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Poésie

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PRINCIPES DE LA RAISON SUBLIME (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 28 octobre 2023




    
PRINCIPES DE LA RAISON SUBLIME

Je suis entré profondément
dans les principes de la raison sublime
et j’ai brisé les préoccupations terrestres
(Song Tche-wen)

Que le corps
sur la terre comme au ciel
dans les langes ou les limbes
jeté
à tous les horizons.

Que l’errance
de ce moment de nous
qui n’est que muscle et âme
nouée
à la pierre qui roule.

Que cela
qui naît venant d’ailleurs
qui meurt reprenant souffle
légué
à la danse du vent.

Que le sable
sans pays ni frontière
qui s’alloue toujours moins
gagné
à l’envers des conquêtes.

Que l’amour
le soleil à l’épaule
écrit avec une aile
joué
à la gloire de Faust.

Que le chant
des bêtes et des anges
pour être hors du temps
sauvé
à la grâce du feu.

(André Velter)

Recueil: La vie en dansant suivi de Au cabaret de l’éphémère et de Avec un peu plus de ciel
Editions: Gallimard

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Devant les ruines d’un vieux palais (Du Fu)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Devant les ruines d’un vieux palais

Le ruisseau s’éloigne en bouillonnant, le vent crie sa violence à travers les pins ;
Les rats gris s’enfuient à mon approche et vont se cacher sous les vieilles tuiles.
Aujourd’hui sait-on quel prince éleva jadis ce palais ?
Sait-on qui nous légua ces ruines, au pied d’une montagne abrupte ?
Sous forme de flammes bleuâtres, se montrent des esprits dans les profondeurs sombre
Et, sur la route défoncée, on entend des bruits qui ressemblent à des gémissement
Ces dix mille voix de la nature ont un ensemble plein d’accords,
Et le spectacle de l’automne s’harmonise aussi avec ce triste tableau.
Le prince avait de belles jeunes filles ; elles ne sont plus que de la terre jaune,
Inerte comme l’éclat de leur teint, qui déjà n’était que mensonge ;
Il avait des satellites pour accompagner son char doré,
Et, de tant de splendeurs passées, ce cheval de pierre est tout ce qui reste.
La tristesse m’étreint ; je m’assieds sur l’herbe épaisse,
Je commence des chants où ma douleur s’épanche ;
Les larmes me gagnent et coulent abondamment.
Hélas ! Dans ce chemin de la vie, que chacun parcourt à son tour,
Qui donc pourrait marcher longtemps !

(Du Fu)
(712-770)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Toutes les fleurs se ruent vers nous (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



Toutes les fleurs se ruent vers nous
en nous léguant de leur vivant
leur couleur et leur innocence.
Les contempler mène à la vie parfaite

(Christian Bobin)

 

 

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Petit Prince (Anick Baulard)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022



Illustration: Marine Jeannard
    
Petit Prince

Il a grandi le petit Prince
Et la planète a dérivé
Du rêve bleu au cauchemar
Sans presque s’en apercevoir.
Aujourd’hui plus de réverbère
Mais Tchernobyl et soleil vert
Et le temps ne se prend plus guère
D’apprivoiser quelque renard…

Aux petits Princes de demain
Pourrons-nous léguer autre chose
Qu’une Terre en peau de chagrin
Et le souvenir d’une rose ?

(Anick Baulard)

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PRINCIPES DE LA RAISON SUBLIME(André Welter)

Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2021




    
PRINCIPES DE LA RAISON SUBLIME

Je suis entré profondément
dans les principes de la raison sublime
et j’ai brisé les préoccupations terrestres
(Song Tche-wen)

Que le corps
sur la terre comme au ciel
dans les langes ou les limbes
jeté
à tous les horizons.

Que l’errance
de ce moment de nous
qui n’est que muscle et âme
nouée
à la pierre qui roule.

Que cela
qui naît venant d’ailleurs
qui meurt reprenant souffle
légué
à la danse du vent.

Que le sable
sans pays ni frontière
qui s’alloue toujours moins
gagné
à l’envers des conquêtes.

Que l’amour
le soleil à l’épaule
écrit avec une aile
joué
à la gloire de Faust.

Que le chant
des bêtes et des anges
pour être hors du temps
sauvé
à la grâce du feu.

(André Welter)

 

Recueil: La vie en dansant – Au cabaret de l’éphémère – Avec un peu plus de ciel
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le domaine (Benoît Vermander)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2020



Illustration: Erich Heckel
    
Le domaine

Il m’est donné cet espace
A bâtir et à planter.
Si j’y crois laisser ma trace
L’eau vite va l’effacer.

Il m’est donné cet espace
A compter et clôturer.
A la fin, de guerre lasse,
Je le déclôturerai.

Il m’est donné cet espace
A chérir et à léguer.
Si se fixe enfin ma place
C’est pour mieux l’abandonner.

(Benoît Vermander)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Numéro 128
Traduction:
Editions: Arpa

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LE VOYAGEUR SÉDENTAIRE (Gilles Vigneault)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020



Rockwell Kent 10

LE VOYAGEUR SÉDENTAIRE

Le voyageur se dit souvent
Où donc est celle qui m’attend
Le voyageur se dit souvent
Où donc est celle qui m’attend
Est-elle en fête ou en prière
Elle est enfermée au couvent
Où je l’ai mise en mes manières
Le voyageur ne parle guère
Le voyageur ne parle pas

Le voyageur se dit souvent
Que laisserai-je à mes enfants
Le voyageur se dit souvent
Que laisserai-je à mes enfants
L’amour d’aimer le goût de faire
Un oeil tourné vers le dedans
Et la parole de mon père
Le voyageur ne lègue guère
Le voyageur ne lègue pas

Le voyageur se dit aussi
Me faut écrire à mes amis
Le voyageur se dit aussi
Me faut écrire à mes amis
Comment s’écrit le mot : Repère
Je brûle aux flammes de mon cri
Des lettres que je n’envoie guère
Le voyageur n’en écrit guère
Le voyageur n’en écrit pas

(Gilles Vigneault)

Illustration: Rockwell Kent

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Renaissance (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2020



Illustration: Nicholas Roerich

    

Renaissance

La félicité divine n’atteint pas si tôt sa plénitude en nous,
tout ne finit pas pour nous en une vie ;
il n’est pas de terme à notre esprit
ni à la joie qu’il recherche.

Nos âmes et le ciel sont d’égale stature
et de naissance immémoriale ;
impérissable semence, moule infini de la Nature,
ils ne furent point façonnés sur terre,

ni à la terre ne lèguent-ils leurs cendres,
mais en eux-mêmes ils perdurent.
Un avenir sans fin affleure sous tes paupières,
enfant d’un passé sans fin.

De vieux souvenirs nous reviennent, de vieux rêves nous submergent,
êtres disparus que nous avons connus,
fictions et portraits ; cadres insaisissables –
ils se détachent, austères et solitaires.

Tous nos espoirs, tous nos rêves, trésors du souvenir,
sont prévisions mal déchiffrées,
mais de quelle vie, de quel lieu? Seul peut le dire
qui mesura les cieux illimités.

Le Temps est une convention tenace ; avenir et présent
vivaient dans le passé ;
ils sont une même image que nos volontés complaisantes
en trois plans ont projetée.

Le passé oublié est en nous immortel,
nos naissances et la fin proche
déjà accomplies. Vers une cime, à bout de souffle,
parfois nos âmes s’élèvent,

d’où notre pensée revient fortifiée ; car en surgit
l’immense océan du Temps
dont la houle infinie s’étend devant nos yeux,
et ses sublimes symphonies ;

et parfois, levant ce voile du mental
l’esprit regarde et voit
les âges disparus dont héritent nos vies
et les siècles à venir :

il voit des royaumes labourés par les vagues refouler l’océan –
là où surgi des troubles profondeurs
se dresse maintenant Himâlaya, il voit la marche formidable
des flots mesurer la moitié du monde ;

ou bien derrière nous, la trame se dénoue
et sur ses fils nous contemplons –
courses anciennes des étoiles, lieux jadis parcourus
dans un temps dont le souvenir s’est effacé.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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Personne et cependant l’immensité de l’être (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 7 septembre 2019



    

Personne et cependant l’immensité de l’être
L’infini lègue aux choses un vêtement d’éther

Chemin de l’un vers l’unité
Le présent se donne à l’instant

Ici l’intensité
L’arc du corps

Ici l’effort
La corde raide

Ici l’énergie
La flèche en vérité

La cible sans circonférence ni centre coïncide avec la visée
L’archer s’éveille à la réalité

C’est l’éclair de haute pression physique
Où la terre sombre dans l’eau

Et la noyade appelle la fièvre
Et l’eau sombre dans le feu

De ce brasier les corps s’évadent
Le feu sombre dans l’air

Alors du vide de la chute
Monte le souffle en partage

Avec la lumière
Et la lumière de la lumière

(André Velter)

 

Recueil: Le Haut-Pays suivi de La traversée du Tsangpo
Traduction:
Editions: Gallimard

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Aux morts (Charles Leconte de Lisle)

Posted by arbrealettres sur 2 janvier 2019



 

Ettore Aldo Del Vigo 13

Aux morts

Après l’apothéose après les gémonies,
Pour le vorace oubli marqués du même sceau,
Multitudes sans voix, vains noms, races finies,
Feuilles du noble chêne ou de l’humble arbrisseau ;

Vous dont nul n’a connu les mornes agonies,
Vous qui brûliez d’un feu sacré dès le berceau,
Lâches, saints et héros, brutes, mâles génies,
Ajoutés au fumier des siècles par monceau ;

Ô lugubres troupeaux des morts, je vous envie,
Si, quand l’immense espace est en proie à la vie,
Léguant votre misère à de vils héritiers,

Vous goûtez à jamais, hôtes d’un noir mystère,
L’irrévocable paix inconnue à la terre,
Et si la grande nuit vous garde tout entiers !

(Charles Leconte de Lisle)

Illustration: Ettore Aldo Del Vigo

 

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