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Poésie

Posts Tagged ‘se couvrir’

Peu à peu la campagne s’étend (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2024




    
Peu à peu la campagne s’étend et se couvre d’or.
Le matin s’égare sur les reliefs de la plaine.
Je suis étranger au spectacle que je vois : je le vois.
Il est en dehors de moi. Aucun sentiment ne me rattache à lui,
Et c’est bien ce sentiment qui me relie à la naissance du jour.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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Un toast (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 14 Mai 2024




Un toast

A San Juan de los Lagos
j’ai trouvé un chapeau rouge:
je l’ai caché dans la mer,
je l’ai enterré dans la montagne,
je l’ai gardé en tête.
Aujourd’hui, il jaillit de cette table,
marée de mots
et la nappe se couvre
de regards.

(Octavio Paz)

Illustration: Kees Van Dongen

 

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S’allument soudain toutes les lampes (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024




    
S’allument soudain toutes les lampes
et la lumière nous exténue
comme un drap trop blanc
pour qu’on puisse s’en couvrir.

L’écheveau intérieur
lui prête alors un peu de son fil,
un peu de sa réserve d’ombre,
pour modérer le tissu éclatant
et que l’homme puisse se couvrir.

Le tout de la lumière
est plus insupportable que le néant.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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À force de mystère … (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 29 janvier 2024



Illustration: Philippe Zacharie
    
À force de mystère …

À force de mystère
sous l’étoffe opaque et rigide
ton corps n’est plus
qu’indifférence à l’autre
mort des pudeurs de l’innocence
impudence hermétique
énigme qui se voue elle-même
à n’être plus qu’absence d’énigme

Ne sois pas inimaginable
et cachée. N’imite pas Dieu
couvre-toi de transparence
pour être désirée

(Robert Mallet)

 

Recueil: Presqu’îles presqu’amours
Editions: Gallimard

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Tempête sur la ville (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2023




Illustration: Alexander Kurkov
    
Tempête sur la ville

On la sentait venir depuis des jours
I1 y avait eu les signes

La nuit suintant hors des étoiles
La lourdeur du vol de l’oiseau
Les pierres se couvrant de veines
Qui se brisaient en poussières

Tout annonçait le Vent et sa tourmente

Les volets se fermaient
Sur leurs cubes de couleur ou de tristesse
Les maisons se firent muettes
Sans écoute pour le cri
Qui voulait se faire entendre
Sans regard sur la ville et son angoisse
Sa grande angoisse au seuil de l’arrivée
Du Vent

Privée d’une partie de son âme La cité frissonna
D’être entre ses fenêtres closes
Si nue avec sa peur

Pesant comme la légende
Sec comme les pailles
Le Vent s’engouffra dans la ville

Dans sa longue course à travers sables
Il avait accumulé ses fièvres
Et fut saisi du vertige de se raconter

1l prit les rues meurtries et piétinées
Sans s’étonner de leur don

Il prit le ciel
Et lui jeta son désert à la face

Il prit les arbres
Parce qu’ils épousaient son tumulte
Il y accrocha ses colères
Et les laissa résonnants et déracinés

Il s’approcha des volets clos
Mais sentant que leur temps n’était pas encore venu
Il s’en fut de la ville
De la fatigue aux lèvres.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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ÉCRIRE DESSINER INSCRIRE (I) (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 8 novembre 2023




    
ÉCRIRE DESSINER INSCRIRE (I)

Sept fois la réalité
Sept fois sept fois la vérité.

I

Nous étions deux et nous venions de vivre
Une journée d’amour ensoleillé
Notre soleil nous l’embrassions ensemble
La vie entière nous était visible
Quand la nuit vint nous restâmes sans ombre
À polir l’or de notre sang commun
Nous étions deux au cœur du seul trésor
Dont la lumière ne s’endort jamais.

*

Le brouillard mêle sa lumière
À la verdure des ténèbres
Toi tu mêles ta chair tiède
À mes désirs acharnés

*

Tu te couvres tu t’éclaires
Tu t’endors et tu t’éveilles
Au long des saisons fidèles

Tu bâtis une maison
Et ton cœur la mûrit
Comme un lit comme un fruit

Et ton corps s’y réfugie
Et tes rêves s’y prolongent
C’est la maison des jours tendres

Et des baisers de la nuit.

*

Les flots de la rivière
La croissance du ciel
Le vent la feuille et l’aile
Le regard la parole
Et le fait que je t’aime
Tout est en mouvement.

*

Une bonne nouvelle
Arrive ce matin
Tu as rêvé de moi.

*

Je voudrais associer notre amour solitaire
Aux lieux les plus peuplés du monde
Qu’il puisse laisser de la place
À ceux qui s’aiment comme nous
Ils sont nombreux ils sont trop peu.

*

Je m’en prends à mon cœur je m’en prends à mon corps
Mais je ne fais pas mal à celle que j’adore.

(Paul Eluard)

Recueil: Eluard amoureux
Editions: Bruno Doucey

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L’Avarice (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2023




    
L’Avarice

Avec mes pattes aux ongles courbes
Je gratterai la terre autour de moi
Si longtemps
Que j’en aurai les doigts saignants.
Sans rien dire, en secret,
Je visiterai les ruines de vos demeures
Avec patience, avec une joie fabuleuse.

Je sais déterrer la pépite
Où vous ne voyez que l’ordure,
Je sais me faire des feux de joie
Avec le salpêtre des murs.

J’aime l’ombre et la glace,
Mon coeur est de silex
Et mes os de métal,
Je suis un crustacé,
Je vis dans une armure,
J’avance à pas comptés,
J’ai le sang couleur d’encre
Et je m’en porte bien.

De jour en jour mes doigts s’allongent
Et se couvrent de poils.
Je tremble, je tremble,
Je frémis, je vibre,
Mes yeux multiples,
Minuscules,
Vous dévisagent en silence
Et vous n’en savez rien.
Je tisse, je tisse ma toile
Où vous allez venir vous coller
Un par un.

Je ne dis rien
Jamais.
Je règne.

(Bernard Dimey)

Recueil: Le milieu de la nuit
Editions: Christian Pirot

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Le Buddleia (Guy Meunier)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2023




    
Le Buddleia

Délaissant les sous-bois,
Le discret buddleia
Grandit en solitaire,
Dans les endroits déserts.

C’est un cousin chinois
De nos printemps-lilas
Venu ensoleiller
Nos coins déshérités.

Il égaie les talus,
Les friches de nos villes,
Silhouette incongrue
Dans ces banlieues hostiles.

Certains jours de chaleur,
Dans l’air chaud qui bourdonne,
Il se couvre de fleurs
Qui bientôt papillonnent …

(Guy Meunier)

Recueil: On fait comme on a dit
Editions: Lavillatte

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Me couvrant de feuilles mortes (Setsuko Nozawa)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2023




Illustration: Brad Kunkle

    
Me couvrant de feuilles mortes,
plus rien d’autre à faire
en ce monde!

***

(Setsuko Nozawa)

 

Recueil: Haïjins japonais
Traduction: Dominique Chipot & Makoto Kemmoku
Editions: Points

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Noël (Jean-Louis Vanham)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



Les-3-sapins

Noël

Trois petits sapins
Se donnaient la main
Car c’était Noël
De la terre au ciel.

Prirent le chemin
Menant au village
Jusqu’à l’étalage
D’un grand magasin.

Là, ils se couvrirent
De tout ce qui brille:
Boules et bougies,
Guirlandes pour luire,

Et s’en retournèrent
La main dans la main
Par le beau chemin
De l’étoile claire

Jusqu’à la forêt
Où minuit sonnait,
Car c’était Noël
De la terre au ciel.

(Jean-Louis Vanham)

 

 

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