Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘cerner’

L’ÉCHO DU CORPS (Ghérasim Luca)

Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2024



    

L’ÉCHO DU CORPS

prête-moi ta cervelle
cède-moi ton cerceau
ta cédille ta certitude
cette cerise
cède-moi cette cerise
ou à peu près une autre
cerne-moi de tes cernes
précipite-toi
dans le centre de mon être
sois le cercle de ce centre
le triangle de ce cercle
la quadrature de mes ongles
sois ceci ou cela ou à peu près
un autre
mais suis-moi précède-moi
séduction

[…]

(Ghérasim Luca)

Recueil: Héros-Limite suivi de Le Chant de la carpe et de Paralipomènes
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LA VIE AURA MA PEAU (Jacques Higelin)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024




    
LA VIE AURA MA PEAU

La vie aura ma peau
ma peau d’enfant solitaire
écorchée aux coudes,
aux genoux dans les trous, les ornières

La vie aura ma peau
ma peau d’enfant héroïque
de rêveur épidermique
charmé par les yeux de ma mère

La vie aura ma peau
ma peau douce et frissonnante
ma peau ivre de jouissance
de baisers d’insouciance
Ma peau bronzée, ma peau claire
ma peau brûlée, ultra violée
par les radiations solaires

La vie aura ma peau
que je pensais avoir si dure
que j’exposais aux quatre vents
à la froidure comme au brûlant
La vie aura ma peau
parfumée d’ambre solaire
cernée d’ombre et de lumière
par vent glacé, par vent chaud

La vie aura ma peau
et que le Diable l’emporte
depuis le temps qu’elle me supporte
elle ne me fera pas de cadeau
Ma chair et tout le reste les os de mon squelette
finiront en poussière en paradis
ou en enfer cramé ou six pieds sous terre
Quand mon âme déchargée du poids de sa violence
aura repris le cours de sa divine errance
dans ce ballet d’atomes où rêve l’éternité

(Jacques Higelin)

Recueil: Flâner entre les intervalles
Editions: Pauvert

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Je rêve de déserts (Jean Fanchette)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2023




    
Je rêve de déserts lourds de bruissements d’ailes
Où la sève engourdie figée en son mystère
Se souvient encore des saisons d’autrefois
Des symphonies de joie dans l’air éparpillé
De miracles anciens que la pierre éternise
Et je vois dans mon ciel le vert étonnement
De la première aurore du monde
Jaillie au-delà des collines bleues du temps
Comme une fulgurante gerbe de lumière.

Cycles après cycles Vie et Mort de toujours
Je vous revois ce soir les yeux écartelés
Entre Hier et Demain trajectoires sans fin
Et je brasse moi ce témoin sans âge
De ma lucidité le mystère de vivre

Et je cerne en tremblant des printemps millénaires
Épars dans le silence où revient toute chose.

(Jean Fanchette)

Recueil: L’île Équinoxe
Editions: Philippe Rey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Presto vivace (Jean Fanchette)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2023




    
Presto vivace
à Raymond Lafaye

Je cours depuis toujours sans jamais m’arrêter
Tout se fait en courant aimer naître et mourir
Je poursuis des soleils que je n’ai jamais vus
Je cours après des rêves que je ne ferai plus

Je cerne les saisons dans leur cycle sans fin
d’éblouissements verts et de métamorphoses
Le temps n’est pas pour moi Je guette les nuages
En flottant derrière eux vers des silences vagues

Météore sans nom dans le ciel des âges
Je ne sais même plus d’où je me suis enfui
et conduis dans l’espace une ronde infernale
De fantômes moqueurs qui ne sont jamais morts.

(Jean Fanchette)

Recueil: L’île Équinoxe
Editions: Philippe Rey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Transparences (Gaïck Conan)

Posted by arbrealettres sur 24 septembre 2023




    
Transparences

J’aime les transparences
Vues de tout près
Sur les rochers
Entre l’écume qui danse
Blanche
La mer apaisée
Et les algues
Doucement balancées
Fleurs d’eau
Au soleil offertes.

La mer qui se glisse
Et caresse le sable
Se défait
En taches verdâtres
Étirées, cernées,
Déformées
Où serpentent
Des herbes brunes
Et jouent
Des galets bleutés.

Et l’eau chuchotante
Dévoile
Des éclairs soudains
En lueurs dorées
De mica séché
Poussières d’étoiles
Reflétées
Sur les émeraudes
Enchassées
Dans les rochers.

(Gaïck Conan)

Recueil: Les mots en fête 2
Editions: Fernand Nathan

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Cerné d’hivers (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2023




    
Cerné d’hivers
le monde penche
le monde faible
avec ses automobiles merveilleuses
les crimes les gloires les écorchements
la poudre de tant de vagues sur les pages des livres
et nos étroits labours
et nos soleils secrets.

je suis comme un insecte tâtonnant et
qui cherche le jour.

les couleurs et leurs maisons
les fées réelles.

venue de quel recoin obscur la
beauté qui ne souhaite rien
comme une veuve.

(Lionel Ray)

Recueil: Le nom perdu
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

FEMME (Georges-Emmanuel Clancier)

Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2023




    
FEMME

I
FEMME
Que je menace, désigne, fuis.

Ombre,
Feu de sarments, étincelle,
Grande ombre sur ma nuit.

Noir,
Voile sacré de mes ténèbres.

Femme
Je te brûle, te tue, je te supplie.

Fauve,
Fausse promesse.

O reine,
O souveraine indigne, ô belle
Griffe.

Herse,
Milliers de couteaux solaires.

II
JE suis ton fasciné, ta poussière
Furieuse, adorante,
Ta fumée.

Je suis ton juge, ton bourreau, ta trace,
Folle
Écharpe d’aubépine autour de ma vie,
Merveille
Étrangère,
Innocent bourreau.

Je te vois, je te cerne, je te veux
Mais
Vouloir l’ombre, le feu, l’étincelle,
L’aubépine d’ombre sur ma nuit,
L’écharpe de ténèbres?

(Georges-Emmanuel Clancier)

Recueil: Terres de mémoire
Editions: La Table Ronde

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Je suis nue et la mort chante (Joyce Mansour)

Posted by arbrealettres sur 8 juin 2023




Illustration: Maureen Wingrove alias Diglee
    
Je suis nue
Et la mort chante.
Je suis nue sous mes cheveux déployés
Et tes yeux impurs cernés d’émail
Me découvrent.
Je suis nue
Et le noir illimité de minuit
M’épouvante
Car mes rêves enchâssés dans ma tête charnue
Abdiquent
Et la mort chante…

(Joyce Mansour)

Recueil: Je serai le FEU (Diglee)
Editions: La ville brûle

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Effrayé je te demande (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 27 janvier 2023



    


Illustration: Georges Rey

Effrayé je te demande
ô puissance terrifiante
qui es-tu ?

Qui a barré
les portes du ciel
qui me cerne de ses mille bras ?

Mon infime vie
qui l’a quémandée

pourquoi moi

où me faut-il aller ?

(Rabindranath Tagore)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LA CINQUIÈME SAISON (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2022




    
LA CINQUIÈME SAISON

S’il faut nommer le ciel je commence par toi
Je reconnais tes mains à la forme du toit

L’été je dors dans la grange de tes épaules
Les hirondelles de ta poitrine me frôlent

Dressées contre ma joue les tiges de ton sang
Le rideau de ta chevelure qui descend

Je te cache pour moi dans la ruche des flammes
Reine du feu parmi les frelons noirs des âmes

Par l’automne épargnés tes yeux sont toujours verts
Les fleuves continuent de passer au travers

Ton souffle achève au loin le clapotis des plaines
On ne sait plus si c’est le soir ou ton haleine

En hiver tu secoues la neige de ton front
Tu es la tache lumineuse du plafond

Et je ferme au-delà des mers le paysage
Avec les hautes falaises de ton visage

L’étrave du printemps glisse entre tes genoux
Lentement le soleil s’est approché de nous

Tu traverses la nuit plus douce que la lampe
Tes doigts frêles battant les vitres de ma tempe

Je partage avec toi la cinquième saison
La fleur la branche et l’aile au bord de la maison

Les grands espaces bleus qui cernent ma jeunesse
Sur le mur le dernier reflet d’une caresse.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »