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Poésie

Posts Tagged ‘noyer’

J’ai ouvert le coffret de fer (Marina Tsvetaeva)

Posted by arbrealettres sur 1 octobre 2023




    
Les oiseaux du paradis chantent
Et nous empêchent d’y entrer

J’ai ouvert le coffret de fer,
J’ai tiré un cadeau de larmes,
La petite bague à grosse perle
Une grosse perle !

Sortie, furtive comme un chat, sur le perron
J’ai tourné mon visage au vent,
Les vents soufflaient, les oiseaux volaient,
Cygnes à droite, à gauche — des corbeaux !
Nos chemins sont à l’opposé :
Tu t’en iras avec les premiers nuages,
Tu passeras par d’épaisses forêts, des déserts secs,

Tu appelleras en vain ton âme,
Tes yeux seront noyés de larmes
Moi, j’entendrai en haut, la chouette,
Et sur moi — le bruissement de l’herbe…

(Marina Tsvetaeva)

Recueil: Poèmes de Russie (1912-1920) suivi de La Porte arrachée par Marina
Traduction: Véronique Lossky & Georges Nivat
Editions: Des Syrthes

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Le paon triste annonce la pluie (Cécile Sauvage)

Posted by arbrealettres sur 26 août 2023




    
Le paon triste annonce la pluie :
Ce soir encor tu pleureras,
Ô mon ciel de mélancolie ;
Un voile gris te couvrira,
Noyé d’une averse infinie ;
Puis l’arc-en-ciel s’arrondira
D’un bout à l’autre des collines,
Sa lueur rose éclairera
Les feuilles humides et fines
De mon jardin et s’éteindra.

(Cécile Sauvage)

Recueil: Oeuvres complètes
Editions: La Table Ronde

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Se noyer (Jacques Dupin)

Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2023



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Comme s’il fallait se noyer
pour entendre
(Jacques Dupin)

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La mer jette sur mes sabords (Lucie Delarue-Mardrus)

Posted by arbrealettres sur 13 juin 2023



    

La mer jette sur mes sabords
Des tonnes, des tonnes d’eau sombre.
Une écume en frange les bords,
Subite lumière dans l’ombre.

Cette eau glaciale qui bout,
Cette colère incohérente
Qui porte un nom à chaque bout
N’est ici, neutre, indifférente,

Que l’Océan, trait d’union
Entre de lointaines patries,
Prêt à noyer dans ses furies
Chaque drapeau comme un haillon.

De tous les temps, âge de pierre,
Élément sans cesse bravé
Mais dont nul progrès n’a pu faire
Un nouvel esclave entravé,

La mer, la mer, ce monstre libre,
Je l’écoute, du trou profond
De ma cabine, et mon cœur vibre
D’un désir d’aller par le fond.

(Lucie Delarue-Mardrus)

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Je suis musique (Colette Rioche)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2023




    
Je suis musique

Dans le silence de mon coeur,
S’élève la voix de mon âme,
Suivant le chemin des lueurs
De mon amour et de ses flammes.

Par grandes vagues successives,
Elle fait déborder ma chanson
Dans le lit des secrètes rives
Des Hommes, don pur de mes moissons.

J’écoute la musique claire
Venant de mon être profond.
Comme un soleil crépusculaire,
Je me noie dans eaux sans fond.

Les sons jaillissent de mon être
Sous forme d’un rayonnement Intérieur
Qui me fait naître
Dans des yeux pleins d’étonnement,

Les éblouit comme un soleil
Au zénith, brûlant et vivant.
Je suis mélodie qui s’éveille,
Entité de moi-même au vent.

De doux trémolos s’échappent
De mes yeux, écrins des beautés
Que j’ai vues, tiares de pape
Bénies, couleurs d’Humanité.

En offrant aux gens mes regards,
Je fais don des sites noyés
Dans mes prunelles où règne l’Art,
Où des merveilles ont leur Foyer.

Je lance des éclairs sonores
Bâtissant un pont lumineux,
Layon de mes rêveries d’or,
Entre les esprits sinueux.

Je projette mes vibrations,
Secrètes orgues de cathédrales.
Sur cet air, Avec émotion,
Je danse ma vie d’Idéal.

(Colette Rioche)

Recueil:
Editions:

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Tournant ma fatigue (Pascale Senk)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2023



 


    
tournant ma fatigue
vers la plante assoiffée
soudain je la noie

(Pascale Senk)

Recueil: Un haïku chaque jour
Editions: Points

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Après manger (Erik Satie)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2023


noyé

Il est mauvais de se noyer
après manger.

(Erik Satie)

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Alors, elle a repris la route (Martine Laffon)

Posted by arbrealettres sur 4 février 2023



Illustration: Marie Boutroy
    
Alors, elle a repris la route
là où elle l’avait abandonnée,
elle a repris son coeur
là où elle l’avait noyé.

Alors, patiemment,
elle s’est mise à aimer.
A aimer, à donner, à se perdre
sans rien demander.

Elle a aimé les gens
avec leurs pauvres maux de tous les jours,
avec leurs refus,
avec leur haine au fond des poings.

Elle a aimé les gens de peine,
ceux qu’elle trouvait sur le chemin.
Elle a aimé les gens de douleur,
ceux qui criaient, la bouche sanglante,
tout au bout de leur peur.

Elle les a accompagnés
au long de cette solitude désespérée
qui ne permet plus de marcher.

Elle a aimé l’enfant
abandonné.
Elle a aimé les vieux
effrayés par la mort,
effrayés d’avoir égaré
tout ce dont ils pensaient
avoir rempli leur vie.

Elle a aimé,
plus que de raison,
les esseulés, les blessés
d’amours piétinées.

Elle a aimé la mort,
la souffrance
et le désespoir
pour qu’aux autres
ils soient épargnés.

(Martine Laffon)

 

Recueil: Le Dit d’Amour
Traduction:
Editions: Alternatives

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Les eaux montent (Lu Ji)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Les eaux montent

Mon service prend fin et je descends les marches du palais
Repos du soir — je gagne enfin mes appartements
L’éclair hurlant éclate dans la nuit pleine
Les flèches de lumière vive rayent les ténèbres
De noirs nuages harcèlent les tours vermillonnes
Et le vent frappe le linteau des fenêtres.
L’eau s’écoule bouillonnante par les gouttières du toit
Des flaques jaunes noient les degrés aveugles des terrasses
Les cieux dénués s’engrènent impassibles sans se déchirer
De larges voies d’eau rejoignent abondantes un canal englouti
À Liang et Ying, les cultures meurent sous les flots du ciel
Des paysans vagabonds passent devant les bras furieux du fleuve
Les eaux montent inlassables et changent nos vies en ruine marine.

(Lu Ji)

(261-303)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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REVE DE MA FEMME MORTE LE 20 DU PREMIER MOIS 1015 (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022



Illustration: Zhao Ji
    
REVE DE MA FEMME MORTE LE 20 DU PREMIER MOIS 1015
Sur l’air de  » La Ville au bord du fleuve »
-Su Shi

En dix ans le vivant ne sait rien de la morte.
Puis-je t’oublier bien que nul ne m’apporte
la nouvelle de ta tombe solitaire,
dont mille lieues m’ont séparé?
A qui épancherai-je mon coeur brisé?

Même si tu m’avais revu, m’aurais-tu reconnu,
le visage couvert de poussière
et les cheveux de givre poudrés ?
Hier soir j’ai rêvé d’être de retour
et de te voir faire à la fenêtre ta toilette.

Nous nous regardions sans rien dire, noyés de pleurs.
D’année en année, j’imagine en vain
Que ton coeur se déchire par la douleur,
au clair de lune, sur le tertre planté de pins.

(Anonyme)

***

Recueil: Choix de Poèmes et de Tableaux des Song
Traduction:
Editions: China Intercontinental Press

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