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Poésie

Posts Tagged ‘s’éclipser’

Au fond de mes yeux (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2022




Des lignes colorées se croisent
Et s’entrecroisent
Elles s’allongent et se rétractent
Et se convulsent
Elles s’éclipsent et reparaissent
Au fond de mes yeux
Qui découvrent d’étranges galaxies

(Jean-Baptiste Besnard)

 

 

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La digue du cormoran (Wang Wei)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2020



La digue du cormoran

Il plonge et s’éclipse entre les lotus rouges,
Pour reparaître en survolant la berge claire.
Seul et droit, miroitement de plumes,
Poisson au bec, sur un vieux bout de bois.

(Wang Wei)

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Ce piano voyage en dedans (César Vallejo)

Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2019




    
Ce piano voyage en dedans,
voyage par sauts joyeux.
Ensuite il médite, en repos ferré,
cloué par dix horizons.

Il avance. Il se traîne sous des tunnels,
plus loin, sous des tunnels de douleur,
sous des vertèbres qui fuguent naturellement.

D’autres fois, ses trompes vont,
lents et jaunes désirs de vivre,
vont s’éclipsant
et s’épouillent d’insectiles cauchemars
déjà morts pour le tonnerre, héraut des genèses.

Obscur piano qui guettes-tu
avec ta surdité qui m’entend,
avec ton mutisme qui m’assourdit ?

Oh pouls mystérieux.

(César Vallejo)

 

Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion

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La vie a une musique de fond (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 6 mars 2019



La vie a une musique de fond.
Nul ne sait reconnaître son origine,
mais il nous semble parfois nous rappeler sa mélodie.

C’est assez peut-être
pour ne pas nous sentir complètement étrangers,
quand toutes les musiques s’éclipsent
comme des soleils impuissants
dans les agitations subreptices
des espaces muets.

Bien que nous vivions à peine,
la musique de fond de la vie
nous permet pour le moins
d’écouter la rumeur de vivre.

(Roberto Juarroz)

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Petites leçons d’érotisme (Giaconda Belli)

Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2018



 

Illustration: François Joxe
    
Petites leçons d’érotisme

1
Parcourir un corps dans son extension de voile
C’est s’ouvrir sur le monde
Traverser sans boussole la rose des vents
Îles golfes péninsules digues battues par des vagues furieuses
Pour être plaisante, ce n’est point tâche facile
Ne pense pas y parvenir en un jour ou une nuit de draps en bataille
Il est des secrets dans les pores pour combler tant de lunes

2
Le corps est une carte astrale en langage chiffré
Découvres-tu un astre, peut-être te faudra-t-il alors
Changer de cap lorsque nuée ouragan ou hurlement profond
Te feront tressaillir
Conque de la main que tu ne soupçonnais pas

3
Parcours plusieurs fois telle étendue
Découvre le lac aux nénuphars
Caresse de ton ancre le centre du lys
Plonge suffoque distends-toi
Ne te refuse point l’odeur le sel le sucre
Les vents profonds cumulus rhumbs des poumons
Brume dans le cerveau
Tremblement des jambes
Raz-de-marée assoupi des baisers

4
Attends pied dans l’humus sans peur de la fatigue sans hâte
Ne prétends pas atteindre le terme
Retarde l’entrée au paradis
Place ton ange retombé ébouriffe sa dense chevelure
De l’épée de feu usurpée
Croque la pomme

5
Sens
Ressens
Échange des regards salive imprègne-toi
Tourne et retourne imprime des sanglots peau qui s’éclipse
Pied découverte à l’extrémité de la jambe
Suis cherche secret du pas forme du talon
Courbure de la démarche baies croquant une allure cambrée
Savoure…

6
Écoute conque de l’oreille
Comme gémit l’humidité
Lobe qui s’approche de la lèvre rumeur de la respiration
Pores qui se dressent formant de minuscules montagnes
Sensation frémissante de peau insurgée au toucher
Pont suave nuque descends à la houle poitrine
Marée du coeur susurre à ton oreille
Découvre la grotte de l’eau

7
Franchis la terre de feu la bonne espérance
Navigue fou là où se rejoignent les océans
Traverse les algues arme-toi de coraux hulule gémis
Émerge avec le rameau d’olivier pleure fouissant des tendresses
occultes
Dé‚nude des regards stupéfaits
Éveille le sextant depuis le haut des cils
Hausse les sourcils dilate les narines

8
Aspire soupire
Meurs un peu
Doucement lentement meurs
Agonise contre la pupille accrois la jouissance
Plie le mât gonfle les voiles
Navigue cingle vers Vénus
Étoile du matin
— la mer comme un vaste cristal étamé —
endors-toi naufragé‚.

(Giaconda Belli)

 

Recueil: L’Ardeur ABC poétique du vivre plus
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Satiabor (Jean Grosjean)

Posted by arbrealettres sur 6 juillet 2018



Illustration
    
Satiabor

Savamment la lune
a fait le tour de ma chambre.
Que maraudait la rôdeuse ?

Elle avait fendu les nues.
Que cherches-tu dans la nuit?
Dans un arbre où l’oiseau dort?
Mais de s’éclipser.

Je l’ai vue dans l’eau du fleuve
resplendir de tous les feux
d’un soleil absent.

(Jean Grosjean)

 

Recueil: Les vasistas
Traduction:
Editions: Gallimard

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Je suis dans le champ (André Du Bouchet)

Posted by arbrealettres sur 18 juin 2018



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Je suis dans le champ
comme une goutte d’eau
sur du fer rouge

lui-même s’éclipse

les pierres s’ouvrent

comme une pile d’assiettes
que l’on tient
dans ses bras

quand le soir souffle

je reste
avec ces assiettes blanches et froides

comme si je tenais la terre
elle-même

dans mes bras.

(André Du Bouchet)

 

 

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Sincère est ton amour (Ibn Khafâja al-Andalusî)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2018




    
Sincère est ton amour, mais je m’étonne
De l’éloignement qui est notre destin.
Comme si nous étions sur orbite, en rotation,
Tu t’éclipses dès que j’apparais.

(Ibn Khafâja al-Andalusî)

 

Recueil: Le Dîwân de la poésie arabe classique
Traduction: Houria Abdelouahed et Adonis
Editions: Gallimard

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La vie (Luis Cernuda)

Posted by arbrealettres sur 12 février 2018



Illustration: Jean Libon
    
La vie

Ainsi que le soleil éclaire
Quelque recoin de la terre
Et rachète sa misère,
La peuplant de rires verts,

Ta présence ainsi se lève
Sur mon existence obscure
L’exaltant et lui donnant
Splendeur, jouissance, beauté.

Mais toi aussi tu t’éclipses
Comme le soleil, et croissent
Tout autour de moi les ombres :
Solitude, vieillesse et mort.

***

Como cuando el sol enciende
Algún rincón de la tierra,
Su pobreza la redime,
Con risas verdes lo llena,

Así tu presencia viene
Sobre mi existencia oscura
A exaltarla, para darle
Esplendor, gozo, hermosura.

Pero también tú te pones
Lo mismo que el sol, y crecen
En torno mío las sombras
De soledad, vejez, muerte.

(Luis Cernuda)

 

Recueil: Poèmes pour un corps
Traduction: Bruno Roy
Editions: Fata Morgana

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Elle avait quinze ans (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 11 décembre 2017



Illustration: Richard S. Johnson
    

Elle avait quinze ans. Mais son coeur ne battait
Pas encore comme celui d’une fiancée.
Quand en riant je lui offris ma main,
Elle rit à son tour et partit.

C’était il y a longtemps. Depuis sont passés
Des années et des temps de tous ignorés.
Nos rencontres étaient rares, et si peu disertes,
Mais profonds étaient nos silences.

Par une nuit d’hiver, à mon songe fidèle,
Je quittai les salles peuplées et lumineuses,
Où des masques étouffants souriaient aux chansons,
Où mon regard avide allait l’accompagnant.

Alors, obéissante, elle me suivit,
Ignorant elle-même ce qui allait arriver,
Et seule la nuit noire de la ville
Vit passer les époux, passer et s’éclipser.

En un jour de givre, de soleil, de carmin —
Nous nous rencontrâmes dans le silence du temple :
De ces années muettes nous vîmes l’évidence,
Et ce qui s’accomplit — s’accomplit dans le ciel.

L’histoire de cette longue et bienheureuse quête
Déborde ma poitrine, et roule dans ce chant.
J’ai puisé dans ce chant pour bâtir l’édifice,
Quant aux autres chansons — c’est pour un autre jour.

(Alexandre Blok)

 

Recueil: Le Monde terrible
Traduction:Pierre Léon
Editions: Gallimard

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