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Poésie

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LA RIVIÈRE (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2024




    
LA RIVIÈRE

Quand la rivière prend sa source, elle l’emporte
Ainsi qu’elle ferait d’un maniable bagage
Qu’à tout moment elle ouvre à l’instar d’une cage
Libérant dans son lit la fraîcheur qui la porte.

Elle a là sous la main tout le long de son cours
De quoi se toiletter, de quoi se vivifier,
Sachant qu’elle pourra à son instinct se fier
Conduite par sa source où elle a son secours.

L’eau se change toujours tout en étant pareille.
Sa matière est un puits, sa course un aiguillon,
Elle paraît un boeuf harnaché de rayons

Qui pousse devant lui la charrue du soleil.
Quand elle suit sa pente et met la soif en lot
Elle obéit à l’eau qui est de l’eau pour l’eau.

(Laurent Albarracin)

Recueil: Contrebande
Editions: Le corridor bleu

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LA CHANSON D’UNE PLINTHE (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2024



    

LA CHANSON D’UNE PLINTHE

Il était une fois une modeste plinthe
(Modeste pour la plinthe est très-pléonastique
Qu’elle soit composée de bois ou de plastique)
Trop modeste en tout cas pour s’être jamais plainte.

Elle avait bien son lot d’accumulés moutons
Qui provoquaient bientôt de vifs coups de balai
Qui lui tombaient dessus lui pleuvant tout le long.
Ce dont elle souffrait davantage encor c’est

Que nul événement dans sa vie ne survienne:
Uniquement des murs, des couloirs, des jours mornes
Où elle poursuivait sa triste vie de chienne,

N’ayant d’autre horizon que celui qu’elle borne.
Ah! quelle perspective entrevoir pour la plinthe ?
Quelle expérience avoir? Offrons-lui la complainte.

(Laurent Albarracin)

Recueil: Contrebande
Editions: Le corridor bleu

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PRIVATION (Missak Manouchian)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2024




    
PRIVATION

La question, des amis parfois me la posent:
« Comment vis-tu donc, et comment l’âme ardente
Veux-tu donner force aux cœurs qu’a fui l’espoir ?
Le pain et le besoin sont ton lot pourtant. »

Quand j’erre dans les rues d’une métropole,
Toutes les misères, tous les dénuements,
Lamentation et révolte l’une à l’autre,
Mes yeux les rassemblent, mon âme les loge.

Je les mêle ainsi à ma souffrance intime,
Préparant avec les poisons de la haine
Un âcre sérum – cet autre sang qui coule
Par tous les vaisseaux de ma chair, de mon âme.

Cet élixir vous semblerait-il étrange ?
Il me rend du moins la conscience du tigre,
Lorsque dents et poings serrés, tout de violence,
Je passe par les rues d’une métropole.

Et qu’on dise de moi: il est fou d’ivresse,
Flux et reflux d’une vision
Ne cessent d’investir mes propres pensées,
Et je me hâte, assuré de la victoire.

(Missak Manouchian)

Recueil: LA POESIE ARMENIENNE Anthologie des origines à nos jours
Traduction: Gérard HEKIMIAN
Editions: Les Editeurs Français Réunis

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LE PRINTEMPS DANS UN FILET DE PÊCHEUR (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
LE PRINTEMPS DANS UN FILET DE PÊCHEUR

Dans le filet bordé par des bouchons
c’est le printemps. Des arbres pleins de fleurs
nous montrent, souriants, les dents de leurs boutons
lorsque nous regardons en arrière.

Dans le filet bordé par des bouchons
et qui plus est plié triplement
il y a de même les astres ; ils me connaissent
et l’un d’eux se souvient, toujours quand

je rentre — et il m’éclaire, alors que dans l’ombre
vers le seuil aimé j’avance de nouveau.
Qui d’autre a donc les étoiles pour amies ?
D’un petit nombre seulement c’est le lot.

Dans le filet bordé par des bouchons
le vent s’est fait prendre ; et son rire,
c’est le rire que, si elles parlent des hommes,
les femmes font à chaque fois retentir.

Dans le filet bordé par des bouchons
sont prises maintenant les griffes d’une douce peur.
Et c’est la peur que, toujours, éprouvent les hommes
quand ils évoquent les femmes, se parlant entre eux.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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En conversant avec moi-même (Zhongzhang Tong)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022




Illustration: Shan Sa
    
En conversant avec moi-même

La Grande Voie — si simple soit-elle
Bien peu aperçoivent ses secrets.
Suis le murmure de ses souhaits,
Ils te garderont à la cime du juste.
Toujours le long du réel,
Qui pourrait être encore dans l’erreur ?
Imbroglios et liens du monde,
Mauvais tours et brumes complotantes,
Tout ce lot médiocre des cent soucis
Qu’est-ce que cela ?
Sais-tu garder l’inébranlable
Au coeur caché qui repose ?
Dépose tes malheurs dans le ciel ;
Enfouis tes tourments dans la terre.
Fais fi des Cinq Classiques, débarrasse-t’en !
Et mets un point final aux vers réglementés.
Et tous ces débats de penseurs embrouillés,
Mets-les au feu désormais.
Élève tes ambitions aux collines et à l’Ouest sauvage,
Laisse ton esprit vagabond à l’est des mers.
Chevauche le souffle comme ta seule monture,
Navigue sur le courant de la Haute Pureté,
Réponds à l’appel, élégant et allègre !

(Zhongzhang Tong)

(179-220)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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LE COEUR DU VIEUX VESUVE (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020




    
LE COEUR DU VIEUX VESUVE

De moi ne restera peut-être
Rien que l’amour pour mon pays.
Peut-être qu’à nos descendants
Le don semblera trop petit.

D’autres avec beaucoup d’éclat
Surgiront du volcan du temps.
Moi, légère et mince fumée,
Je me dissoudrai lentement.

La gloire ne fut pas mon lot.
Elément plus dur et plus grave,
Je n’ai déversé sur mon siècle
Cendre ou vapeur, mais de la lave.

Catastrophe sur Pompéi,
Je l’étouffai en éclatant,
A ma pâte en feu n’échappèrent
Sbires, pharisiens ni savants.

L’humanité sans empereur
Grandit pendant que je sommeille.
Prenez garde, ne bougez pas,
Car tout au fond le brasier veille.

Mon front lisse est couvert de neige,
M’entourent paix et quiétude,
Mais, au tréfonds de la montagne,
Il bat, le coeur du vieux Vésuve.

(Mihai Beniuc)

 

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La faim est notre lot (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 29 septembre 2018




    

La faim est notre lot,
force nous est d’endurer;
La soif est notre lot,
force nous est de durer.

(François Cheng)

 

Recueil: Enfin le royaume
Traduction:
Editions: Gallimard

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La Poursuivie (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 25 août 2018


 


Tristan  e

La Poursuivie

Je te poursuis encore sur le versant des songes
mais tu glisses de moi comme sable en la main
et comme un coquillage invente son mensonge
la courbe de ton corps esquive ton dessein

Je te traque et tu fuis Je te perds et tu plonges
Les forêts des grands fonds ont d’étranges détours
Je marche sur la mer et mon ombre s’allonge
sous le soleil obscur et dans l’ombre des tours

Aux plages de fraîcheur que déroule le lit
la trace de nos corps s’efface avec le jour
Le lit s’enfle et se gonfle aux brises de la nuit
Tristan la voile est noire et tu mourras d’amour

Tristan la voile est noire Iseult ne t’aime plus
La Belle au Bois s’endort du sommeil de l’hiver
Mourir ou bien dormir le flux et le reflux
me ramènent toujours aux lieux où j’ai souffert

Mais que le chant du coq à l’aube revenue
Mais qu’un rai de soleil qu’un pigeon qu’un appel
que le matin léger me rendent l’enfant nue
me voici de nouveau le complice du ciel

Sur son front la couronne invisible des Soeurs
Tristan la voile est blanche au flot des nébuleuses

(Claude Roy)

Découvert chez la boucheaoreilles ici

Illustration

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Il faut remonter plus loin (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 6 février 2018



Illustration
    
Il faut remonter plus loin
Quand on avait le ciel sous la main
La tête dégagée la parole facile
On vivait chacun dans son île
Jusqu’au matin
Le soleil était un signe de ralliement
J’apportais l’air du temps
D’autres n’apportaient rien
Qu’un coeur d’or
Et c’était bien le meilleur lot.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: Poésie la vie entière
Traduction:
Editions: Seghers

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L’ORDRE DES MOTS (Serge Brindeau)

Posted by arbrealettres sur 10 août 2016



L’ORDRE DES MOTS

L’ennui la nuit la pluie
Tout finit là
Sur cette eau sale
Où vient rêver le jour

(Serge Brindeau)

 

 

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