ma grande route et ma rivière
Ma prairie et ma maison.

{au Refrain}
(Charles Trenet)

 

 

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Quel royaume ? (André Welter)

Posted by arbrealettres sur 10 septembre 2021



Illustration: Henri Eisenberg
    
quel royaume ?

[…]
tant d’altitudes inouïes aux ciels de la terre
tant de déesses et de dieux oubliés
tant de promesses sous des fougères sombres
tant de résurrections à l’arraché

mais quel royaume
quel royaume ?

tant de surplombs
tant de refus et d’insouciances
tant de caresses fauves sans fausseté
tant et tant d’appels solaires

mais quel royaume
quel royaume
quel royaume
quel royaume
quel royaume

pour mon amour ?

(André Welter)

 

Recueil: La vie en dansant – Au cabaret de l’éphémère – Avec un peu plus de ciel
Traduction:
Editions: Gallimard

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Maman a planté des arbres (Tekachand)

Posted by arbrealettres sur 6 juillet 2021



    

Maman a planté des arbres

Maman souhaitait
Que j’aille dans une bonne école
Que je quitte le village
Que j’aille à l’école du canton
Un jour m’ayant pris avec elle Maman partit
Pour la toute nouvelle école ouverte dans le canton
« Tu connais bien l’agriculture?»
Demanda le professeur de mathématiques, calculateur
« Oui, dans la pépinière avec la binette… »
« Plante ici aussi quelques arbres
Nous ferons l’inscription.»
Le même jour enthousiasmée
Maman s’est attelée
À creuser des trous profonds jusqu’à la taille
Le long du mur de l’école
Pendant plusieurs jours Maman
A planté des arbres avec assiduité
Comme si elle m’implantait à l’école
«Maintenant que tous les arbres sont plantés
Inscrivez-le»
Dit un jour Maman
« Le principal refuse»
Répondit le Monsieur Gupta des mathématiques
Ce fut comme un choc pour Maman
Comme si toute la végétation avait pris feu
Le temps a passé
Aujourd’hui ces plantes sont devenues des arbres
Ondulant dans la brise avec insouciance
Moi aussi en les voyant je me déploie
Ainsi que Maman l’avait voulu
Pareil aux arbres je deviens.

(Tekachand)

 

Recueil: Pour une poignée de ciel Poèmes au nom des femmes dalit (Intouchable)
Traduction: Traduit du Hindi par Jiliane Cardey
Editions: Bruno Doucey

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