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Poésie

Posts Tagged ‘farder’

Ma journée est absurde non-sens (Marina Tsvetaeva)

Posted by arbrealettres sur 1 octobre 2023



Illustration: Pablo Picasso
    
Ma journée est absurde non-sens :
Je demande au pauvre une aumône,
Je donne au riche généreusement.

J’enfile dans l’aiguille un rayon,
Je confie ma clef au brigand,
Et je farde mes joues de blanc.

Le pauvre ne me donne pas de pain,
Le riche ne prend pas mon argent,
Dans l’aiguille le rayon ne passe pas…

Il entre sans clef, le brigand
Et la sotte pleure à seaux,
Sur sa journée de non-sens.

(Marina Tsvetaeva)

Recueil: Poèmes de Russie (1912-1920) suivi de La Porte arrachée par Marina
Traduction: Véronique Lossky & Georges Nivat
Editions: Des Syrthes

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Endormez-vous mes terres (Anne Perrier)

Posted by arbrealettres sur 10 août 2023




    
Endormez-vous mes terres
Mes atlandides endormez-vous
Je garde en moi l’appel
Ébloui des rivières
J’emporte la flûte
Ardente de tous les chants

(Anne Perrier)

 

Recueil: Anne Perrier
Editions: Seghers

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Lointaine, la beauté fine (Marc-Henri Arfeux)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2022



Illustration
    
Lointaine, la beauté fine

Lointaine, la beauté fine est ascension,
Roseraie de neige
Formant une maison claire
Sur la fumée du bleu.
Le monde ainsi donné
Rejoint l’enfant de son visage
En un matin,
Et ton regard ouvre les passes
Au plus léger de la lumière.
Le jour alors te reconnaît.
La buée rouge des fleurs,
Un chant, qui tout le jour
Accompagne mes yeux,
Tandis que je traverse,
Avec la brise et l’alouette,
Ce monde abandonné.

Où vont les herbes et les nuages,
Les écheveaux de la lumière,
Le papillon d’après-midi devant la lune,
Et ma figure, baignée de tant de paysages
Versant leurs heures,
De proche en proche vers le plus seul?

Ni moi, ni mon cheval ne le savons.
Dormir d’un seul éclat,
Les yeux ouverts
Au seuil des grands parfums d’étoiles.
Se souvenir de la fascination
De la pivoine
Follement donnée
Aux mains de transparence qui peuplent l’air,
En ce jardin de mai où traverser était un geste d’aube,
Puis s’éveiller
Dans le sourire de la lenteur
Sans fin recommencée
Par les allées d’automne
Où les pétales jamais défaits
Rassemblent un avenir
Ganté d’abeilles et de pollen.

Les yeux, cherchant cet or,
Suivent à distance
La mince nuée de la beauté,
Statue mouvante insaisissable,
Épousant l’air de son absence
Sans fin recommencée.

Traversant les reflets,
Tu marches entre les marbres
Hantés d’amour,
Un bouquet nu à tes paupières,
La bouche fardée de nuit,
Pour mieux offrir Le grain de l’aube
A la pulpe du vent.

(Marc-Henri Arfeux)

 

Recueil: La Beauté Éphéméride poétique pour chanter la vie
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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FILLE (Marguerite Yourcenar)

Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2022




    
FILLE

Tes chaudes mains, souples brandons,
Frôlent en vain ma solitude;
Ton plaisir ne m’est qu’une étude;
Le dédain préside à mes dons.

Le fruit banal où nous mordons
Pend triste au clos de l’habitude;
Je farde mal mon hébétude
Du frais carmin des abandons.

Sans que ta force ne le sente,
Ton désir n’étreint qu’une absente;
Le coeur distrait rêve ou s’endort.

Comme une fille ses piastres,
Au bord du ciel, alcôve d’or,
Mes yeux pensifs comptent les astres.

(Marguerite Yourcenar)

 

Recueil: Les charités d’Alcippe
Traduction:
Editions: Gallimard

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Qui de vous me reconnaîtra? (Louis Calaferte)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2020



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Qui de vous me reconnaîtra?Vos yeux, ô filles!
Avec des masques de hiboux
Qui palabrulent sous les lunes

Petits regards, ô cochenilles
Chenilles d’or
au fond au fond
de mes lassitudes
au fond
au fiel profond
Vos yeux sont las

Si je farde ma tempe en rose
Qui de vous me reconnaîtra?

(Louis Calaferte)

Illustration: Alexandre Sulimov

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Avec ces souvenirs (Jean Royère)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2018



 

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Avec ces souvenirs

Avec ces souvenirs d’automne gris et las
Qui traînent dans le parc blême leurs falbalas
Indifférents au galbe effacé des statues
– Le soir pâme au toucher de ces chairs dévêtues
Et sur le marbre nu met l’appât du velours –
Je farderai du rose alangui des vieux jours
Où l’avenue à l’infini du crépuscule
Jaune et mourante ainsi que du passé recule
Pour vous – pour vos espoirs renaissent tous les mois,
Le visage vieilli de nos jeunes émois,
Méditant notre amour et cette destinée
De la feuille qui meurt aux cendres condamnée.

(Jean Royère)

Illustration: ArbreaPhotos

 

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LA SOLITUDE (Pierre Louÿs)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2018



 

Illustration: Edmond Grandjean
    
LA SOLITUDE

Pour qui maintenant farderais-je mes lèvres ?
Pour qui polirais-je mes ongles ?
Pour qui parfumerais-je mes cheveux ?

Pour qui mes seins poudrés de rouge, s’ils ne doivent plus la tenter?
Pour qui mes bras lavés de lait s’ils ne doivent plus jamais l’étreindre!

Comment pourrais-je dormir?
Comment pourrais-je me coucher?
Ce soir, ma main, dans tout mon lit, n’a pas trouvé sa main chaude.

Je n’ose plus rentrer chez moi, dans la chambre affreusement vide.
Je n’ose plus rouvrir la porte.
Je n’ose même plus rouvrir les yeux.

(Pierre Louÿs)

 

Recueil: Les chansons de Bilitis
Traduction:
Editions: Gallimard

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AHASVÉRUS (Edgar Quinet)

Posted by arbrealettres sur 4 mars 2018



Illustration: Josephine Wall 
    
AHASVÉRUS

J’avais cru, d’abord, trouver quelque consolation
en m’adonnant à la poésie.

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Bravo ! c’est l’art que j’aurais voulu cultiver si on m’eut laissé libre.
Darder en plein soleil des paroles huppées ;
habiller de phrases une ombre, un squelette,
moins que cela, un rien ;
le coiffer de rimes, le chausser d’adverbes,
le panacher d’adjectifs, le farder de virgules :
quelle faculté dans l’homme monsieur;
et songer que tout lui obéit, premièrement, ce qui n’est pas !
Se plonger dans l’océan transparent des choses pour y pêcher le ciel,
et rapporter au rivage une douzaine de mots polis, luisants, ruisselants.
Ah ! voilà de ces vies d’émotion dont je serai éternellement jalouse.

(Edgar Quinet)

 

Recueil: Ahasvérus
Traduction:
Editions:

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C’est ton corps que j’honore (Yves Mabin Chennevière)

Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2018



Illustration: Alex Alemany
    
— C’est ton corps que j’honore,
ton corps que je chante,
ton corps que j’écris,
ton corps que je regarde,
ton corps que je touche,
ton corps que je caresse,
ton corps que je lèche,
ton corps que je lave,
ton corps que je farde,
ton corps que j’habille,
ton corps que je soigne,
ton corps que je nourris,
ton corps que je panse,
ton corps queje parfume,

C’est ton corps que j’embrasse,
ton corps que je protège,
ton corps que je défends,
ton corps que je secours,
ton corps que je sauve,
ton corps queje fleuris,
ton corps que je supplie,
ton corps que je prie,
ton corps que j’admire,
ton corps que je pleure,
ton corps que je veille,
ton corps que j’embaume,
ton corps que j’enterre,
ton corps que j’éternise ;

(Yves Mabin Chennevière)

 

Recueil: Variations du sensible
Traduction:
Editions: De la Différence

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Image (Alain Borne)

Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2017




Illustration: Zinaïda Serebriakova
    

Image

Le père distribue la soupe à la tribu rongée d’amour
La mère signe le pain d’une croix salvatrice
où les enfants broiront l’ardeur de leurs baisers
le foin de leurs pensées s’incendie d’avenir.

Dans la tiédeur des mets languissent de belles lèvres
et le vin sent le sang, le sang frère et caché
le sang si doux dans la chair de verre :
« Que les enfants ont soif ! que les enfants ont faim ! »

Tous les désirs vivants semblent dormir ici
chiens muselés gardés la laisse au poing
et tous les tièdes yeux regardent dans la nuit
l’essaim des mouches blanches farder la terre.

C’est le silence et l’harmonie des coeurs
le père songe à la vache qui vèle
la mère songe au froid de cette neige
sur le froid du tombeau de l’enfant mort.

Jean-Paul songe à des chairs sans ombre
aux seins de la servante entrevus dans la grange
et Jeanne songe au berger de la sente :
ah ! neige née sur le feu de mon sang.

Les parents rient, des liserons de neige regardent la famille,
un Christ de poussière se meurt sur le mur
un Dieu laid comme un homme montre son coeur à nu,
l’horloge bat, ô mon coeur ! ô mon coeur ! si lente…

(Alain Borne)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Curandera

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