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Poésie

Posts Tagged ‘surveiller’

La possibilité que tu existes (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 29 Mai 2024



La possibilité que tu existes
est en concurrence permanente
avec l’impossibilité que tu existes.

Démuni entre l’une et l’autre,
je surveille néanmoins les deux.

Mais parfois la lumière
n’a pas d’autre sens qu’elle-même
et simplement s’écrase contre l’œil.

(Roberto Juarroz)


Illustration: Odilon Redon

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Il y a un temps de l’oeil (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2024




    
Il y a un temps de l’oeil
qui cesse de regarder
vers l’avant ou l’arrière
et se repose en soi.

Et il y a un temps du temps,
de la rencontre du temps avec le temps,
un écoulement sans témoins,
une durée durée.

Le point est ce qui résume.
Il faut surveiller le point.
Surtout le point final.
Ou peut-être celui qui suit.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Le fantôme (Jean Orizet)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2023




    
Le fantôme

Mon enfant se niche dans l’herbe
pour y chercher un magicien.

Il plonge au secret de la mer
pour chanter avec les sirènes.

Il escalade les sommets là
où des fées tissent le temps.

Quand il se réveille à la fin
un doux fantôme le surveille.

(Jean Orizet)

Recueil: La peau bleue des rêves
Editions: Le Cherche Midi

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L’hippocampe (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 18 septembre 2023



Illustration: Diane de Bournazel
    
Forcément l’hippocampe est une pièce maîtresse
au jeu d’échecs de la mythologie animale
il avance ouvragé comme une clef
forgée mollement évoluant verticalement
sur l’échelle paradigmatique des règnes
tenant du crabe et du cheval du fou et de la tour
il surveille la partie depuis son aberration
il a l’air d’interroger sa propre existence
et de mettre un point d’honneur
un pourpoint de dignité
un surcroît d’afféterie
au vague ridicule
dont il est le pourquoi.

(Laurent Albarracin)

Recueil: Fabulaux
Editions: AL MANAR

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O mère, le jeune Prince doit passer devant notre porte (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2023




    

O mère, le jeune Prince doit passer devant notre porte.
Comment pourrais-je travailler ce matin ?
Apprenez-moi à natter mes cheveux ;
dites-moi quel vêtement je dois mettre.

Pourquoi, mère, me regardez-vous avec étonnement ?

Je sais bien qu’il ne jettera pas un regard à ma fenêtre ;
je sais qu’en un clin d’œil, il disparaîtra
et que seuls les sanglots de sa flûte lointaine
viendront mourir à mon oreille.

Mais le jeune Prince passera devant notre porte
et je veux, pour cet instant,
mettre ce que j’ai de plus beau.

O mère, le jeune Prince a passé devant notre porte
et le soleil du matin étincelait sur son char.
Je me suis dévoilée ;
j’ai arraché mon collier de rubis de mon cou
et je l’ai jeté à ses pieds.

Pourquoi, mère, me regardez-vous avec étonnement ?

Je sais qu’il ne ramassa pas mon collier ;
je sais que mon collier fut écrasé sous les roues de son char,
laissant une tache rouge sur la poussière ;
personne n’a su ce qu’était mon présent ni à qui il était offert.

Mais le jeune Prince a passé devant notre porte
et j’ai jeté sur son chemin
le joyau de mon coeur.

***

La lampe s’était éteinte prés de mon lit ;
au matin je m’éveillai avec les oiseaux.
Je m’assis à ma fenêtre ouverte
et entourai mes cheveux défaits
d’une couronne de fleurs.

Le jeune voyageur vint le long de la route
dans la brume rosée du matin.
Un collier de perles était à son cou
et les rayons du soleil brillaient sur sa couronne.
Il s’arrêta devant ma porte
et ardemment me demanda : « Où est-elle ? »

Honteuse, je ne pus lui dire :
« Elle, jeune voyageur, c’est moi, c’est moi. »

Le jour tombait et la lampe n’était pas allumée.
Distraitement, je tressais mes cheveux.
Le jeune voyageur vint sur son char
dans le rayonnement du soleil couchant.
Ses chevaux écumaient et son vêtement était couvert de poussière.
Il descendit à ma porte
et demanda d’une voix fatiguée : « Où est-elle ? »

Honteuse, je ne pus lui dire :
« Elle, voyageur lassé, c’est moi, c’est moi. »

Par une nuit d’avril, la lampe brûle dans ma chambre.
La brise du sud souffle doucement.
Le bruyant perroquet dort dans sa cage.
Mon corsage a la couleur d’une gorge de paon
et mon manteau est vert comme de la jeune herbe.
Je suis assise à terre près de la fenêtre,
surveillant la rue déserte.

A travers la nuit sombre, je murmure constamment :
« Elle, voyageur désespéré, c’est moi, c’est moi ! »

(Rabindranath Tagore)

Recueil: Le Jardinier d’Amour
Editions: Gallimard

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L’orphelin (Blanchard)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2023




    
L’orphelin.

(Rien ne peut remplacer l’affection maternelle:
soyez particulièrement bons pour l’orphelin qui en est privé.)

Enfants, quand votre bonne mère,
Le soir, vous tient sur ses genoux,
L’orphelin couche sur la terre…
Petits enfants, y pensez-vous?

Vous avez tout en abondance,
Caresses, bonbons et joujoux;
Lui, ne connaît que la souffrance…
Petits enfants, y pensez-vous?

Quand personne ne vous surveille,
Parfois vous gaspillez vos sous…
Il est sans pain depuis la veille;
Petits enfants, y pensez-vous?

Tendez la main à la misère,
Vous qui le pouvez… C’est si doux
De faire du bien sur la terre !
Petits enfants, y pensez-vous?

(Blanchard)

 

Recueil: Mon premier Livre de Récitation
Traduction:
Editions: Prieur et compagnie

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S’il était inéluctable pour moi (Mundhr Masri)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2023



    

S’il était inéluctable pour moi

S’il était inéluctable pour moi
de choisir un dieu
à adorer et à servir
le dieu de ma grand-mère
celui qu’elle envoyait pour m’accompagner
où que j’aille
celui à qui elle confiait de me surveiller où que je sois
serait mon dieu.

Il m’arriva d’adorer le feu autrefois
il m’arriva d’adorer une idole
autrefois j’adorais un chef
autrefois j’adorais une femme
autrefois
je n’adorais personne
puis je n’ai pas trouvé d’autre échappatoire que
d’incliner ma tête
quand ma grand-mère m’a dit :
il vaut mieux
que tu remettes ta vie
entre les mains de dieu
plutôt qu’entre les mains
des hommes.

Le dieu de ma grand-mère est mon dieu

***

(Mundhr Masri)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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LA POÉSIE (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022




    
LA POÉSIE

Je te cherche sous les racines de mon coeur
Comme un enfant à l’intelligence retardée qui a peur
D’entrer dans l’eau qui parle seul et fait bouger ses mains
« O mon Dieu permettez que cette eau ne me broie pas comme Votre Moulin
Je m’attarde résolument près des colchiques et des saules
Laissez-moi regarder par-dessus votre épaule
La route qui poudroie et l’herbe qui verdoie
Sans désirer jamais autre chose que cela
Mais Dieu qui n’entend pas l’amour de cette oreille
« Tu descendras au fond de toi et je surveille
Tes allées et venues Tu me dois de trouver
Dans l’eau de mes regards la noisette tombée »
Les yeux vagues ainsi qu’un veilleur de frontière
De songerie malade et de sens abîmés
Je plonge doucement mes mains dans la lumière
Sans penser un instant à les en retirer
Car il me plaît d’aider un corps qui s’aventure
Et cherche par-delà sa forme préférée
Le spectacle d’une âme aveugle qui murmure
Le long du mur en pierre de l’éternité.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

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PRES DE L’EAU (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022




PRES DE L’EAU

Avant que l’eau ne bouille tristement
elle tressaille en son étendue
dans le soir de couleur

et mains et vêtements
de celle qui la surveille
et timbre de sa voix

sont juste ceux des pauvres
tels qu’en image on les figure
dans les paysages de neige.

Derrière le papier de tenture
l’insecte pourtant meurt réfugié
la terre tourne et reverdit

dehors à la clarté dernière
on démolit de vieilles murailles
qu’entourent ronces et ciguës

de lourds chapelets de pierres tombent
des chevaux se cabrent et hennissent
pour peupler de bruits l’univers.

(Jean Follain)

 

 

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Le Jour des Morts (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2022



morts
le jour tourne son chapelet de jade
le reste des couleurs s’entasse dans les coffres
surveillés par des mains pâles

de grands coups d’ailes à la fenêtre
annoncent la pluie des souvenirs

(Daniel Boulanger)

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