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Poésie

Posts Tagged ‘matin’

LE FIGUIER (Yanlan Yu)

Posted by arbrealettres sur 15 Mai 2024




    
LE FIGUIER

Le figuier se trouve à quelques mètres de ma table de travail.
Je peux le voir chaque fois que je lève les yeux,
et il semble ne pas bouger.

Chaque feuille est comme un violon miniature.
Tant de mélodies sont accrochées là,
qui ne jouent ensemble
que dans mon sommeil.

Quand je me réveille le matin,
le sol est recouvert de toutes ces notes,
et un vers nouveau apparaît sur les branches.

Elles répètent et se produisent régulièrement,
s’en réjouissent et ne se lassent jamais.

Mais perdrais-je mon temps ?
Ou, de façon identique, de splendides transformations
ont-elles toujours lieu, mais seulement intérieures.
L’extérieur paraît inchangé.

(Yanlan Yu)

, Chine-Canada

Traduction Germain Droogenbroodt Eliabeth Gerlache

Recueil: ITHACA 784
Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

FRIENDS ITHACA
Holland: https://boekenplan.nl
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Je ne sais pas comment on peut trouver triste un soleil couchant (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 12 Mai 2024




Illustration: ArbreaPhotos
    
Je ne sais pas comment on peut trouver triste un soleil couchant.
Sauf si c’est parce qu’un soleil couchant n’est pas un petit matin.
Mais si c’est un soleil couchant, comment pourrait-il être un petit matin ?

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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LE 12 AOÛT AU MATIN (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2024



 

l-oeillet-a-la-mer [1280x768]

LE 12 AOÛT AU MATIN

Je pense à toi qui es une fleur sur la mer
Tandis que tes amis t’attendent sans savoir
Que ton corps fait la joie des Méditerranées
Je pense à toi qui dors sagement sous la neige
Comme une obscure graine oubliée des saisons
À toi aussi derrière les fils barbelés
Qui sont la couronne d’épines de la terre
Je pense encore à ma maison où s’engouffraient
Tous les oiseaux du monde et qui n’est plus
Que ce triste bouquet de cendres sur la pierre
Aujourd’hui tous les toits sont comme des lavoirs
Et dans les yeux d’enfants sèchent des linges bleus
Des femmes sont passées à travers les fenêtres
Et flottent dans la rue comme un vol d’oiseaux blancs
Il y a des jardins fleuris de flammes rouges
Des drapeaux de couleur où des étoiles bougent
Un ciel clair et des poitrines au coeur battant
Il y a ces gars blonds venus des hauts villages
Pour le contentement de nous rendre à nous-mêmes
Parmi eux il y a un grand nègre que j’aime
Parce que ses dents sont l’image de son âme
Il y a tous ces mots qui reprennent un sens
Et que je dis si mal parce qu’ils sont en moi
Comme une liberté nouvelle et végétale.

(René Guy Cadou)

Illustration

 

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LES CHEVEUX (Rémy de Gourmont)

Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2024




    
LES CHEVEUX

Simone, il y a un grand mystère
Dans la forêt de tes cheveux.

Tu sens le foin, tu sens la pierre
Où des bêtes se sont posées ;
Tu sens le cuir, tu sens le blé,
Quand il vient d’être vanné ;

Tu sens le bois, tu sens le pain
Qu’on apporte le matin ;
Tu sens les fleurs qui ont poussé
Le long d’un mur abandonné ;

Tu sens la ronce, tu sens le lierre
Qui a été lavé par la pluie ;
Tu sens le jonc et la fougère
Qu’on fauche à la tombée de la nuit ;

Tu sens la ronce, tu sens la mousse,
Tu sens l’herbe mourante et rousse
Qui s’égrène à l’ombre des haies ;
Tu sens l’ortie et le genêt,

Tu sens le trèfle, tu sens le lait ;
Tu sens le fenouil et l’anis ;
Tu sens les noix, tu sens les fruits
Qui sont bien mûrs et que l’on cueille ;

Tu sens le saule et le tilleul
Quand ils ont des fleurs plein les feuilles ;
Tu sens le miel, tu sens la vie
Qui se promène dans les prairies ;

Tu sens la terre et la rivière ;
Tu sens l’amour, tu sens le feu.
Simone, il y a un grand mystère
Dans la forêt de tes cheveux.

(Rémy de Gourmont)

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OÙ DONC EST LE BONHEUR ? (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 3 Mai 2024



Illustration: Salvador Dali
    
OÙ DONC EST LE BONHEUR ?

Sed satis est jam posse mori.
LUCAIN.

Où donc est le bonheur ? disais-je. – Infortuné !
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l’avez donné.

Naître, et ne pas savoir que l’enfance éphémère,
Ruisseau de lait qui fuit sans une goutte amère,
Est l’âge du bonheur, et le plus beau moment
Que l’homme, ombre qui passe, ait sous le firmament !

Plus tard, aimer, – garder dans son coeur de jeune homme
Un nom mystérieux que jamais on ne nomme,
Glisser un mot furtif dans une tendre main,
Aspirer aux douceurs d’un ineffable hymen,

Envier l’eau qui fuit, le nuage qui vole,
Sentir son coeur se fondre au son d’une parole,
Connaître un pas qu’on aime et que jaloux on suit,
Rêver le jour, brûler et se tordre la nuit,

Pleurer surtout cet âge où sommeillent les âmes,
Toujours souffrir ; parmi tous les regards de femmes,
Tous les buissons d’avril, les feux du ciel vermeil,
Ne chercher qu’un regard, qu’une fleur, qu’un soleil !

Puis effeuiller en hâte et d’une main jalouse
Les boutons d’orangers sur le front de l’épouse ;
Tout sentir, être heureux, et pourtant, insensé
Se tourner presque en pleurs vers le malheur passé ;

Voir aux feux de midi, sans espoir qu’il renaisse,
Se faner son printemps, son matin, sa jeunesse,
Perdre l’illusion, l’espérance, et sentir
Qu’on vieillit au fardeau croissant du repentir,

Effacer de son front des taches et des rides ;
S’éprendre d’art, de vers, de voyages arides,
De cieux lointains, de mers où s’égarent nos pas ;
Redemander cet âge où l’on ne dormait pas ;

Se dire qu’on était bien malheureux, bien triste,
Bien fou, que maintenant on respire, on existe,
Et, plus vieux de dix ans, s’enfermer tout un jour
Pour relire avec pleurs quelques lettres d’amour !

Vieillir enfin, vieillir ! comme des fleurs fanées
Voir blanchir nos cheveux et tomber nos années,
Rappeler notre enfance et nos beaux jours flétris,
Boire le reste amer de ces parfums aigris,

Être sage, et railler l’amant et le poète,
Et, lorsque nous touchons à la tombe muette,
Suivre en les rappelant d’un oeil mouillé de pleurs
Nos enfants qui déjà sont tournés vers les leurs !

Ainsi l’homme, ô mon Dieu ! marche toujours plus sombre
Du berceau qui rayonne au sépulcre plein d’ombre.
C’est donc avoir vécu ! c’est donc avoir été !
Dans la joie et l’amour et la félicité

C’est avoir eu sa part ! et se plaindre est folie.
Voilà de quel nectar la coupe était remplie !
Hélas ! naître pour vivre en désirant la mort !
Grandir en regrettant l’enfance où le coeur dort,

Vieillir en regrettant la jeunesse ravie,
Mourir en regrettant la vieillesse et la vie !
Où donc est le bonheur, disais-je ? – Infortuné !
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l’avez donné !

(Victor Hugo)

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Je lisais (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2024




Illustration: ArbreaPhotos
    
Je lisais. Que lisais-je ? Oh ! le vieux livre austère,
Le poème éternel ! — La Bible ? — Non, la terre.
Platon, tous les matins, quand revit le ciel bleu,
Lisait les vers d’Homère, et moi les fleurs de Dieu.

J’épelle les buissons, les brins d’herbe, les sources ;
Et je n’ai pas besoin d’emporter dans mes courses
Mon livre sous mon bras, car je l’ai sous mes pieds.
Je m’en vais devant moi dans les lieux non frayés,

Et j’étudie à fond le texte, et je me penche,
Cherchant à déchiffrer la corolle et la branche.
Donc, courbé, — c’est ainsi qu’en marchant je traduis
La lumière en idée, en syllabes les bruits, —

J’étais en train de lire un champ, page fleurie.
Je fus interrompu dans cette rêverie ;
Un doux martinet noir avec un ventre blanc
Me parlait ; il disait : « Ô pauvre homme, tremblant

Entre le doute morne et la foi qui délivre,
Je t’approuve. Il est bon de lire dans ce livre.
Lis toujours, lis sans cesse, ô penseur agité,
Et que les champs profonds t’emplissent de clarté !

Il est sain de toujours feuilleter la nature,
Car c’est la grande lettre et la grande écriture ;
Car la terre, cantique où nous nous abîmons,
A pour versets les bois et pour strophes les monts !

Lis. Il n’est rien dans tout ce que peut sonder l’homme
Qui, bien questionné par l’âme, ne se nomme.
Médite. Tout est plein de jour, même la nuit ;
Et tout ce qui travaille, éclaire, aime ou détruit,

A des rayons : la roue au dur moyeu, l’étoile,
La fleur, et l’araignée au centre de sa toile.
Rends-toi compte de Dieu. Comprendre, c’est aimer.
Les plaines où le ciel aide l’herbe à germer,

L’eau, les prés, sont autant de phrases où le sage
Voit serpenter des sens qu’il saisit au passage.
Marche au vrai. Le réel, c’est le juste, vois-tu ;
Et voir la vérité, c’est trouver la vertu.

Bien lire l’univers, c’est bien lire la vie.
Le monde est l’oeuvre où rien ne ment et ne dévie,
Et dont les mots sacrés répandent de l’encens.
L’homme injuste est celui qui fait des contre-sens.

Oui, la création tout entière, les choses,
Les êtres, les rapports, les éléments, les causes,
Rameaux dont le ciel clair perce le réseau noir,
L’arabesque des bois sur les cuivres du soir,

La bête, le rocher, l’épi d’or, l’aile peinte,
Tout cet ensemble obscur, végétation sainte,
Compose en se croisant ce chiffre énorme : DIEU.
L’éternel est écrit dans ce qui dure peu ;

Toute l’immensité, sombre, bleue, étoilée,
Traverse l’humble fleur, du penseur contemplée ;
On voit les champs, mais c’est de Dieu qu’on s’éblouit.
Le lys que tu comprends en toi s’épanouit ;

Les roses que tu lis s’ajoutent à ton âme.
Les fleurs chastes, d’où sort une invisible flamme,
Sont les conseils que Dieu sème sur le chemin ;
C’est l’âme qui les doit cueillir, et non la main.

Ainsi tu fais ; aussi l’aube est sur ton front sombre ;
Aussi tu deviens bon, juste et sage; et dans l’ombre
Tu reprends la candeur sublime du berceau. »
Je répondis : « Hélas ! tu te trompes, oiseau.

Ma chair, faite de cendre, à chaque instant succombe ;
Mon âme ne sera blanche que dans la tombe ;
Car l’homme, quoi qu’il fasse, est aveugle ou méchant. »
Et je continuai la lecture du champ.

(Victor Hugo)

Recueil: Les Contemplations
Editions:

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CARNET DE VOYAGE (Carlos Ramos)

Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024



Illustration: Annelies van der Vliet
    
CARNET DE VOYAGE

Le mur dévoré de soleil
les fleurs enfermées dans leurs petites niches
bouches ouvertes vers l’azur plein d’espoir du jour
dans les yeux de l’eau
les valeurs encore à découvrir,
gouttelettes que le matin éblouit
et qui ensuite s’évanouissent.

Je pose mes mains sur le mur
et ressens le silence intérieur
la voix des pierres
la fièvre de la mer
un mystère intérieur
je ne sais comment
le décrire à ciel ouvert
je ferme les yeux
le ramasse
de mes mains blanches
le poème.

(Carlos Ramos)

, Portugal

Traduction Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

Recueil: ITHACA 783
Editions: POINT
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ITHACA-FIN

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Les matins passent clairs et déserts (Cesare Pavese)

Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024



    

Les matins passent clairs et déserts.
C’est ainsi que tes yeux naguère s’ouvraient.
Le matin s’écoulait lentement,
gouffre de lumière immobile.

En silence. Tu vivais en silence;
les choses vivaient sous tes yeux
(sans peine sans fièvre sans ombre)
comme une mer au matin, claire.

Le matin est partout où, lumière, tu es.
Tu étais les choses et la vie.
En toi éveillés nous respirions
sous le ciel qui encore est en nous.

Sans peine sans fièvre en ce temps,
sans cette ambre pesante du jour foisonnant et étrange.
O lumière, ô lointaine clarté, haleine angoissée,
tourne vers nous tes yeux immobiles et clairs.

Sombre est le matin qui passe
sans la lumière de tes yeux.

(Cesare Pavese)

Recueil: Travailler fatigue La mort viendra et aura tes yeux
Traduction: Gilles de Van
Editions: Gallimard

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JE PASSERAI PAR LA PLACE D’ESPAGNE (Cesare Pavese)

Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024



Illustration: Louise Georgette Agutte
    
JE PASSERAI PAR LA PLACE D’ESPAGNE

Le ciel sera limpide.
Les rues s’ouvriront
sur la colline de pins et de pierre.
Le tumulte des rues
ne changera pas cet air immobile.

Les fleurs éclaboussées
de couleurs aux fontaines
feront des clins d’oeil
comme des femmes gaies.

Escaliers et terrasses
et les hirondelles
chanteront au soleil.

Cette rue s’ouvrira,
les pierres chanteront,
le coeur en tressaillant battra,
comme l’eau des fontaines.

Ce sera cette voix
qui montera chez toi.
Les fenêtres sauront
le parfum de la pierre
et de l’air du matin.

Une porte s’ouvrira.
Le tumulte des rues
sera le tumulte du coeur
dans la lumière hagarde.

Tu seras là – immobile et limpide.

(Cesare Pavese)

Recueil: Travailler fatigue La mort viendra et aura tes yeux
Traduction: Gilles de Van
Editions: Gallimard

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Je désire des couleurs et c’est tout (Cesare Pavese)

Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024




    
Je désire des couleurs et c’est tout.
Les couleurs ne pleurent pas,
elles sont comme un éveil :
dès demain les couleurs reviendront.
Chaque femme sortira dans la rue,
chaque corps une couleur — et même les enfants.

Ce corps vêtu d’un rouge clair
après tant de pâleur retrouvera sa vie.
Je sentirai glisser les regards près de moi,
je saurai que j’existe en jetant un coup d’oeil,
je me verrai dans la foule. Chaque nouveau matin,
je sortirai dans les rues en cherchant les couleurs.

(Cesare Pavese)

Recueil: Travailler fatigue La mort viendra et aura tes yeux
Traduction: Gilles de Van
Editions: Gallimard

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